"Il faut tout de suite réagir pour ne pas que ça empire" : église transformée en mairie cherche subventions pour rénovation

À Catillon-Fumechon dans l'Oise, l'église du village a été désacralisée pour accueillir la mairie. Mais l'édifice, datant du XVIe siècle, subit les outrages du temps. Et le coût des travaux de rénovation est trop élevé pour les finances de la commune.

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À première vue, elle semble indestructible. Du haut de ses 13 mètres, l'église Saint-Nicolas domine le village de Catillon-Fumechon dans l'Oise depuis le XVIe siècle.

Mais depuis plusieurs semaines, des barrières de sécurité ont été installées au pied de ses murs de pierres jaunes, lardés de fissures. "Il y a déjà eu des chutes de pierres. C'est pour ça qu'on a mis des barrières de sécurité, nous montre Didier Dupont, maire (SE) de ce village de 410 habitants. Les gros blocs de pierre se fissurent en façade. Et ça évolue : ce week-end, on a découvert qu’il y a eu un mouvement au sol et que les dalles sont en train de se lever. Il y a un risque d’accident quand les gens viennent à la mairie."

Fusion de communes et de services

Car l'église Saint-Nicolas est aussi la mairie de Catillon-Fumechon depuis 2007. Désaffecté depuis le début des années 1960 après la fusion de Catillon et de Fumechon, l'édifice a été désacralisé pour accueillir les élus et les services administratifs de la nouvelle commune qui tenaient jusqu'alors dans 20 m².

Une idée lancée en 1990 par le sous-préfet de l'époque pour préserver le bâtiment de 400 m², inscrit au titre des monuments historiques depuis 1951. Si des aménagements ont dû être faits pour permettre un accueil du public plus aux normes, la construction d'origine a entièrement été conservée. Le bureau du maire est ainsi installé sous le clocher tandis que le conseil municipal siège dans la nef et que la salle des mariages est dans le chœur.

En 2017, les plafonds des deux petites chapelles latérales avaient dû être refaits. Et les vitraux, rénovés. Pour un montant total d'un million d'euros financés pour moitié par le Conseil départemental de l'Oise.

Car tout le monde dans le village tient à l'église-mairie. Les habitants rencontrés ont tous un souvenir dans ce lieu atypique. Sonia, qui y a été bibliothécaire bénévole et qui s'y est mariée, ne souhaite pas perdre "l'endroit qui rassemble les gens du village." 

Des devis évolutifs

Delphine, elle, habite ici depuis 23 ans. Elle a connu l'église en tant qu'édifice religieux. Pour elle, la priorité, c'est de la sauver : "s'il faut stopper certains travaux dans la commune pour pouvoir la rénover, alors il faut le faire, explique-t-elle. Le village a tout fait pour qu'elle soit préservée en installant la mairie dedans. Ça m'affecterait si elle ne pouvait pas rester en place. Ce serait triste."

Louise "trouve ça dommage. Surtout que le maire s'est battu pour garder le patrimoine en mutualisant la mairie et l'église. Le diocèse avait accepté de la désacraliser pour qu'on puisse garder le bâtiment. C'est le patrimoine de nos enfants quand même."

Tous sont conscients que la situation est alarmante. Les fissures qui lézardent la façade la plus ancienne sur plusieurs dizaines de centimètres sont de plus en plus visibles.

Et la crainte de Monsieur le maire, c'est qu'un bloc ne se détache et ne vienne s'écraser sur la rue principale du village qui borde l'église. Et qui est passablement bien fréquentée.

Un devis de rénovation estime le coût des travaux à 80 000 euros. Une somme qui peut rapidement s'envoler si le diagnostic précis de l'état de la pierre révèle des dégâts plus étendus qu'envisagés. Ce diagnostic, qu'on appelle une purge, coûte 20 000 euros. 

Des demandes de subvention en attente

La facture totale s'élèverait donc à 100 000 euros. Du moins pour le moment : "Il faut tout de suite réagir pour ne pas que ça empire. Les devis que l’on a sont évolutifs. Ils sont aujourd’hui à 100 000 euros et je ne voudrais pas que dans 6 mois, ils soient à 120 000 euros, s'alarme le maire. 100 000 euros, c’est déjà énorme pour une petite commune. Ça représente un quart de notre budget."

Si la municipalité peut engager ses fonds propres pour financer la purge, impossible pour elle de supporter le coût total des travaux. Seule solution selon Didier Dupont : obtenir des subventions de l'État via la Direction régionale des affaires culturelles - puisque le bâtiment est inscrit au titre des monuments historiques - et du Conseil départemental.

Les dossiers ont été déposés, mais pour le moment, aucune réponse. Et si les subventions sont refusées, la municipalité devra financer la rénovation et faire de gros sacrifices : "le coût des travaux de la mairie pourrait mettre en pause les autres travaux sur toute l’année 2025. C’est-à-dire l’enfouissement des poteaux électriques, l’aménagement d’une rue, le fleurissement de la commune, énumère Mr le Maire. Déjà que certains chantiers ont été mis à l’arrêt à cause d’autres chantiers qui se sont greffés... Mais s’il faut annuler des chantiers, tant pis. Je préfère sécuriser les abords de la mairie."

Si le temps presse pour sauvegarder ces vieilles pierres devenues aussi précieuses que fragiles, les travaux de rénovation ne débuteraient pas avant 2025.

Avec Jules Beaucamp / FTV

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