Une marche blanche était organisée lundi 25 octobre en hommage à Shaïna, une adolescente de 15 ans, dont le corps avait été retrouvé calciné en 2019 dans des jardins familiaux à Creil. Sa famille et ses proches se sont recueillis sur les lieux du drame, dans l'attente du procès du principal suspect.
"Aujourd'hui, cela fait deux ans que notre petite fille n'est plus avec nous. C'est à la fois très émouvant, mais c'est aussi très dur." C'est le cœur serré, que le papa de Shaïna a déposé des fleurs à l'endroit où sa fille de 15 ans a été tuée à Creil le 25 octobre 2019. Sa famille, ses amis, mais aussi des habitants de la ville ont tenu à se réunir pour rendre hommage à la jeune fille. "Beaucoup de personnes sont venues, c'est important pour nous. Il ne faut pas oublier ce qu'il s'est passé", poursuit-il.
Parmi les personnes présentes, Laure est venue avec un carnet. "Dans mon cours de management, je devais présenter une minute d'actualité, mais j'ai préféré rendre hommage à Shaïna, je suis donc passée dans les classes et j'ai recueilli des mots, montre-t-elle. Je voulais aussi sensibiliser les élèves parce que certains n'étaient pas au courant. Shaïna c'était une fille extraordinaire, c'était mon amie. Il faut que tout le monde prenne conscience de cette histoire parce que cela peut arriver à tout le monde."
"C'est inadmissible qu'en 2021, on puisse faire ça à une jeune fille"
C'est dans un cabanon des jardins familiaux, à 500 mètres de là où habitait la jeune fille, que son corps calciné a été retrouvé. Le principal suspect du meurtre est un adolescent, âgé de 17 ans au moment des faits, avec qui Shaïna aurait eu une brève relation.
"À cause d'un type comme ça, je n'arrive plus à dormir, soupire Yasin Hansye, le frère de Shaïna. Avec mes parents, on ne vit plus, il nous a aussi tués d'une certaine façon." Depuis ce jour, la famille est partagée entre l'incompréhension et une profonde colère. "C'est inadmissible qu'en 2021, on puisse faire ça à une jeune fille, ajoute Yasin. Aujourd'hui, on veut montrer que deux ans après on est toujours là pour Shaïna, qu'on est en colère et on va tout faire pour qu'elle obtienne justice."
Que la justice soit faite pour elle, mais aussi pour toutes les femmes victimes de violence. Avant d'être assassinée, Shaïna avait été victime d'agressions en 2017 après avoir porté plainte pour viol. "On la considérait comme une fille facile. Ma fille ce n'était pas une fille facile. Une femme peut faire ce qu'elle veut, être libre, sortir faire la fête, ce n'est pas parce qu'elle agit comme ça que c'est une mauvaise femme, confie la maman de Shaïna. Ce genre de drame arrive partout et cela reste souvent sous silence. Beaucoup de jeunes filles ont peur et ne veulent pas porter plainte. Ce n'est pas normal."
Le procès pourrait se tenir dans les mois qui viennent
Après deux ans d'enquête, le juge d'instruction a récemment décidé de renvoyer l'affaire devant la cour d'assises des mineurs, considérant qu'il y avait suffisamment de charges contre le mis en cause pour que le procès ait lieu. Encore aujourd'hui, celui-ci nie les faits qui lui sont reprochés. Il a donc fait appel de la décision. L'audience se tiendra devant la chambre de l'instruction d'Amiens le 16 novembre. "Si elle confirme qu'il y a suffisamment de charges pour que cela soit renvoyé aux assises alors le procès pourrait avoir lieu dans les mois qui viennent", annonce maître Negar Haeri, avocate de la famille.
Le temps peut-être d'apporter enfin des réponses et se reconstruire. "Ce sera déjà une bonne avancée, et puis surtout pour les parents, de tourner enfin la page judiciaire pour se concentrer sur la vie d'après", conclut maître Negar Haeri.