Chasse à courre : à Morienval dans l'Oise, un cerf abattu à proximité d'habitations, l'équipage suspendu par la préfecture

Sous la pression du collectif AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) et du gouvernement, la préfecture de l'Oise a décidé de suspendre l'équipage impliqué dans l'abattage d'un cerf, en fin d'année dernière, alors qu'il était réfugié dans un hameau de la forêt de Compiègne.

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"Ça fait des années qu’on documente des incidents graves qui mettent en danger des populations humaines à cause de la chasse à courre et les choses ne changent jamais. (…) On a peur que les décisions qui sont prises ici ne soient pas suffisantes, une fois de plus" déplorait Stanislas Broniszewski, porte-parole du collectif Abolissons la Vénerie Aujourd’hui (AVA), mercredi 12 janvier.

La raison de sa présence, ainsi que celle d’une trentaine de militants, devant la préfecture de l’Oise : dire leur colère pendant la tenue de la réunion de la Commission départementale de chasse et de la faune sauvage (CDCFS), qui devait rendre un avis consultatif sur les évènements survenus le 22 décembre dernier, aux abords de la forêt de Compiègne.

Ce jour-là, l’équipage de chasse à courre La Futaie des Amis traque un cerf dans la forêt de Compiègne. Alors que l'animal se réfugie dans un hameau, un veneur décide de l'abattre. La scène est filmée par des militants anti-chasse à courre.

Le chasseur n’aurait jamais dû tirer le cervidé dans cette zone. En effet, un arrêté ministériel de février 2019 empêche toute chasse et abattage d’un animal à proximité d’habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales, de bureaux et d’établissements accueillant du public. Le cerf aurait dû être gracié.

15 jours de suspension

L'affaire pourrait connaître des suites judiciaires, une enquête ayant été ouverte par le parquet de Senlis sous le chef de mise en danger de la vie d’autrui. En attendant, la sanction administrative est tombée, ce jeudi.

"La préfète de l'Oise, Corinne Orzechowski, a décidé de suspendre pour 15 jours l'attestation de conformité de meute délivrée à l'équipage, fait savoir son cabinet par communiqué. Cette suspension empêchera la pratique de la chasse par cet équipage pendant cette durée." Le préfecture ajoute qu'elle "envisage" de demander au principal veneur concerné de "se dessaisir de ses armes".

La Société de Vènerie fait savoir qu'elle "regrette vivement ce déplorable incident qui ne correspond en rien à la discipline qu'elle préconise" et qu'elle "tiendra compte des suites administratives et judiciaires".

Le "non-respect des règles de sécurité", renforcées dans l'Oise par un protocole-cadre signé le 14 septembre 2021 avec la fédération et les veneurs, est donc sanctionné. Mais la sanction n'est que très temporaire, la préfecture indiquant qu'elle a pris en compte les "mesures que l'équipage avait mises en oeuvre pour chercher à gracier l'animal".

"Lorsque nous sommes arrivés au hameau, nous avons immédiatement rappelé nos chiens et nous nous sommes éloignés, graciant de fait le cerf", plaide le chef d'équipage, Alain Drache.

Le veneur admet une "erreur individuelle" de son camarade, qu'il a exclu de l'équipage. Mais il rejette la faute sur les militants d’AVA : "Ils bloquaient avec leur voiture le seul échappatoire du cerf", décrit-il, alors que la loi impose de "faciliter le déplacement de l’animal loin de la zone habitée".

L’échec de l’évacuation n'autorisait pas pour autant à tirer. La loi prévoit dans ce cas d’aviser la gendarmerie, la police nationale, le maire de la commune ou le service en charge de la police de la chasse, qui décide de faire appel aux services d'un vétérinaire.

Réseaux sociaux et politique

Avant la décision de la préfecture, plusieurs voix s'étaient levées sur internet, à l’image de celle du journaliste et militant de la cause animale Hugo Clément.  

L'événement était même repris par une membre du gouvernement. Sur Twitter, la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, avait appelé la préfecture de l’Oise à proposer la suspension de l’équipage d’Alain Drache.

Conséquence ou coïncidence : une suspension a donc été prononcée. Avant-même la décision, la Fédération des chasseurs de l’Oise dénoncait "une manoeuvre politique" à l’approche de l’élection présidentielle.

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