Travaux urgents, visites en baisse... La Cour des comptes fustige la gestion et l'entretien du château de Compiègne

Le rapport de la Cour des comptes n'est pas favorable au château de Compiègne : travaux urgents, tourisme à développer... La liste des recommandations est longue. Si la mairie n'a pas de lien financier avec, cela n'empêche pas au maire Philippe Marini de dresser un constat similaire et d'appeler à un rapprochement de l'établissement à d'autres châteaux de la région.

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Peu de visiteurs battent le pavé devant le château, mais ceux qui en sortent sont ravis de leur visite. La Cour des comptes, de son côté, est moins emballée. Dans un rapport de 78 pages, publié le 11 septembre dernier, la juridiction financière dresse un constat inquiétant de l'état du palais.

La liste des travaux urgents est longue : des façades détériorées, des plafonds déformés et le berceau de l'impératrice, plus grande tonnelle du monde, menacerait de s'effondrer. La Cour des comptes se montre aussi peu convaincue par la stratégie de développement touristique autour de la collection de voitures du musée, qui ne permettrait pas de relancer la fréquentation.

En tout, 100 000 personnes ont visité le palais en 2023. Ils étaient plus du double il y a 30 ans. Dans les colonnes du Parisien, Rodolphe Rapetti, le directeur du château, s'est défendu en expliquant que les entrées gratuites du premier dimanche du mois et des Journées du patrimoine n'étaient pas comptées : "si on les ajoute, nous avons gagné 25% depuis 2022. [En 2018], nous étions sous la barre des 80 000 entrées".

"Le château se replie en quelque sorte derrière ses murailles"

Philippe Marini, maire de Compiègne, note qu'il s'agit d'un "très bon rapport qui a été élaboré sous la direction d'un conseiller maître qui a une très grande expérience". Pour lui, la principale locomotive touristique du Compiègnois qu'est le château, ne joue pas son rôle. "Le nombre de visiteurs, notamment de visiteurs payants, est clairement insuffisant par rapport à beaucoup de références en France et, sans doute, surtout à l'étranger, en Europe proche, il y a vraiment un effort à faire, il ne faut pas se complaire dans l'autosatisfaction".

Il constate très peu d'échanges avec le directeur actuel, "alors qu'il y a de belles choses qui sont faites, de belles expositions notamment". Mais pour tout ce qui pourrait être organisé en commun avec le département, la ville et l'agglomération, "le château se replie en quelque sorte derrière ses murailles", regrette l'édile. Pour rappel, la mairie n'a aucun lien financier avec le château. 

Les chantiers physiques se font évidemment en fonction des budgets et investissements attribués par le ministère de la Culture.

Philippe Marini, maire de Compiègne

Le prédécesseur de l'actuel directeur a eu "le mérite", d'après Philippe Marini, de permettre aux visiteurs d'avoir accès à des audioguides, "ce qui se fait partout, mais qui, jusqu'à une date relativement récente, ne se faisait pas". Il avait également pris ses fonctions dans un château où il y avait une interruption à l'heure du déjeuner le dimanche, "et il n'ouvrait que de 14 à 16 heures le dimanche après-midi". En somme, il a "secoué" les habitudes du personnel.

"Le Musée de la voiture doit rester dans le château"

Sur la question du Musée de la voiture, Philippe Marini est "totalement d'accord" avec Rodolphe Rapetti : "je pense que le Musée de la voiture doit rester dans le château et c'est un argument pour faire venir plus de visiteurs". Il regrette que les travaux de sauvegarde n'aient pas été réalisés plus rapidement. "Cette cour des voitures est un lieu exceptionnel avec une ambiance exceptionnelle. J'ai le souvenir de ce que m'en disait Frédéric Mitterrand qui est venu à plusieurs reprises, même seul, pour s'imprégner de l'ambiance de ces voitures et de ce lieu", relate-t-il.

Pour le maire comme pour le directeur, l'avis est similaire : il faut adapter et mieux présenter les collections. "Je lis une estimation de 30 millions d'euros" pour les travaux, "ça me semble tout à fait excessif, je pense qu'on peut faire avec beaucoup moins pour améliorer la présentation du château".

Alors, combien faudrait-il ? Le maire n'a pas vraiment de réponses. Il faudrait un budget d'investissement annuel pour faire face aux dépenses structurelles, car les étanchéités sont à revoir, des corniches en pierres sont fragilisées. "Donc cela nécessite une programmation, je ne sais pas dire de combien, mais je pense que si on affecte 5 à 10 millions chaque année, ça permet de faire beaucoup de choses".

Quant au Musée de la figurine historique, qui est un musée municipal, il sera transféré début 2026 dans un bâtiment militaire de l'ancienne école d'état-major, sur une surface de 1000 m2. "Ça, c'est effectivement un projet soutenu par le Ministère de la Culture, par la région, le département et c'est un grand projet pour nous. Mais ce sont des collections municipales, pas de l'État", précise le maire.

"Il faut ouvrir le château de Compiègne"

Autre suggestion de Philippe Marini : ouvrir le château de Compiègne et le rapprocher d'autres établissements. "Il faut le faire fonctionner en lien étroit avec Pierrefonds, et même avec Villers-Cotterêts, de telle sorte qu'il y ait bien un axe touristique et patrimonial dans notre région". Cette proposition a déjà été rejetée par l'administration centrale car la gestion de chaque établissement est différente.

En effet, le château de Compiègne dépend directement de la Direction des Musées de France, un service de compétence nationale qui n'a pas la personnalité morale. Celui de Pierrefonds, de son côté, est géré par le Centre des Musées nationaux. Il bénéficie de plus de souplesse, de gestion et d'adaptabilité. Quant à Villers-Cotterêts, "c'est une belle institution, mais qui est enclavée et qui a besoin de public, de lien", résume le maire.

Les chantiers d'ampleur dans un château comme celui de Compiègne consiste à refaire une pièce puis l'autre. Il y a deja beaucoup de choses qui ont été faites.

Philippe Marini, maire de Compiègne

Ces trois châteaux "complémentaires" pourraient faire "l'objet d'organisation de circuit. Je pense que c'est de ce côté-là qu'il faut absolument réfléchir si on a une vision moderne et pas purement administrative qui laisserait chacun dans son pré carré", souligne Philippe Marini qui se dit également favorable à la création d'un établissement public. "Ça offrirait une large autonomie de gestion, mais je pense que l'établissement public ferait vraiment sens s'il permettait de créer ce lien organique entre Compiègne, Pierrefonds et Villers-Cotterêts".

L'an passé, les trois quarts des recommandations de la Cour des comptes ont été mises en œuvre. En sera-t-il de même au Palais impérial ? Contactée, la direction n'a pas souhaité répondre à nos questions.

Avec Gontran Giraudeau / FTV

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