Réunis dans un hôtel près de la gare de l'Est à Paris, les responsables de Forvia, ex-Faurecia, et les délégués syndicaux se confrontent à un avenir incertain. Malgré une situation bénéficiaire, l'annonce de suppressions d'emplois en Europe d'ici à 2028 et la transition vers l'intelligence artificielle suscitent des inquiétudes parmi les 968 salariés du site de Méru dans l'Oise.
La direction de Forvia a récemment annoncé la suppression de 10 000 emplois en Europe d'ici à 2028. Malgré une augmentation du chiffre d'affaires de 10 % et un bénéfice net de 222 millions d'euros, le groupe reste endetté. Cette décision soulève des interrogations quant à l'avenir des salariés du groupe.
L'intelligence artificielle au cœur des préoccupations
Pour accentuer sa rentabilité, le groupe compte aussi "accélérer le déploiement de l'intelligence artificielle", qui promet 50 % d'économies dans les programmes de recherche.
Une volonté qui inquiète particulièrement les employés du site de Méru, dont les deux tiers travaillent dans le pôle recherche et développement. Pour beaucoup, cette transition pourrait se traduire par une réduction des effectifs.
L'arrivée de l'intelligence artificielle va réduire le nombre de salariés au sein de notre entreprise, donc on est vachement inquiets de ce côté-là. On sait qu’il faut vivre avec son temps, mais pas au détriment des emplois des salariés.
Claude, délégué syndical FO
Des perspectives économiques floues
Outre les préoccupations liées à l'intelligence artificielle, le carnet de commandes en baisse sur le site de Méru alimente l'incertitude quant à l'avenir de l'entreprise. L'absence de visibilité sur les programmes à venir renforce le malaise parmi les salariés.
"En général, l’industrialisation, on connait les programmes trois ans avant. Donc aujourd’hui, on est dans le brouillard total. On n'a aucune visibilité, aucun plan de charge clair et net, défini. Lors de la dernière réunion, le président du CSE est venu avec des salades, ses adjoints sont venus les mains dans les poches. Nous, on ne peut pas retourner auprès de nos salariés avec les mains dans les poches. Il n’y a rien de pire que de vivre dans l’incertitude pour les salariés" déplore Zouhair, délégué syndical CFDT.
Vers une restructuration globale
Forvia cherche à réduire sa dépendance à la Chine, où Forvia enregistre 27 % de ses ventes, mais l’essentiel de son résultat.
Mais le plan d'économies prévu, atteignant 500 millions d'euros d'ici à 2028, devrait se traduire par des suppressions de postes et une réduction du recours aux intérimaires.
"Ça va concerner tous les sites, mais pas de la même manière", a précisé le directeur financier de Forvia, Olivier Durand, lors d'une conférence de presse. "On a eu une baisse du marché européen, et on ne voit pas de progression possible à court ou moyen terme. Et on a un certain nombre de sites qui ne fonctionnent pas à leur pleine capacité", a-t-il souligné. "Nous voulons manifester notre ambition de rétablir notre compétitivité complète".
Réactions et mobilisations
Face à ces annonces, les syndicats ont voté à la quasi-unanimité un droit d'alerte économique. Un cabinet d'experts sera mandaté dès la semaine prochaine pour obtenir des réponses précises de la direction quant au nombre de postes impactés et aux sites concernés.
Dans un contexte économique incertain, la transition vers l'intelligence artificielle et les mesures de restructuration annoncées par Forvia suscitent des inquiétudes parmi les salariés, qui organisent un tractage, mardi 12 mars, devant l’usine de Méru.