Si tous les sports des Jeux olympiques ont leur équivalent en paralympique, l'inverse n'est pas vrai : deux disciplines sont exclusivement pratiquées par des sportifs porteurs de handicap. On vous explique les règles de la boccia et du goalball.
Les Jeux paralympiques de Paris 2024 s'ouvrent mercredi 28 août. Le 29 août débute les premières compétitions parmi lesquelles celles de deux disciplines exclusivement handisports : la boccia et le goalball n'ont pas leur équivalent en sport valide. On vous explique les règles.
La boccia
Boccia signifie "boule" en italien. Cette discipline apparue aux Jeux paralympiques en 1984 ne concerne que les personnes en situation de handicap moteur : celles atteintes d'infirmité motrice cérébrale, de myopathie ou encore tétraplégiques. La boccia ne se joue donc qu'en fauteuil roulant selon quatre catégories de handicap :
- les BC (BoCcia) 1 : atteints de paralysie cérébrale, ils ont besoin d’un assistant pour manœuvrer leur fauteuil roulant, peuvent jouer à la main ou au pied ;
- les BC2 : atteints d’une infirmité motrice cérébrale, de niveau moindre, ils peuvent jouer sans assistant ;
- les BC3 : atteints d’un handicap important, ils ont besoin d'une assistance matérielle et/ou d'un assistant ;
- les BC4 : atteints d’un handicap affectant tous les membres et le tronc, mais n’ayant pas de troubles de la coordination, ils peuvent jouer à la main. Pour ceux jouant au pied, un assistant est présent.
La boccia est donc un sport de balles. Un sport qui s'apparente à la pétanque "mais c'est une discipline à part entière, précise Anthony Morchoisne, directeur technique au comité handisport du Pas-de-Calais. Le but du jeu, c’est de se rapprocher non pas d’un cochonnet, mais d’une balle blanche appelée le jack. Et à la différence de la pétanque, le jack est de la même taille que les balles. Les joueurs ont soit des balles bleues soit des rouges et ils doivent viser le jack. En tout, il y a toujours 12 balles sur le terrain."
Un terrain qui mesure 12,5 mètres sur 6 m de large. Chaque joueur doit évoluer dans une zone de lancement qui fait un mètre sur 2,5 m. "Les joueurs qui jouent avec une rampe sont soumis à la même règle : la rampe et l’assistant ne doivent sortir de cette zone de jeu", détaille Anthony Morchoisne.
Les joueurs les plus handicapés sont en effet autorisés à jouer avec une assistance matérielle : une rampe de lancement mise en place par un assistant et éventuellement un pointeur pour déclencher la chute de la balle. "L’assistant est toujours dos au jeu. C’est le joueur qui lui dit où et comment diriger la rampe. Ce n’est pas l’assistant qui joue : il est juste là pour aider le joueur dans le maniement de la rampe."
La boccia se joue en simple, en doublette ou en triplette. En simple, chaque joueur lance six balles. En double, trois balles chacun et si on joue en triplette, deux balles chacun.
Les matchs en individuel ou en double se jouent en quatre manches et en six manches pour les rencontres en triplette : "en simple, chaque joueur lance deux fois le jack par manche et tout le monde joue à tour de rôle, précise Anthony Morchoisne. En doublette et en triplette, chaque joueur le lance une fois. On compte les points en fonction de la distance de chaque balle avec le jack. Contrairement à la pétanque où il faut atteindre 13 points, à la boccia, il n’y a pas un minimum de points à faire : on compte les points au fur et à mesure des manches."
Aux Jeux paralympiques de Paris 2024, la France présente une équipe en team qui réunit les catégories BC1 et BC2, une équipe en BC3 en triplette et des joueurs en individuel dans ces trois catégories, les BC4 n'étant pas représentés.
C'est pour cette raison que le président du Boccia club Calais, seul club handisport dédié à la boccia des Hauts-de-France, ne participe pas aux Jeux paralympiques, bien que membre de l'équipe de France paralympique et champion de France 2023 en double.
"Dans la région, la boccia est le premier ou le deuxième sport en termes de licenciés handisports, confirme Anthony Morchoisne. Les Hauts-de-France sont l’une des régions les plus dynamiques dans ce sport. Parce qu'il y a beaucoup de clubs multisports qui font de la boccia parmi d’autres handisports."
Les épreuves de boccia commencent le jeudi 29 août à 10h30 avec les individuels BC2 hommes.
Le goalball
Si la boccia est un sport de stratégie, le goalball, deuxième sport exclusivement paralympique, est plutôt une discipline de vitesse. Pour gagner, il faut être rapide et agile.
Le goalball a été inventé en 1946 par des vétérans de la Seconde Guerre mondiale devenus déficients visuels. Il est une discipline paralympique depuis 1976, date des Jeux de Toronto. La compétition est exclusivement masculine jusqu'en 1984.
Les joueurs de goalball sont donc tous non-voyants ou malvoyants. Pour que tous soient au même niveau de handicap, ils portent un masque occultant.
Le but est d'envoyer une balle contenant un grelot dans le but de l'équipe adversaire. Deux particularités : chacun des six joueurs doit rester dans le côté de terrain attribué à son équipe et long de 18 mètres ; le but s'étire par ailleurs sur toute la largeur de l'espace de jeu, soit 9 mètres. Les zones de jeu sont matérialisées par des ficelles que les joueurs peuvent sentir avec leurs mains.
"Pour envoyer le ballon dans le but de l’adversaire, il faut le faire rouler au sol. On ne peut pas le lancer, explique Anthony Morchoisne. Les trois joueurs sont alignés et pour défendre, ils doivent s’allonger de tout leur corps, bras tendus, jambes tendues pour prendre le maximum de place devant le but et éviter que le ballon ne rentre." Les joueurs n'ont pas de poste attitré : ils sont tout à tour gardiens, défenseurs et attaquants.
Les matchs sont très intenses et rapides. Ils se jouent en deux mi-temps de 12 minutes. L'équipe gagnante est celle qui a marqué le plus de buts. Un jeu qui est particulièrement réglementé : "le ballon ne doit rebondir. Il ne doit pas être lancé trop haut. Le joueur qui récupère le ballon a 10 secondes pour le renvoyer. Un même joueur ne peut pas récupérer le ballon trois fois de suite. Les joueurs n'ont pas le droit de toucher leur masque et encore moins de l'enlever, énumère Anthony Morchoisne. Si ces règles ne sont pas respectées, ça fait une pénalité pour l'équipe. Et pour une pénalité, on sort du terrain deux joueurs le temps d'un tir. Ce qui fait qu'il n'y a plus qu'un seul joueur pour défendre les 9 mètres de but."
Comme au cécifoot, le plus grand silence doit être observé.
S'il y a peu de clubs de goalball dans les Hauts-de-France, les membres de l'équipe de l'Unadev (Union nationale des aveugles et déficients visuels) des Hauts-de-France seront présents aux Jeux paralympiques de Paris 2024.
La France a par ailleurs engagé une équipe féminine de goalball et une masculine. Ce sont les femmes qui débuteront la compétition des phases de poule à 14h45 face au Canada.
