Oublier la maladie de papa ou maman grâce à l’équitation : un moment où les enfants "peuvent se laisser aller, lâcher prise"

La maladie d'un parent peut être une épreuve pour les enfants. Pour les aider à surmonter ces difficultés et les faire sortir un peu de leur quotidien, l'association compiégnoise "Il était une fois" leur propose des ateliers de thérapie par l'art et par l'équitation. Un moyen aussi de limiter les risques d'échec scolaire.

"On retient sa respiration et on essaie d'attraper à l'intérieur de notre corps tous les trucs qui nous embêtent... On se concentre sur soi très fort", explique doucement Laetitia Caignault, enseignante d'équitation, aux enfants qui l'écoutent attentivement du haut de leur monture. Les chevaux du pôle équestre de Compiègne sont là pour les aider à mieux vivre leur quotidien difficile. 

Un soutien pour les enfants, au-delà du simple suivi psychologique

Qu'il s'agisse de la maladie d'un de leurs parents ou d'un contexte familial houleux, chacun de ces enfants a sur le cœur quelque chose d'un peu trop lourd pour son âge. L'association Il était une fois leur offre ces moments privilégiés avec les chevaux pour qu'ils apprennent, au fur et à mesure, à mieux supporter ce poids. "C'est un moment où l'enfant sort de la réalité de son quotidien. Le charisme naturel de l'animal fait que l'enfant a moins d'idées parasites, qu'il décroche vraiment. C'est un grand bol d'air frais pour eux, (...) un moment où ils peuvent se laisser aller, lâcher prise.", assure Laetitia Caignault. Si elle les guide et les aide à mieux se connecter avec leurs émotions, elle assure que "c'est le cheval qui fait tout le boulot, c'est ça qui est formidable".

Il fallait qu'elle extériorise, qu'elle sorte de la maison. Le contact avec l'animal la détend.

Sophie, maman de Luna

Les bienfaits de cette activité, Sophie les a constatés sur sa fille. Actuellement en rémission d'un cancer, elle souhaitait préserver au mieux Luna, 9 ans, de cette épreuve. "On ne montre pas aux enfants ce qu'on vit, on essaie de leur cacher au maximum, mais ils le voient d'eux-mêmes. Un enfant, c'est une éponge, il le ressent. Il fallait qu'elle extériorise, qu'elle sorte de la maison, confie-t-elle. Le contact avec l'animal la détend. Elle est beaucoup plus appliquée, elle est détendue." Elle constate par ailleurs que Luna, avec qui elle est très fusionnelle, se détache un peu d'elle grâce à l'équitation. "Maman souffle, et elle, elle a son moment de bien-être à elle", se réjouit-elle. 

Rendre le quotidien de toute la famille moins douloureux, c'est l'objectif de l'association, créée par Sabrina Chérif. Lorsqu'elle est diagnostiquée d'un cancer du sein, sa fille a seulement 7 ans. À l'époque, elle regrette le manque d'activité pour aider les enfants à surmonter ce type de situation, en dehors de l'accompagnement par un psychologue.

"Malgré nous, la maladie prend toute la place. J'avais l'opportunité, moi, en tant que malade, d'avoir des ateliers d'art-thérapie qui m'ont beaucoup aidée, mais je trouvais malheureux de ne pas trouver ça pour ma fille et pour les autres enfants qui sont dans le même cas de figure", précise-t-elle. 

Prévenir l'échec scolaire

Tout en se battant contre sa maladie, elle voit petit à petit les résultats scolaires de sa fille baisser. "Aujourd'hui, elle a 14 ans. Elle adorait l'école, jusqu'au moment où elle a commencé à avoir des lacunes, et ça a été très difficile de les rattraper." C'est parce qu'elle a vu de près le risque de tomber dans l'échec scolaire pour sa fille que Sabrina Chérif veut aujourd'hui développer des liens entre l'association et le corps enseignant.

Ce sont des enfants qui ont besoin de soutien, il faut pouvoir détecter quel est le problème quand ils n'arrivent pas à mettre les mots dessus.

Sabrina Chérif, présidente de l'association Il était une fois

"L'idée, c'est de les sauver à la source, et de ne pas attendre que ce soit déjà installé. Ce sont des enfants qui ont besoin de soutien, il faut pouvoir détecter quel est le problème quand ils n'arrivent pas à mettre les mots dessus. Et faire le lien avec le corps enseignant, pour qu'il puisse se dire : 'là, ça ne va pas, peut-être que c'est tabou de parler de la maladie, alors comment fait-on pour l'aider, pour qu'il n'y ait pas d'échec scolaire, et que cet enfant puisse être accompagné d'une autre façon ?'"

Ça leur fait une petite trêve dans ce qu'ils subissent tous les jours.

Jean-Philippe Fanfant, musicien et parrain de l'association

L'association est parrainée par le musicien Jean-Philippe Fanfant. Le batteur, qui a collaboré avec les grands noms de la scène française, comme Louis Bertignac, Kassav' ou encore Bernard Lavilliers, anime de temps à autre des ateliers de percussions avec ces enfants. "C'est un peu de l'art-thérapie. L'idée, c'est de leur donner un petit moment de répit, un moment de bien-être. On leur apprend un peu les percussions, et ils ressentent des vibrations, des mouvements, ça leur fait une petite trêve dans ce qu'ils subissent tous les jours. Ce sont des petites actions, mais à chaque fois, c'est un grand plaisir." 

Il était une fois propose aussi des ateliers d'initiation à la photographie ou de danse, ainsi que des concerts solidaires. Toutes leurs actualités sont à retrouver sur leur page Facebook. 

Avec Camille Di Crescenzo / FTV