Le procureur de Senlis annonce, ce jeudi 22 août 2024, avoir mis en examen et placé en détention provisoire deux mineurs pour "extorsions en bande organisée". Les faits se seraient passés en forêt de Compiègne, dans l'Oise.
Tout commence en mai et juin 2024. Sur le secteur de Compiègne (Oise), six agressions sont recensées sur des victimes âgées de 23 à 61 ans. Les faits se passent "dans le cadre de rencontres initiées via les sites ‘COCO.GG’ ou ‘GRINDR’", indique un communiqué du parquet de Senlis, publié ce 22 août 2024.
Un mode opératoire "identique"
Les agresseurs, parfois munis d’armes, auraient contraint leurs victimes à leur remettre des objets de valeur. Selon Loïc Abrial, procureur de la République de Senlis, le mode opératoire est "quasiment identique à chaque fois" : "en forêt, le soir, par plusieurs individus au visage dissimulé".
Certaines agressions paraissaient en lien avec l’orientation homosexuelle des victimes.
Parquet de SenlisCommuniqué de presse
Lors de l’enquête, des policiers ont notamment retrouvé des vidéos "diffusées sur les réseaux sociaux, amenant de nombreux utilisateurs à consulter, commenter et parfois rediffuser ces images, en dépit de leur caractère particulièrement violent."
Deux suspects mineurs interpellés
Ce mardi 20 août 2024, deux mineurs sans antécédents judiciaires, âgés de 15 ans et demi et 16 ans, ont été interpellés et placés en garde à vue.
L’un reconnaissait avoir été présent lors de quatre faits, mais sans y participer et l’autre affirmait avoir assisté à un seul fait, en filmant uniquement la scène.
Loïc Abrial, Procureur de la république de SenlisCommuniqué de presse
Hier, mercredi 21 août 2024, le parquet a annoncé avoir ouvert une information judiciaire pour "des chefs d’extorsions en bande organisée, certaines ayant été commises avec arme, ou à raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre".
Si les deux suspects ont été placés en détention provisoire dans des établissements pour mineurs, des co-auteurs ou complices resteraient à identifier. Dans le cadre de crime d’extorsion avec arme, commise en bande organisée, ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Des plateformes de discussion en ligne questionnées
Après plus de vingt ans d'existence, l’un des sites nommés dans cette affaire, Coco.gg, a été fermé fin juin 2024. Plusieurs associations avaient dénoncé son existence.
🚨 Fermeture du site coco par la #JUNALCO du @parquetdeParis, @CyberGEND, @ComCyberMI , l'ONAF office national antifraude et la coopération avec les autres pays européens par @Eurojust pic.twitter.com/15TehFBQeo
— Parquet de Paris (@parquetdeParis) June 25, 2024
"L’anonymat garanti permettait de commettre des infractions en toute impunité", expliquait Johanna Brousse, vice-procureure et cheffe de la section cyber à la Junalco (juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée), dans une interview à France Info, le 25 juin 2024.
On a pu recenser, parmi les infractions commises, différents faits, qui allaient de la pédopornographie au guet-apens avec extorsion, en passant par le vol avec violences. Il y a même des homicides qui ont été planifiés sur la plateforme.
Johanna Brousse, vice-procureure et cheffe de la section cyber à la JunalcoFrance Info
Le site internet est relié à plusieurs drames dans la région des Hauts-de-France. Le 16 avril 2024, à Grande-Synthe (nord), Philippe Coopman aurait été mortellement agressé lors d'un guet-apens organisé sur ce site. Un mois plus tard, en mai 2024, le tribunal correctionnel de Valenciennes (Nord) a condamné jusqu'à 10 mois de prison douze hommes jugés pour actes sexuels sur une adolescente de 14 ans.