Les manifestants ont marché ce samedi 20 avril dans le centre-ville de Compiègne. Ils reprochent à l'Office national des forêts de surexploiter le massif forestier.
"Là, il y a 500 tonnes de bois ! Et tout va être transformé en copeaux, broyé pour pouvoir être chargé dans des semi-remorques... C'est ça la sylviculture moderne." A chacune de ses ballades en forêt de Compiègne, Jean-Luc Caron, président d'Oise Nature, fait toujours le même constat peu reluisant. Au fil des années, ses promenades ont pris un goût amer. Ce passionné de nature regrette une surexploitation par l'Office national des forêts (ONF) du massif forestier, qui avec ses plus de 14.000 hectares représente la troisième plus grande forêt de feuillus, après celle d'Orléans et celle de Fontainebleau."Imaginez que vous soyez producteur de pomme de terre et que vous ne fassiez que des pommes de terre pour en faire de pelures. Et bien là, on fait du bois pour en faire des copeaux", s'agace Jean-Luc Caron. "Il y a des tas de troncs qui font des dizaines de mètres. C'est un gâchis, c'est un gâchis", poursuit l'homme qui ne décolère pas.
"Complètement massacrée"
Alors comme lui, ils étaient près de 300 ce matin à manifester dans les rues de Compiègne, pancarte à la main. membres d'association ou simples promeneurs, tous pointent du doigt les agissements de l'ONF. Ils l'accusent de prélever trop d'arbres pour que la forêt domaniale puisse se régénérer : 10m³ par hectare au lieu de 6m³.
"La forêt, c'est mon terrain de jeu et je me rends compte qu'il y a partout des arbres par terre, qu'il y a des grands espaces de vide, qu'on ne replante pas, que les chemins sont défoncés...", déplore une manifestante. La forêt "est complètement massacrée, je ne la reconnais plus", s'attriste une autre.
L'ONF réfute toute accusation
Des faits et des chiffres que l'ONF nie formellement. Dans cette bataille de chiffres, l'office de l'Etat l'assure : il n'y a pas de surexploitation. "La forêt de Compiègne pousse de 90.000m³ par an. C'est sa production biologique", rappelle avant toute chose Bertrand Wimmers, direction de l'agence ONF Picardie. Puis se défend en ajoutant que "depuis 2012, l'ONF exploite 80.000m³. Il y a donc chaque année 10.000m³ qui ne sont pas exploité. On prélève donc clairement en dessous de la production biologique".Des associations des Hauts-de-France, d'Ile-de-France et de Normandie font désormais front commun contre l'ONF et brandissent la menace d'actions en justice pour continuer leur combat et défendre leur forêt.