VIDÉO. Législatives 2022 - Ce qu'il faut retenir du débat sur la 3e circonscription de l'Oise

Les élections législatives se tiendront les 12 et 19 juin prochains. La région compte 50 circonscriptions. Six d'entre elles feront l'objet d'un débat sur les antennes de France 3 Hauts-de-France. Gros plan sur la troisième circonscription de l'Oise.

La 3ème circonscription de l'Oise regroupe plus de quarante communes du sud du département, dont Creil, Montataire, Méru et Chambly. Dans ce territoire les enjeux sont nombreux : il est le premier à avoir subi de plein fouet la crise covid, le taux de pauvreté y est supérieur à la moyenne nationale, atteignant même 38% à Creil, tout comme le taux de chômage qui culmine à 25 % dans cette commune. 

Cinq des huit candidats aux élections législatives de cette circonscription étaient présents sur notre plateau, lors d'un débat animé par Zohra Hamdane, pour échanger sur 4 thématiques : le pouvoir d'achat, l'économie, la santé et la sécurité.

Étaient Présents :

  • Pascal Bois - (Renaissance député sortant)
  • Valérie Labatut – NUPES (LFI)
  • Christophe Dietrich – Les Républicains
  • Alexandre Sabatou – Rassemblement national
  • Roland Szpirko - Lutte Ouvrière, 

En revanche, étaient absents : Julie Roussel (Reconquête!), Maxime Bouilly Geronimi (Parti Animaliste), Adrien Houabaloukou (DVG).

Retrouvez l'intégralité du débat :

Sur le pouvoir d'achat

Le sortant Pascal Bois se félicite du bilan de la législature qui s'achève, évoquant "la suppression de certaines cotisations sociales, 90 euros de revalorisation sur la prime d'activité, l'exonération fiscale des heures supplémentaires et la suppression de la taxe d'habitation qui concerne 80% des foyers". Il présente l'ambition du camp présidentiel de faire une loi sur le pouvoir d'achat, imposant aux entreprises un "partage des profits".

Face à lui, le maire de Laigneville Christophe Dietrich nuance et souligne, en parallèle de la suppression de la taxe d'habitation, la hausse des taxes foncières. Le maire de Laigneville précise : "si on veut pouvoir répondre aux besoins de nos communes, on est obligés de l'augmenter, c'est le seul moyen". Et présente sa solution pour augmenter le pouvoir d'achat des Français : "il faut une mesure très pragmatique. Quand l'essence avait augmenté, on avait mis en place une taxe flottante, et je pense que c'était une bonne idée."

Pour le candidat de Lutte Ouvrière, conseiller régional creillois : "la seule façon de garantir le niveau de vie des classes populaires, de ceux qui ne vivent que de leur travail, c'est d'imposer des augmentations de salaires massives", proposant un Smic à 2000 euros et l'indexation de l'augmentation des salaires sur l'inflation. Comment financer ces mesures ? Grâce à un système de redistribution des bénéfices des grandes entreprises. "Les profits des grandes entreprises ont explosé (...). Au lieu de distribuer de l'argent perdu à ces groupes qui s'en mettent plein les poches, il faudra les contraindre", estime-t-il.

Cette question de l'augmentation des salaires est également au cœur du propos de Valérie Labatut, la candidate de l'union de la gauche, promet que son groupe fera en sorte d'augmenter le Smic à 1500 euros et d'augmenter le point d'indices des fonctionnaires. "Nous avons évalué à 1 à 2% l'inflation qui serait subséquente, nous la limiterons par une baisse de la TVA sur certains produits de première nécessité, pour lesquels nous bloquerons les prix."

De l'autre côté de l'échiquier politique, le candidat du Rassemblement national Alexandre Sabatou propose quant à lui une baisse sur la TVA : "la TVA sur l'énergie passerait de 20 à 5,5%. Cette mesure permet de freiner la crise inflationniste. L'alimentation est directement dépendante du prix de l'énergie car les transporteurs, pour amener les aliments dans nos supermarchés, utilisent du carburant."

Sur la relance de l'économie

Là aussi, Pascal Bois tire un bilan positif des cinq années précédentes et notamment de la politique du "quoi qu'il en coûte" d'Emmanuel Macron lors de la crise sanitaire, qui a d'après lui "évité un tsunami de licenciements et de fermetures d'entreprise."

"Ça me fait un peu rire", tacle Alexandre Sabatou. "J'aimerais qu'on donne leur chance à tous les jeunes, en exonérant d'impôts les moins de 30 ans. C'est une part toute petite de l'assiette fiscale française, donc ça ne va pas nous coûter grand chose, et ça nous permettra d'éviter la fuite des cerveaux."

Pour Christophe Dietrich en revanche, il faut changer du tout au tout la manière d'aborder le sujet : "depuis le choc pétrolier de 1973, toutes les politiques économiques ont échoué, parce qu'elles étaient dogmatiques et n'avaient rien de concret. Il faut mettre un maximum d'argent sur la recherche et l'innovation (...), et relocaliser tout ce qu'on peut relocaliser."

Valérie Labatut entend, elle, modifier le marché de l'emploi, avec la création "d'un million d'emplois publics, de 850 000 emplois dans le cadre de la bifurcation écologique (...) et de 850 000 emplois grâce au partage du temps de travail, c'est-à-dire avec les 35 heures réelles, la sixième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans."

Sur la santé 

Ce sujet a provoqué une discussion animée entre les candidats. "On n'a jamais eu autant de médecins en France, sauf qu'ils sont très mal répartis", déplore le candidat Les Républicains, et rappelle que la commune dont il est maire a traversé une période sans médecin. "Il faut libéraliser la télé-médecine, car elle doit être pratiquée par les médecins du territoire, mais si on n'utilise pas la télé-médecine, c'est parce qu'on n'a pas de médecin. Deuxièmement, il faut revenir sur la liberté d'installation des médecins. Ça fait 40 ans que les médecins nous mentent, nous disent que ça va se réguler, et aujourd'hui on a le deux pieds dans le désert médical."

Pour le candidat du Rassemblement national, il ne faut pas imposer aux médecins un lieu d'installation, mais les attirer davantage vers les territoires désertés et propose une hausse des salaires des personnels soignants. Il déplore surtout le transfert des urgences de Senlis vers Creil et la fermeture des services d'urgence et de réanimation à Beaumont-sur-Oise : "un député doit être au côté des élus locaux pour défendre la non-fermeture des lits et protéger tous ces services."

Valérie Labatut rebondit en affirmant : "nous rouvrirons les services des urgences et les maternités, nous mettrons fin au non-recours au soin en instaurant le 100% sécurité sociale, nous en finirons avec l'hôpital entreprise et la tarification à l'acte, et nous injecterons 20 milliards d'euros pour l'hôpital." Concernant les déserts médicaux, elle promet la mise en place de centres de santé "pluri-professionnels" dans les territoires ruraux.

Le candidat Lutte Ouvrière déplore lui aussi les fermetures des lits dans les hôpitaux publics. "C'est la lutte des travailleurs qui pourra imposer cette embauche nécessaire de centaines de milliers de personnes dans les hôpitaux, capables de prendre en charge la santé de tous", affirme-t-il.

Face à ces reproches accablants envers le précédent gouvernement, le sortant Pascal Bois tente de relativiser, évoquant les mesures du Ségur de la Santé et les investissements publics. "Vous êtes dans du Bois-bashing, du Macron-bashing, ça me fait sourire !", accuse-t-il. Côté proposition, il parle lui aussi d'attractivité du territoire et de création de maisons de santé.

Sur la sécurité

Sur cette thématique, Christophe Dietrich met en avant son expérience de maire : il affirme que ses actions ont fait baisser de 75% la délinquance dans sa commune. Défenseur de la vidéo-verbalisation, il entend l'étendre dans les communes rurales.

Un argumentaire qui ne convainc pas Valérie Labatut, qui doute de l'efficacité de la vidéo-surveillance et propose de remettre en place la police de proximité, supprimée en 2003. Elle évoque également le recrutement de policiers et l'amélioration de leurs conditions de travail.

Un point sur lequel elle s'accorde avec Alexandre Sabatou, qui considère lui aussi qu'il est nécessaire d'investir plus dans la police. Concernant la justice en revanche, il reprend l'argumentaire déjà bien connu du Rassemblement national, estimant qu'il existe une "impunité [des délinquants] face aux policiers". Il propose le rétablissement des peines planchers, un système supprimé en 2014 qui consistait à fixer une peine minimale en cas de récidive pour les crimes et délits les plus graves.

Pour Roland Szpirko, fidèle aux idées fondatrices de son parti Lutte Ouvrière le débat est ailleurs : "la vraie insécurité, elle est sociale, dit-il. Pour redonner un semblant de confiance, pour arrêter la loi des petits caïds, il faut redonner confiance dans le monde du travail et recréer ce lien social où les travailleurs se tiendront coude à coude."

Un argumentaire que le candidat du camp présidentiel ne rejette pas totalement. "Je rejoins sur le fond Monsieur Szpirko, admet Pascal Bois. Lorsqu'on se lève le matin pour aller au boulot, qu'on a un objectif, on y gagne en dignité, on y gagne financièrement et sur l'estime de soi, c'est pour ça qu'on prône le plein emploi." Mais il propose surtout de créer de brigades en milieu rural, et des "forces d'action républicaine" qui mettraient en relation la police, les magistrats, les associations et l'éducation.


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