Après l'assassinat de Shaïna par son petit ami à Creil en 2019, la journaliste Laure Daussy, autrice de "La réputation, la fabrique des filles faciles" (éd. Les Echappés), a enquêté pendant un an pour comprendre les ressorts qui mènent au meurtre d'une adolescente de 15 ans dans des circonstances effroyables. Un podcast de "Hauts féminin", l'émission qui donne la parole aux femmes engagées.
Shaïna, c'est une adolescente qui a été poignardée puis brûlée vive par son petit ami, à Creil, le 25 ocotbre 2019. Son calvaire avait commencé deux ans plus tôt. Elle avait été agressée sexuellement, à l'âge de 13 ans, par plusieurs garçons. Après cela, ses agresseurs ont propagé une mauvaise réputation, la qualifiant de "fille facile". "Cet anathème est éminament sexiste", souligne Laure Daussy. La jeune fille avait également été frappée par l'un de ses agresseurs après avoir porté plainte. Deux ans plus tard, son petit ami, lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte de lui, l'a assassinée, "en quelque sorte pour protéger sa propre réputation", indique la journaliste.
Le contrôle des corps permanent
Quoiqu'elles fassent, les jeunes filles sont sous la menace et le contrôle permanent de cette réputation. Certaines, désormais, s'habillent en jogging ou en vêtements larges, pour ne pas montrer leurs formes. D'autres se voilent pour être sûres qu'on les laisse tranquilles. Ce contrôle va jusque dans leur initmité la plus profonde : on contrôle leur virginité. Shaïna avait été violée dans une sorte de "test de virginité", d'après sa déposition.
"C'est là où se loge le patriarcat le plus exacerbé", appuie Laure Daussy. "Ces adolescentes, leur corps ne leur appartient pas, c'est comme s'il appartenait à l'ensemble du groupe ou de la famille".
Les jeunes filles sont perçues parfois comme une forme des marchandise qui va avoir plus ou moins de valeur en fonction de leur "pureté". C'est tout à fait absurde. D'autant plus que cela s'impose qu'aux filles et pas aux garçons.
Lors de son enquête à Creil, Laure Daussy a été confronté à de nombreuses jeunes filles qui lui ont fait part des pressions qu'elles vivent au quotidien et de leur peur de subir le même sort que Shaïna. La réputation, c'est une épée de Damoclès qui pèse sur les jeunes filles, qui ont peur de tomber, aux yeux de leur entourage, dans la catégorie des "filles faciles". Dès qu'elles font partie de cette "mauvaise catégorie", elles ne sont pus dignes de respect aux yeux des garçons.
>>> Retrouvez l'émission "Hauts féminin" en podcast sur toutes les plateformes audio en cliquant ici.
Laure Daussy précise : "On devient une "fille facile" pour tout et n'importe quoi, jusgte parce qu'on a une vie d'adolescente normale, qu'on veut aller dans un café, qu'on veut s'ahabiller avec une robe ou qu'on veut fréquenter un petit ami."
Parfois, c'est par vengeance qu'une jeune fille peut être catégorisée ainsi, lorsqu'un garçon invente cette réputation, pour salir une fille qui, par exemple, aurait repoussé ses avances...
"Hauts féminin", en replay et à écouter en podcast
Chercheuses, entrepreneuses, militantes, créatrices, artistes, sportives,... France Télévisions donne la parole à des femmes inspirantes et engagées, pour rétablir l’équilibre hommes femmes dans les médias.
"HautsFéminin", du lundi au vendredi à 10h30, donne la parole aux femmes engagées dans les Hauts-de-France
▶ podcast audio : https://audmns.com/EwoTqHK
▶ replay vidéo : https://www.france.tv/france-3/hauts-de-france/hauts-feminin/