À Ressons-sur-Matz (Oise), les Gilets jaunes sont mobilisés depuis cinq semaines. À force de se côtoyer, ces manifestants ont tissé des liens très forts qui, pour certains, les aide à surmonter la solitude ou l'ennui. Le 21 décembre, ils comptaient passer Noël ensemble sur leur barrage.
Ils sont retraités, chômeurs, intérimaires, smicards, tous de générations différentes. Mais à force de se voir depuis cinq semaines dans leur campement, les Gilets Jaunes de Ressons-sur-Matz ont appris à se connaître et peuvent compter les uns sur les autres. Abrité sous leur tente, le 21 décembre, ce groupe d'une dizaine d'irréductibles rappellent les membres d'une famille.
Tous solidaires
"On a des tontons, des mamans, on se donne des surnoms. Moi, c'est Nénette !" lance Léna, qui malgré ses 21 ans ne manque pas d'assurance. Elle poursuit. "On ne se connaissait pas du tout avant [la mobilisation des Gilets jaunes]. On a des différents parfois et c'est normal, à cause de la tension, la fatigue, le froid. Mais on discute beaucoup et on arrive à régler nos différents assez rapidement sans que ça prenne une ampleur monstrueuse."La nuit, les Gilets jaunes se relaient pour protéger leur deuxième foyer. Sabrina dort sur place. Et quand ce n'est pas le cas, elle est hébergée chez Bernard qui lui a proposé sa chambre d'amis "C'est un homme super, confie cette Isarienne de 50 ans. Dès que l'on a besoin de quelque chose, il nous aide. Et même les gens qui viennent en journée, ce sont des personnes sur qui on peut compter !"
Tromper la solitude pour Noël
Bernard, trouve lui aussi son compte : grâce à ses compagnons de fortune, ce retraité de 64 ans souffre moins de la solitude. "Je suis un peu dans la galère, j'ai perdu ma femme il y a un an et demi, raconte-t-il. J'ai des membres de ma famille qui disparaissent en ce moment, donc je suis bien là. Je suis avec tout le monde, ça fait du bien."Cela leur fait à tous tellement du bien qu'ils n'imaginent pas pas passer Noël séparés. "On a un repas de Noël qui est en train de s'organiser avec une dizaine de personnes. On a largement de quoi être à l'abri, on a des poêles à pétrole, tout ce qu'il faut pour passer un Noël merveilleux," sourit Marco. Si le mouvement des gilets jaunes devaient s'arrêter, ces Gilets jaunes se sont promis de se revoir et de ne jamais rompre cette relation.
Notre reportage à Ressons-les-Matz (Oise)
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