"C'est la seule chose que je vais voir de mon jardin" : l'installation d'une antenne-relais divise un village de l'Oise

Près de Compiègne, des habitants de Tracy-le-Mont s’opposent à l’installation d’une nouvelle antenne-relais dans le village alors que la mairie, sollicitée par d’autres et considérant le réseau trop instable, a décroché son inscription au dispositif du "New Deal" mobile.

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Des barres ! Madame la maire pensait sans doute bien faire en obtenant du gouvernement, début 2022, l’inscription de Tracy-le-Mont (Oise) à la liste des territoires à couvrir en haut débit par les opérateurs mobiles. Une nouvelle antenne-relais va s’implanter. Mais pour quelques barres de plus, certains riverains préfèrent remettre l’église au milieu du village. En tout cas pas l’antenne.

Il faut dire que, pour une affaire de communications, celle-ci semblait mal partie avec un vulgaire panneau de chantier installé sur un chemin peu emprunté de la bourgade, et un coup de fil un brin trop spectaculaire pour l’habitant.

"Quelqu’un a reçu un coup de téléphone lui disant : il va falloir enlever vos animaux, nous allons héliporter une antenne qui va être installée derrière votre champ !", raconte Patrick Planchard, membre du collectif qui s’est monté dans la foulée.

Patrick Planchard est particulièrement concerné : le site retenu se trouve à une grosse centaine de mètres de chez lui. Si l’exposition aux champs électromagnétiques est encadré par la loi, il n’existe pas de distance minimum légale pour cette installation vis-à-vis des habitations, en dépit des craintes qu’elle suscite.

La seule chose que je vais voir de mon jardin, c’est une antenne de 42 mètres. Et puis il y a la santé (…). Qu’ils nous prouvent qu’il n’y a pas de danger.

Patrick Planchard, opposant au projet

L’effet sanitaire des radiofréquences fait l’objet d’une recherche constante et la multiplication des sources d’exposition suscite plus que jamais l’attention des pouvoirs publics. Mais c’est le téléphone mobile en lui-même, plus émetteur et proche du corps, qui constitue le plus grand sujet de préoccupation.

Lors d’une réunion publique organisée le 4 juillet, les habitants ont pu exprimer leurs doutes, en présence de l’opérateur d’infrastructures TDF. Ils ont été invités à formuler des propositions alternatives d’emplacement de l’antenne, actuellement à l’étude.

Déjà une antenne dans le village

Ce ne sera pas la première antenne-relais du village, puisqu’il y en a déjà une, sur les hauteurs. L’idée est d’installer la seconde dans le bas de Tarcy, pour parfaire la couverture.

"Maintenant on va en mettre deux par village ?", raille Patrick Planchard, appuyé par une autre habitante de la commune, pas forcément contre le principe d’une nouvelle implantation, mais beaucoup plus à distance.

À part un ou deux pour le télétravail, personne ne se plaint, tout le monde capte. Un autre lieu pourrait être suffisant, pas à 120 mètres des maisons. Une de mes voisines l’a faite estimer : il y avait une perte de 25 à 30% de la valeur.

Clémence De Broissia, opposante au projet

Mais en 2023, tout le monde ne se satisfait pas d’une ou deux barres de 4G.

"Ça reste très instable, témoigne la maire de Tracy-le-Mont, Sylvie Valente Le-Hir. De temps en temps on a une barre, après on n’en a plus, vous l’avez au milieu de la rue, mais pas à côté… ça reste un vrai problème."

Malgré la fronde d’une partie de ses administrés, l’édile "espère que les habitants seront en accord avec le lieu qui sera trouvé."

Une demande des médecins et commerçants

Selon la mairie, la nouvelle antenne est "nécessaire pour le village". Comprendre : pour certains habitants et pour certaines professions, exerçant dans tout un périmètre mal couvert par la première antenne.

Bien que la commune soit fibrée, l’instabilité du réseau mobile y serait un sujet de préoccupation pour les commerçants de proximité et, plus encore peut-être, les nombreux professionnels de santé installés ici.

Nous avons la chance d’avoir deux médecins, des infirmières, un hôpital et le centre cardiologique. Ils nous ont sollicités, il y a un peu plus de 2 ans, car c’est un véritable frein à leur travail au quotidien. Ils ont 4 opérateurs pour capter correctement la téléphonie…

Sylvie Valente Le-Hir, Maire de Tracy-le-Mont

Les services de santé de la commune ont ainsi été reconnus comme des "points d’intérêt à couvrir" par un arrêté du 1er février 2022, publié au journal officiel le 16 février, définissant dans toute la France les prochains objectifs des opérateurs dans le cadre du New Deal mobile. Le texte programmait l’installation d’une antenne en 2022, comme dans 13 autres communes picardes.

Le New Deal mobile dans les Hauts-de-France

Pour accélérer la couverture mobile des territoires, le gouvernement, en collaboration avec les collectivités, dresse chaque année une liste précise et motivée des sites où les opérateurs sont tenus d’installer des équipements d’accès mobile à très haut débit.

D’après un rapport de l’Arcep au 31 mars 2023, 95 sites avaient été mis en service dans la région via ce dispositif dit New Deal, depuis son lancement en 2018. 

Tracy-le-Mont fait partie des 90 autres sites identifiés comme nécessitant une installation, certaines devant être opérées dans les prochains mois, d’autres d’ici 2 ans.

Dans la commune de l’Oise, une nouvelle réunion se tiendra en septembre et la mairie promet que les travaux ne démarreront pas "avant l’automne"… qui va quand même vite arriver.

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