Un mois avant de représenter la France aux Jeux olympiques de Paris, Madeleine Malonga, en pleine préparation, a répondu aux questions de France 3 Hauts-de-France. La judokate, originaire de Chambly dans l'Oise, assure avoir franchi une nouvelle étape mentalement durant les derniers mois.
Comment vous sentez-vous à l’approche des Jeux ?
Je me sens plutôt bien. Un peu de fatigue, c’est vrai, après cette longue année, cette longue période sélective, mais je me sens bien. On est à un mois [ndlr, l'interview a été réalisée le 24 juin], mais ça monte tout doucement, l'adrénaline et le stress.
Votre saison a été marquée par une longue concurrence avec Audrey Tcheumeo en vue de la sélection olympique. Comment avez-vous vécu cette période ?
Je suis restée focus et j'ai vraiment cru, jusqu'au bout, que c'était possible. Et je pense que c'est ce qui a fait que j'ai réussi à avoir cette sélection : je n'ai jamais lâché mentalement, avec le recul, je me dis "Waouh ! Tu as vraiment été très forte !" Parce que ça a vraiment été très dur. Il y a eu des périodes très difficiles honnêtement, des grosses remises en question, des moments de doute, mais au fond de moi, je savais que c'était possible et je me suis battue jusqu'au bout.
C’est vraiment mentalement que j’ai franchi une nouvelle étape.
Madeleine Malonga
Quels sont les axes de votre préparation olympique ?
Je travaille énormément en préparation mentale, avec ma préparatrice Anaëlle Malherbe, sur le sens : pourquoi je suis là ? Pourquoi je le fais ? (...) Qu'est-ce qui est important pour moi ? Et à partir du moment, où j'ai posé des mots sur ce que je voulais, sur ce que je croyais, ça a été beaucoup plus facile. Savoir que je le fais pour moi et uniquement pour moi, que j'ai envie de me rendre fière, de me prouver à moi-même que je suis capable de la faire, d'aller au bout des choses, ça m'aide tous les jours, même dans des moments parfois difficiles et en compétition surtout.
En quoi cette préparation est-elle si importante pour une sportive de haut niveau comme vous ?
J'ai toujours été habituée à repousser mes limites, mais quand tu repousses tes limites mentales, c'est encore autre chose. Je suis habituée à avoir mal, mais être parfois au fond du trou, ne pas dormir certaines nuits, où tu ne sais pas, tu stresses et malgré tout revenir sur le tapis, la tête haute, combattre et gagner, c'est là, où je me dis, avec le recul, que c'est dingue quand même. C'est vraiment mentalement que j'ai franchi une nouvelle étape.
Le plus important, c’est de rester unis, que les supporters prennent bien conscience qu’on veut juste donner le meilleur.
Madeleine Malonga
Qu'est-ce qui a changé entre la Madeleine de Tokyo 2021, où vous avez décroché la médaille d'argent et la Madeleine de Paris 2024 ?
L’expérience, forcément, quand tu as déjà fait des Jeux olympiques. Mais c'est vrai que les Jeux à Paris, ça va être vraiment quelque chose de différent. Personne ne sait comment ça va se passer : la foule, l’engouement du public, ça peut être parfois déstabilisant.
Les Jeux à domicile apportent-ils une pression supplémentaire ?
Je ne me mets pas de pression honnêtement. Ça a été tellement dur pour arriver à cette sélection, à m'autoriser, à me dire que je vais représenter les -78kg le 1er août, que je ne me mets pas de pression, que j'ai juste envie de kiffer ma journée à fond. Et le public, je me dis qu'ils sont là pour nous, pour moi et qu'ils seront très contents de nous encourager. Après évidemment, c’est du sport : parfois, on gagne, parfois, on perd. Mais le plus important, c’est de rester unis, que les supporters prennent bien conscience qu’on veut juste donner le meilleur, avoir le plus de médailles possible et il y aura forcément des déçus et des heureux, mais soyez indulgents envers nous.
Avec Rémi Paquelet / FTV