Le 29 octobre 2020, l'association L214 dénonçait l'insalubrité d'un élevage de poules situé à Chambly dans l'Oise. Deux mois plus tard, après analyses, il s'avère qu'il est contaminé à la salmonelle. Un arrêté portant déclaration d'infection a été pris par la préfecture.
Visé par une enquête de l'association L214 en octobre dernier, l'élevage du domaine du Mesnil Saint-Martin situé à Chambly dans l'Oise doit stopper temporairement la vente de ses œufs. À partir d'analyses bactériologiques, il a été découvert que cet élevage est contaminé à la salmonelle, bactérie susceptible de provoquer des intoxications alimentaires.
En conséquence, la préfecture de l'Oise a décidé de prendre un arrêté portant déclaration d'infection qui s'accompagne de "mesures de prévention en limitant la diffusion des œufs vers des établissements de traitement thermique", précise-t-elle.
La décontamination pourrait durer plusieurs semaines. "L'élimination de la Salmonelle dans un élevage s'effectue, au minimum, par la réforme des poules suivi du nettoyage et de la désinfection complète des bâtiments et matériels", ajoute la préfecture.
Dans un "état sanitaire déplorable"
"Il est probable que le contrôle sanitaire ait été déclenché à la suite de l'enquête sur cet élevage", affirme un membre de l'association L214. Le 29 octobre dernier, elle publiait en effet une vidéo montrant des poules mortes qui se décomposent au milieu des vivantes, des poux sur les œufs et des souris mortes.
L'association de défense des animaux avait réussi à s'introduire dans l'élevage pour filmer des images fin septembre et mi-octobre. Elle parle d'un élevage intensif de 200 000 poules pondeuses dont "l'état sanitaire est déplorable."
"Les images de cet élevage de l’Oise sont révoltantes. Elles sont, hélas, représentatives de l’élevage des poules en cage. Une grande partie de l’industrie agroalimentaire a pris sa part de responsabilité en s’engageant à ne plus utiliser les œufs en batterie. C’est maintenant au législateur d’envoyer ce mode de production au musée des horreurs. Nous appelons le gouvernement français à planifier la fin de l’élevage en cage, comme s’y était engagé Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle en 2017", alertait Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de L214.
Un élevage labellisé
Pourtant, comme indiqué sur son site internet, l'élevage atteste qu'il répond à toutes les normes sanitaires exigées par la réglementation française et européenne. "C'est une entreprise sérieuse, contrôlée l'année dernière", affirme Allain Bahuchet, responsable du label Terroirs Hauts-de-France. "C'est la dernière entreprise agréée à avoir des poules en cages, ils sont adhérents depuis longtemps", poursuit-il.
Le domaine du Mesnil Saint-Martin est aussi membre depuis plus de 10 ans de l'association Terr'Avenir certifiée ISO 14001. "Tous les ans ils se font auditer, ils ont un certain nombre de points à respecter, explique Loïc Paillard, animateur de l'association. On vérifie plusieurs choses au niveau environnemental, pollution, sécurité des salariés. En fait, l’intérieur de l’élevage on y va assez peu", concède-t-il.
Après cette enquête, l'association L214 avait annoncé avoir porté plainte auprès du procureur de la République de Senlis pour mauvais traitement et infraction à la réglementation.
