En grève depuis le 25 octobre, les salariés de la plateforme de distribution de La Poste de Thourotte reçoivent ce 3 novembre la visite d'Alexandre Ouizille, sénateur (PS) de l'Oise. Les grévistes demandent le versement d'une prime de 400 euros, l'obtention de titres restaurant et le maintien du nombre actuel de tournées de courrier.
Cela fait dix jours qu'un barnum est installé devant le centre de tri de La Poste, à Thourotte, près de Compiègne. Une quinzaine de salariés, en grève illimitée depuis le 25 octobre, campent là pour obtenir une négociation avec leur direction régionale. Le groupe, composé de 13 personnes ce 3 novembre, a reçu la visite, à 9h30, du sénateur (PS) de l'Oise Alexandre Ouizille.
"L'élu a été reçu, en compagnie d'un représentant du conseil municipal de Thourotte, mais aucune solution n'en a découlé, affirme Jérôme Wavrant, secrétaire qualité de vie médicale (QVS) à la CGT-FAPT. On discute ensemble régulièrement de nos revendications. Le souci, c'est que le directeur local est parti en congés, et que le directeur opérationnel de Picardie nous prend un peu de haut, il n'y a pas vraiment de discussion."
La Poste indique qu'un dialogue social suit son cours, et reprendra lundi 6 novembre à 9 heures. À Thourotte, les grévistes affirment recevoir le soutien de la population.
Contre "la rentabilité à tout prix"
Ces salariés de La Poste conditionnent leur retour au travail à l'obtention de titres restaurant et d'une prime de 400 euros, la prime de pouvoir d'achat annoncée par l'État à l'été. Ils se heurtent pour le moment à un refus de la direction.
"On souhaite tous que le conflit connaisse une issue favorable à tous. On est prêts à des compromis, c'est le but de toute négociation. (...) Mais on voudrait que La Poste lâche des choses," confie Jérôme Wavrant. De son côté, la direction indique que l'attribution de tickets restaurant, conditionnée à "une coupure de 45 minutes minimum [à midi] et une fin de service après 13h45 (...) n'est pas possible d'un point de vue règlementaire" pour le personnel, qui a 20 minutes de pause déjeuner et reçoit déjà "une indemnité de restauration".
Les salariés grévistes, qui représentent deux tiers des postes de travail à Thourotte, 47 employés de la plateforme de distribution, déplorent la suppression, à la mi-novembre, de 4 des 23 tournées habituelles. Ils regrettent "les réorganisations tous les deux ans" et "la rentabilité à tout prix" qui les empêchent de réaliser un travail de qualité et d'avoir du lien social avec les clients.
"Les collègues sont motivés, ils ne lâcheront pas. Ils sont dehors, ils n'ont pas peur. (...) Ils aiment leur travail, ils voudraient le faire dans de bonnes conditions. On ne va pas se le cacher, il y a une baisse de trafic à La Poste, mais on ne la ressent pas : sans arrêt, on nous supprime des tournées pour la rentabilité et la charge de travail par salarié ne fait qu'augmenter."
Jérôme Wavrant, secrétaire QVS à la CGT-FAPT
Les grévistes regrettent les tentatives de la direction de "casser la grève", et accusent notamment celle-ci de "mettre la pression" aux quelques salariés qui reprennent le travail "par esprit de vengeance", et d'employer des intérimaires pour assurer le service malgré le mouvement social.
Un sacrifice financier
L'entreprise réfute ce dernier point. "La Poste respecte le droit de grêve et n'embauche pas d'intérimaire pour réaliser le travail des grévisxtes. La solidarité de l'équipe et entre établissements est de mise et permet la continuité de service à nos clients," notamment via les sites de Ressons-sur-Matz (qui n'a pas décidé de suivre le mouvement) et Roye, assure le service communication de La Poste.
"Une grève de dix jours, c'est un sacrifice financier. Les collègues savent qu'ils vont perdre de l'argent, reconnaît Jérôme Wavrant. Mais s'ils ne se mobilisent pas, on va nous supprimer encore plus de tournées. C'est cette vision de la rentabilité à tout va de La Poste qu'on combat. On fait de la résistance."