Avec 1 500 spectacles proposés, le festival Off d'Avignon est l'endroit parfait pour les directeurs de théâtre et les programmateurs à la recherche de pépites à proposer sur leurs scènes.
Le festival Off d'Avignon n'est pas un moment de détente et de flânerie pour tout le monde. Pour Joséphine Checco, comme pour la plupart des responsables de théâtre, c'est plutôt un marathon. La directrice de la Faïencerie de Creil assiste à plus d'une demi-douzaine de spectacles par jour. Elle recherche des coups de cœur à proposer dans sa saison 2024-2025.
"J'aime bien me laisser surprendre"
Si elle a bien préparé son séjour en amont, elle tient à laisser de la place à la surprise. "Parfois, je suis absolument persuadée que je vais adorer, et ce n'est pas le cas, assure-t-elle. Ou l'inverse : j'y vais un peu dans le doute et puis j'adore. J'aime bien venir avec un regard neuf et me laisser surprendre par le spectacle que je vais voir."
Elle profite aussi du festival pour rencontrer les compagnies, discuter avec les metteurs en scène ou d'autres responsables de programmation. Un moment privilégié pour renforcer son réseau et envisager des collaborations.
Joséphine Checco n'est pas venue toute seule : six membres de l'équipe de la Faïencerie l'ont accompagnée. Au total, ils auront vu environ 200 pièces d'ici à la fin du festival. La directrice du théâtre y tient : les saisons se construisent à plusieurs. "Si les personnes de l'équipe ont vu les spectacles, c'est plus simple d'en parler, de les défendre et d'aller chercher les publics spécifiques, constate-t-elle. Ça m'enrichit aussi : il y a de spectacles qu'elles ont pu voir que je n'ai pas vus, et aussi des spectacles sur lesquels j'ai des doutes, on va confronter nos points de vue et ça va enrichir la programmation."
Les petites salles peuvent aussi trouver leur bonheur
Mais il n'y a pas que les grandes salles comme la Faïencerie qui peuvent trouver leur bonheur ici. Sandrine Lebrun est directrice du Préo de Saint-Riquier dans la Somme, un café-théâtre de 125 places. Elle prévoit d'assister à 80 spectacles pendant toute la durée du festival. Elle a déjà fait une présélection avant de venir : "Quand on arrive à Avignon, on a la bible du spectateur, un catalogue qu'on reçoit en début de saison et qui recense 1 500 spectacles."
Toutefois, comme Joséphine Checco, son programme n'est pas figé. "Il y a ces milliers de comédiens qui dans la rue vont venir nous voir, nous 'tracter'. Il faut se laisser séduire par peut-être un spectacle qu'on n'aurait pas repéré dans le catalogue", estime-t-elle.
On va être séduit par un comédien, une histoire, une proposition. C'est important, c'est le jeu d'Avignon."
Sandrine Lebrun, directrice du Préo de Saint-Riquier
Après ce marathon dans la cité des Papes, il faudra néanmoins faire des choix, en fonction de plusieurs critères. "Nous sommes identifiés comme une salle plutôt d'humour, un vrai café-théâtre, donc déjà, on a la contrainte du contenu. Ensuite, on a des contraintes plus économiques : on est une petite salle indépendante, donc on cherche ce qu'on appelle des petites formes, avec 1 à 3 artistes maximum, 4 parfois, mais c'est plutôt rare. Au-delà, économiquement, ce n'est plus possible pour nous."
C'est tout ce travail que l'on retrouvera dans les salles de la région, dès la rentrée 2024.
Avec Mathieu Maillet