À Sanofi Compiègne, les salariés suivent l'appel national à la grève sur fond de plan social

Alors que Sanofi a confirmé lundi 18 janvier la suppression de près de 400 postes en France dans la recherche et développement, plusieurs organisations syndicales lancent un appel national à la grève pour exiger une augmentation salairiale. À Compiègne, la CFDT et FO annoncent 70% de grévistes.

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Mardi 19 janvier au matin, ils débrayeront comme 25 autres sites du groupe Sanofi, sur les 32 sites français du groupe pharmaceutique. "Les salariés en ont ras le bol qu’il n’y ait aucune reconnaissance", justifie Adrien Mekhnache, élu CFDT au CSE du site de Compiègne dans l'Oise. Comme la mauvaise nouvelle de trop, les salariés ont appris amèrement que leur augmentation collective serait nulle pour cette année. "Nous n’avons pas eu d’augmentation collective depuis 2013", s'agace Régis Péroux, délégué de la même centrale syndicale.

Une prime Covid

Pourtant en mars 2020, l’usine était sous le feu des projecteurs. Les employés y fabriquent des médicaments dits "sec" (comprimés et gellules) prescrits sans ordonnance comme le Doliprane. Mais "quelle récompense pour ces héros nationaux ?", interroge Adrien Mekhnache. Certes, la majorité des salariés va bénéficier d’une augmentation individuelle de la prime Covid de 1500 €. Mais pour les employés en télétravail lors du premier confinement, le chèque a été plus maigre : 100 €.

Difficile aussi pour les représentants syndicaux de voir leur directrice de site, Ana Alves, recevoir la médaille de l’ordre du mérite au rang de chevalier. Une distinction qui récompense cette cheffe d’une entreprise pharmaceutique en période de crise. Sauf que le 16 mars 2020, Régis Péroux signalait à la direction "un danger grave et imminent". En cause, l’interdiction par la direction de porter un masque dans l’entreprise. Une interdiction retoquée ensuite par l’Inspection du travail.

Une pilule difficile à avaler

"Au-delà de la baisse des enveloppes dédiées aux augmentations de salaires, les dividendes augmentent chaque année", constate Adrien Mekhnache. En 2020, le groupe aurait distribué 4 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires.

Mais ce qui inquiète les salariés isariens, c’est l’avenir de leur usine. Le 1er juin 2021, le site de Compiègne sera rattaché, avec celui de Lisieux dans le Calvados et le centre de distribution d’Amilly dans le Loiret, à une nouvelle entité : Opella. Une filiale de 2 200 salariés qui sera détenue au départ à 100% par Sanofi-Pasteur. Mais pour combien de temps ? "On ne comprend pas trop l’intérêt de créer une entité séparée si ce n’est pas pour nous vendre après", questionne Adrien Mekhnache.

Il faut dire aussi que le portefeuille des produits se réduit. "En décembre, nous avons perdu six produits, explique Adrien Mekhnache. Difficile de conserver des volumes de production élevés." D’ailleurs à Compiègne, l’opération de filialisation vise aussi à épurer le personnel. Les départs en retraite ne sont pas remplacés. D’ici trois ans, le site de 486 salariés devrait en compter 100 de moins.

Compiègne, épargné par le plan social national

L’usine est pour l’instant épargnée par le plan social confirmé ce matin, mais annoncé l’été dernier. "Le groupe avait annoncé à l’époque la suppression d’un millier de postes en France répartie sur les trois prochaines années dans le cadre d’un plan de départs volontaires", précise la direction. C’est le secteur recherche et développement qui est durement touché. 400 postes devraient être supprimés, le site de Strasbourg devrait fermer ses portes.

"Cela fait cinq ans que Sanofi effectue des plans sociaux dans la recherche. C’est pour ça que l’on ne trouve pas de vaccin", ironise, amer, Adrien Mekhnache.

Pourtant, la direction se défend : "En France, Sanofi prévoit d’investir plus de 6 milliards d’euros en recherche & développement sur les trois prochaines années. L’entreprise est l’un des premiers investisseurs en R&D en France, toutes industries confondues".

Depuis le début de la crise sanitaire, le groupe pharmaceutique français a été plusieurs fois au cœur de polémiques. La première en mai 2020, après sortie du PDG du groupe Paul Hudson qui affirmait que les États-Unis seraient les premiers bénéficiaires du vaccin. Quelques mois plus tard, le vaccin ARN développé par Sanofi tarde à être finalisé, alors que ceux mis au point par Pfizer-Bio N’tech et Moderna ont été homologué par la haute autorité de Santé.

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