Le procès de quatre hommes devant le tribunal correctionnel de Senlis s'est ouvert lundi 31 janvier. Ils sont présumés avoir agressé sexuellement Shaïna, âgé de 13 ans en 2017. Deux ans plus tard, la jeune fille était retrouvée morte dans un cabanon à Creil.
Ce sont les premiers actes de violence qu'a subi la jeune fille avant sa mort en 2019. Shaïna est alors âgée de 13 ans lorsqu'elle est agressée sexuellement par d'autres jeunes à peine plus vieux qu'elle.
Initialement mis en examen pour viol, trois mis en cause vont devoir répondre d'agressions sexuelles, violences en réunion et enregistrement d'images pornographiques d'une mineure devant le tribunal correctionnel de Senlis, les faits ayant été requalifiés.
Le quatrième, présenté comme étant son petit ami de l'époque, est aussi poursuivi pour "pressions graves" en vue d'obtenir des faveurs sexuelles. Il encourt trois ans et demi de prison.
Le procès se tiendra à huis clos, les prévenus, sous contrôle judiciaire, étant mineurs au moment des faits. Deux d'entre eux, dont le principal mis en cause, étaient âgés de 14 ans, les deux autres de 16 et 17 ans. La famille de Shaïna s'est portée partie civile ainsi que le Collectif féministe contre le viol.
Violentée, filmée et humiliée
Les faits se sont produits à Creil le 31 août 2017. Tout commence lorsque son petit ami prend une photo d'elle dénudée, dont il se sert pour la faire chanter. Il lui demande alors de le rejoindre dans une clinique désaffectée où l'attendent deux autres jeunes. Lors de cette soirée, Shaïna est violentée et filmée.
Quelques heures après, elle porte plainte et parle également d'une autre agression sexuelle commise une semaine plus tôt par un garçon de 17 ans. Ces faits sont joints au dossier.
La vidéo en question où la victime est humiliée le soir du 31 août sera par ailleurs retrouvée par les enquêteurs. Malgré tout, des images sont diffusées sur le réseau social Snapchat, faisant de Shaïna "une fille facile". Une réputation dont elle aura du mal à se défaire dans la cité où elle réside à Creil. "Il y a eu beaucoup d'acharnement sur elle qu'on ne comprend pas d'ailleurs", affirme son frère Yasin Hansye. "Je veux savoir pourquoi ils ont sali ma fille comme ça, ajoute le père de la victime. C'était une fille bien, tranquille, joyeuse."
"On n'est pas capables d'avoir une oreille attentive aux victimes d'agressions sexuelles"
Pour les agresseurs présumés, la jeune femme aurait harcelé son petit ami, qui n'aurait agi que pour repousser ses avances. "Il faudrait que les choses soient dites, rétorque l'avocate de la famille de Shaïna, Me Negar Haeri. Je ne sais pas s'il y aura une évolution. Je crois que la position des prévenus reste celle de la fin de l'instruction, c'est-à-dire contester les faits. Et je ne sais pas si en une audience on va réussir à retourner les choses."
Deux ans plus tard, le 1er mai 2019, Shaïna, portera plainte à nouveau, cette fois pour avoir été passée à tabac par cet ex-petit ami. Les faits sont encore en cours d'instruction. "C'est de manière générale un échantillon de ce qui se passe dans nos mentalités à tous. On n'est pas capables encore d'avoir une oreille attentive aux victimes d'agressions sexuelles. C'est-à-dire qu'on ne peut pas s'empêcher d'imaginer qu'elles ont provoqué, qu'elle l'ont mérité et qu'elles ont une part de responsabilité et ça, c'est invraisemblable, indique l'avocate de la famille de Shaïna. Il y a plein de petites choses qui ont failli dans le traitement de ce dossier. C'est vraiment déplorable quand on connaît l'issue de la vie de Shaïna deux ans après."
Le 25 octobre 2019, alors qu'elle était enceinte de quelques jours, Shaïna est poignardée puis brûlée dans un cabanon de sa cité à Creil. Des faits pour lesquels un autre jeune de 17 ans, avec qui elle avait une liaison, a été mis en examen et placé en détention provisoire.