Le procès en appel de quatre jeunes hommes pour des agressions sexuelles commises à Creil (Oise) en 2017 contre Shaïna, 13 ans, s'est ouvert jeudi 6 avril à Amiens. Une nouvelle épreuve pour la famille de la jeune fille, assassinée en octobre 2019.
C'est à huis clos, devant le tribunal pour enfants d'Amiens, que s'est ouvert le procès de quatre jeunes hommes pour agressions sexuelles commises sur Shaïna, alors âgée de 13 ans. Des faits qui se sont produits à Creil en 2017, deux ans avant le meurtre de la jeune fille et pour lequel un procès aux assises de l'Oise est prévu en juin 2023.
En première instance, le principal mis en cause, son ex-petit ami, âgé de 14 ans au moment des faits, avait été condamné à 12 mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans. Deux autres prévenus, alors âgés de 16 et 17 ans, avaient été condamnés à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans. Le quatrième, jugé pour une autre agression sexuelle une semaine avant celle du trio, avait été relaxé.
À la suite de ce procès en mars 2022, l'un des trois jeunes condamnés a décidé de faire appel. En conséquence, le parquet de Senlis s'est à son tour pourvu contre le jugement du tribunal pour enfants. "Même s'il voulait probablement, je pense, éviter à la famille un nouveau procès douloureux, le ministère public a dû faire appel, car les faits ont été commis en réunion," précisait ainsi Me Negar Haeri, avocate de la famille de Shaïna.
En faisant appel, ce prévenu impose aux proches de la jeune victime la tenue d'une audience supplémentaire. "Pour nous, c'est beaucoup de souffrance, parce que le premier volet de cette affaire date quand même de 2017 et cela fait plus de 6 ans qu'on attend justice, nous confiait Yasin Hansye, le frère de Shaïna, quelques jours avant le procès en appel. Cela a été très dur, lors des deux jours de procès [en première instance, nldr], d'entendre de leur part que Shaïna était une menteuse, qu'elle avait tout inventé depuis le début."
"On ne vit pas, on fait que survivre"
Les faits se sont produits à Creil le 31 août 2017. Tout commence lorsque son petit ami prend une photo d'elle dénudée, dont il se sert pour la faire chanter. Il lui demande alors de le rejoindre dans une clinique désaffectée où l'attendent deux autres jeunes. Lors de cette soirée, Shaïna est violentée et filmée.
Quelques heures après, elle porte plainte et parle également d'une autre agression sexuelle commise une semaine plus tôt par un garçon de 17 ans. Ces faits sont joints au dossier.
La vidéo en question où la victime est humiliée le soir du 31 août sera par ailleurs retrouvée par les enquêteurs. Malgré tout, des images sont diffusées sur le réseau social Snapchat, faisant de Shaïna "une fille facile". Une réputation dont elle aura du mal à se défaire dans la cité où elle réside à Creil.
Deux ans plus tard, son corps est retrouvé dans un cabanon situé dans des jardins familiaux à Creil. L'adolescente, enceinte, a été poignardée et brûlée vive. Des faits pour lesquels un autre jeune de 17 ans, avec qui elle avait alors une liaison, sera jugé à partir du 5 juin devant la cour d'assises des mineurs de l'Oise.
"On ne vit pas, on fait que survivre, nous confiait il y a quelques jours ses parents. Notre avenir, c'était Shaïna". Désormais, la famille en a fait son combat. Son frère, Yasin, se bat pour faire vivre la mémoire de sa sœur. "J'ai eu beaucoup de témoignages, beaucoup de filles qui m'ont dit qu'elles se reconnaissaient en Shaïna, c'est atroce de savoir qu'elle est morte dans ces conditions, et d'autant plus à 15 ans."
Le procès devant la Cour d'appel d'Amiens doit s'achever vendredi 7 avril.
