Le maire de Liancourt dans l'Oise, Roger Menn, va démissionner de son mandat dans quelques semaines. Après 35 ans à la tête de sa commune, l'élu veut passer le flambeau à l'une de ses adjointes. Une décision qu'il a prise pour assurer la continuité de sa politique dans les prochaines années.
Au milieu d'une montagne de dossiers, Roger Menn trie, range et classe. Il faut dire qu'en 35 ans à la tête du conseil municipal de Liancourt (Oise), il a amassé bon nombre de documents. Dans quelques semaines, le maire va quitter ses fonctions. "Je n’ai pas envie de devenir gâteux à la tête d'une commune. J'ai passé 35 ans dans ce bureau, donc le moment où je vais quitter le bureau va être difficile", explique l'homme de 68 ans.
Le maire a donc décidé de passer la main. Un choix motivé par souci d'assurer une certaine continuité : "J'ai connu des maires qui en sont à 59 ans de mandat dans le coin. Avec l'âge, on décline. Donc quelque part, je n’ai pas envie de quitter cette mairie en étant diminué intellectuellement et physiquement. Un moment, il faut choisir sa sortie. Moi, j'ai pour volonté de transmettre le témoin".
Je n'ai pas envie que cette municipalité tombe entre les mains du Rassemblement national ou de la droite.
Roger Menn, maire de Liancourt
La politique de sa mairie est aussi une raison importante dans le choix de Roger Menn. L'élu a toujours été socialiste (PS) depuis son élection en 1989 et la majorité de son conseil municipal aussi. "Je n'ai pas envie que cette municipalité tombe entre les mains du Rassemblement national ou de la droite. J'ai envie d'une continuité politique", raconte-t-il.
Lorsqu'il signe sa lettre de démission, Roger Menn sait que sa deuxième adjointe, Laeticia Coquelle, sera son héritière. Depuis le début de son mandat en 2020, elle l'accompagne dans son travail d'élu. "Elle connaît le terrain, les associations et les écoles. Elle aura deux ans pour s'affirmer en tant que maire. Je souhaite qu'elle remporte les municipales en 2026", expose clairement Roger Menn.
Laëtitia Coquelle, quant à elle, se sent désormais prête à assurer cette charge : "J'ai un peu de pression, mais Roger a été très pédagogue avec moi. On a travaillé en collaboration depuis le début du dernier mandat. J'appréhende mes nouvelles fonctions avec beaucoup plus de sérénité maintenant."
Un nouveau quartier construit sous sa mandature
En 35 ans, le maire a vu sa commune évoluée. Sous sa mandature, une crèche, un centre de loisir et une école de musique ont été créés, entre autres. Ce dont l'élu est le plus fier est la construction d'un nouveau quartier dans sa commune. "Lors de mon premier mandat, je pensais que la finalisation de ce projet prendrait six ans. J'ai mis 25 ans à arriver au bout", raconte souriant le Roger Menn. Cette idée est née d'un constat. Il n'y avait pas assez de logements sociaux dans sa commune. Cinq mandats plus tard, le maire estime : "avoir ce qu'il faut".
Au sein du conseil municipal, le travail du maire est respecté. La commune a gagné près de 1 000 habitants sous sa mandature, passant de 6 178 âmes en 1990 à plus de 7 000 aujourd'hui. Ophélie Van Elsuwe est membre de l'opposition. L'élu Horizon confesse : "Même si on n’a pas toujours été d'accord sur certaines lectures et que nous avons des avis différents, on s'est toujours respecté par rapport à notre vision de l'engagement auprès de nos concitoyens".
Peut-être que je verserai une petite larme quand je remettrai les clefs de mon bureau.
Roger Menn, maire de Liancourt
Roger Menn restera à la communauté de communes de son secteur et conseiller municipal à Liancourt. Il ne veut pas quitter le navire définitivement. Par ailleurs, il souhaite écrire un livre sur ses années d'élu. "J'ai envie de raconter mon histoire en tant que maire de Liancourt. Il y a eu des moments de joie, mais aussi de grandes inquiétudes", confesse-t-il. Lorsqu'il fait référence aux moments difficiles, l'élu pense notamment à son agression. Au début de l'année 2023, un homme l'a menacé de mort et lui a craché dessus. Son agresseur a été condamné par le tribunal correctionnel de Beauvais.
Les mauvais souvenirs, Roger Menn n'en garde que très peu en mémoire. Il le sait, les derniers jours de son mandat seront pleins d'émotion. Il confie : "peut-être que je verserai une petite larme quand je remettrai les clefs de mon bureau".
Avec Grégoire Alcalay / FTV