Condamné à 8 mois de prison le 1er mars, l'un des jeunes reconnus coupables d'avoir agressé sexuellement la jeune Shaïna en 2017 à Creil a fait appel du jugement. Le parquet de Senlis a interjeté appel à son tour, laissant entrevoir à Amiens dans les prochains mois l'organisation d'un nouveau procès douloureux pour la famille de la victime, assassinée en 2019.
Le calvaire de Shaïna se verra consacrer un nouveau procès. L'un des trois jeunes condamnés le 1er mars à des peines allant de 8 mois à un an d'emprisonnement pour l'agression sexuelle de la Creilloise en 2017 a décidé de faire appel ce 2 mars. Il s'agit du mis en cause ayant écopé de la peine la plus clémente, huit mois.
En conséquence, le parquet de Senlis s'est à son tour pourvu contre le jugement du tribunal pour enfants. "Même s'il voulait probablement, je pense, éviter à la famille un nouveau procès douloureux, le ministère public a dû faire appel car les faits ont été commis en réunion," précise Me Negar Haeri, avocate de la famille de Shaïna.
Un "crachat au visage de la famille"
En faisant appel, ce prévenu impose aux proches de la jeune victime la tenue d'une audience supplémentaire, qui se déroulera à Amiens dans un an, mais aussi aux autres condamnés en première instance, qui ne souhaitaient pas forcément se porter en appel. "C'est bien sûr son droit, rappelle Me Haeri. Mais c'est un nouveau crachat au visage de mes clients."
La famille se battra évidemment. On rentrera dans le combat si on nous y invite.
Me Negar Haeri, avocate de la famille de Shaïna
Au cours des quelques jours d'audience du 31 janvier au 1er mars 2022, la famille a dû entendre en détail le supplice subi en 2017 par Shaïna, alors âgée de 13 ans. Puis endurer les dénégations des jeunes accusés de l'avoir agressée sexuellement, qualifiant la victime, qui avait déposé plainte, de "menteuse". "C'est insupportable car c'est faux, Shaïna reste constante dans toutes ses déclarations. Ils perpétuent la mauvaise réputation qu'on attribue à la victime, alors que celle-ci ne peut plus répondre."
Shaïna a en effet été assassinée deux ans après cette agression sexuelle, en octobre 2019 à l'âge de 15 ans. Ces faits qualifiés d'"assassinat", dont l'instruction est encore en cours à Amiens, feront l'objet d'un tout autre procès devant la cour d'assises des mineurs de l'Oise. En attendant de comparaître, le principal suspect, âgé aujourd'hui de 19 ans, a formulé une demande de remise en liberté que la chambre d'instruction d'Amiens étudiera ce 8 mars.