Affaire Shaïna. Invectives, disparition d'un prévenu, peines de prison : le récit du procès pour violences aggravées

Quelques mois avant son meurtre à Creil en octobre 2019, Shaïna Hansye avait été victime d'une violente agression. Ce sont ces faits qui étaient jugés ce mardi 25 juin au tribunal pour enfants de Senlis, dans l'Oise. Deux personnes ont été condamnées à de la prison avec sursis dans un climat tendu.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est l'épilogue d'un long parcours judiciaire pour la famille de Shaïna Hansye, adolescente de 15 ans morte poignardée puis brûlée à Creil en octobre 2019. Mardi 25 juin, deux jeunes hommes, âgés aujourd'hui de 20 et 21 ans, comparaissaient devant le tribunal pour enfants de Senlis pour violences aggravées et vol de téléphone. L'un des deux a également été jugé pour menaces de mort. Ces faits se sont déroulés en mai 2019, six mois avant la mort de l'adolescente. 

D., le principal prévenu - ancien petit ami de la victime et qui comparaissait libre - a été reconnu coupable de violences aggravées et vol de téléphone, mais pas des menaces de mort. Il a été condamné à 20 mois de prison dont 6 avec sursis, mais ne retourne pas en détention, car il a déjà purgé ces 14 mois en détention provisoire.

Son complice a également été reconnu coupable et écope de 12 mois de sursis simple. Tous les deux ont interdiction de port d'arme, de contact avec les parties civiles et de paraître à Creil, et n'ont pas le droit de communiquer entre eux pendant deux ans. 

L'un des prévenus déjà condamné pour agression sexuelle sur Shaïna en 2017

En 2023, D. avait déjà été condamné à deux ans de prison avec sursis et mise à l'épreuve pour une agression sexuelle sur la jeune femme en août 2017.

Mais c'est pour une autre agression, commise en mai 2019, qui étaient jugés ce mardi 25 juin à Senlis. D. a tenté de voler le téléphone de Shaïna, car ce mobile contenait à l'époque des messages de menaces qu'il lui avait envoyés alors qu'il avait interdiction d'entrer en contact avec elle. Il a fini par la menacer puis la frapper avec son complice. 

Pour ce procès, les proches de la jeune femme sont arrivés au tribunal peu avant 9 heures. Parmi eux, le grand frère, Yasin, très actif depuis ce drame pour évoquer le souvenir de sa petite sœur. "C'est le dernier procès pour ma famille et moi. Ça fait plus de cinq ans que l'on a attendu ce procès, répète-t-il. On veut vraiment en finir pour se dire que l'on a rendu justice à ma petite sœur, et que ces deux personnes soient punies aujourd'hui à leur juste valeur". 

Manque de respect à la barre et disparition d'un des prévenus

"Suite au viol de ma petite sœur, ces personnes ont décidé de se venger sur elle, car elle avait déposé plainte", resitue Yasin Hansye. Aujourd'hui, le grand frère "a toujours confiance en la justice" et espère "que Shaïna soit reconnue comme victime".

Quelques minutes après ces déclarations, l'ambiance s'est tendue juste avant l'ouverture de l'audience : des cris ont retenti dans l'enceinte du tribunal. Yasin Hansye en est sorti fou de colère, assurant avoir été insulté par l'un des prévenus. Il a été calmé par ses proches avant de retourner sur le banc des parties civiles.

L'audience qui s'est déroulée à huis clos a duré près de six heures. Lors des débats, les deux prévenus auraient manqué de respect à la cour. D., qui a refusé de s'exprimer face au tribunal, aurait insulté une collaboratrice de l'avocate des parties civiles. Il a même disparu lors d'une suspension d'audience, et n'a pas assisté à la fin des débats. 

"Un procès catastrophique" pour le frère de Shaïna

Le collectif féministe contre le viol, qui s'est porté partie civile à chaque procès de l'affaire Shaïna, a expliqué à la barre les mécanismes qui reviennent souvent pour cibler la victime. "La victime est isolée, dévalorisée, insultée, et subit des violences sexuelles. Ils font croire à la victime que tout est de sa faute, précise Alicia Poret, écoutante dans le collectif. Dans le cas de Shaïna, l'agresseur s'organise avec un groupe, mais avant ça, il y a eu des menaces. Elle n'allait pas très loin de chez elle, elle avait peur même si elle a eu le courage de porter plainte à chaque fois."

À l'issue de l'audience, le grand frère de Shaïna a fait part de son désarroi sur X après l'annonce du délibéré. Il évoque "un procès catastrophique (...) jugé en une matinée avec de la nonchalance". Il assure que l’un des mis en cause "voulait s'en prendre physiquement" à lui. Pour lui, cette peine est "seulement" de 12 et 20 mois de prison avec sursis.

Comme l'indique Yasin Hansye dans son post, la défense a bien annoncé son intention de faire appel des condamnations prononcées par le tribunal. Elle a 10 jours pour le faire.

Avec Gaëlle Fauquembergue / FTV

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information