Des kilomètres et de la fatigue supplémentaire : dans le sud de l’Oise, l’accès aux soins tourne vite au calvaire. L’hôpital de Chaumont-en-Vexin a mis en place des consultations de sages-femmes et de médecins généralistes pour pallier la désertification médicale.
« Je vous laisse vous installer confortablement. » Et c’est vrai que, pour cette patiente, la consultation est bien plus confortable qu’elle n’aurait pu, dû l’être. Cette future maman au ventre bien arrondi - l'accouchement est prévu au printemps - s'allonge pour l'une de ses dernières visites. Bonus du jour : trente kilomètres de voiture économisés. Pas besoin d'aller jusqu'à Beauvais cette fois-ci, le personnel hospitalier de Chaumont-en-Vexin (Oise) s'occupe d'elle. Un soulagement, car d'habitude,"c’est difficile, c’est un peu loin", confie-t-elle. Et la jeune femme n'est pas la seule à souffrir de la situation dans ce secteur en proie à la désertion médicale.L'hôpital, le seul labellisé dans l'Oise, a décidé de faire venir une sage-femme chaque dernier vendredi du mois. "On espère que les patientes seront tentées de venir plus près de chez elles (…) et éviter un mauvais suivi de grossesse", explique Stéphanie Adehossi. La sage-femme, première à se déplacer depuis Beauvais, le reconnait : le dispositif ne remplacera pas les urgences obstétricales certes, mais c'est un vrai plus, une nécessité pour un "meilleur suivi".
Sauver l'hôpital de proximité
Le défi maintenant, c'est de faire connaître la démarche. Et avec, de relancer l'attractivité des hôpitaux de proximité. "Bon nombre d’entre eux ont fermé", regrette Christine Louchet, directrice de Bertinot Juel, qui veut éviter "la fuite des patients vers le privé ou d'autres hopitaux." Un service de proximité, un intermédiaire surtout, entre patients de zones rurales un peu déboussolés et établissements de santé des grandes villes. Chaumont-en-Vexin, au confin de trois départements picards, sert de tampon entre un secteur déserté par les médecins et des services d'urgences débordés. Les chiffres confirment aussi l'utilité de l'hôpital dans le secteur, en atteste la hausse continue depuis 2003 des consultations médicales sans rendez-vous :
Même constat pour les consultations spécialisées, entre 2006 et 2018 :
Bonjour docteur !
Manon tousse depuis une semaine. Problème : son docteur parti à la retraite, les deux restants de la commune ne peuvent pas prendre tout le monde en charge. Sans son hôpital de proximité, c'était Beauvais, obligatoirement. Là-bas,"il faut attendre 5 heures parfois pour une angine, une otite ou un point de suture !", déplore le médecin du jour, Dr Jaafar Abdul Hassan. Ici, un généraliste consulte six jours sur sept, pour désengorger les urgences voisines.