Ils viennent d'Egypte, du Mali, du Congo ou encore d'Afghanistan, de jeunes élèves allophones ou qui viennent d'apprendre le français sont à l'honneur. Une exposition à la mairie de Beauvais met en avant leur parcours jusqu'à la fin du mois de novembre.
Depuis le 8 novembre, la mairie de Beauvais accueille l'exposition "Parcours lumineux : les nouvelles voix francophones".
À travers des vidéos, des photographies et des textes, elle valorise le parcours de plusieurs élèves allophones (ou nouvellement francophones) inscrits en filière FLS (Français seconde langue) du Lycée Jean-Baptiste Corot.
"Mettre en valeur le parcours de ces élèves"
Le parcours FLS est un dispositif qui accueille des élèves allophones qui ont entre 16 et 18 ans. Celui-ci leur permet, pendant un an, de construire leur projet professionnel et d'améliorer leurs connaissances en français, mais aussi dans d'autres manières.
Cette exposition est "un rêve qu'on avait avec Juliette, la photographe, de mettre en valeur le parcours de ces élèves qui est vraiment incroyable, explique Natacha Bozilovic, professeur principale du parcours FLS. Ils sont très méritants. Donc, on a réfléchi par la photo et par d'autres biais artistiques".
La professeure voulait leur rendre hommage. "Quand vous entendez leurs histoires, leur parcours, on ne se rend pas compte de la chance qu'on a d'avoir ces personnes qui sont ici, dans notre école, dans notre pays, dans notre société, parce que généralement les gens peuvent avoir quelques préjugés à cause de toutes ces barrières", poursuit-elle.
Natacha Bozilovic note que derrière ces sourires, il y a "beaucoup" d'embûches, de tristesse, de complications et de problèmes. Mais derrière ces histoires et cette exposition, elle veut faire passer un message essentiel : tout est possible.
"Mettre en lumière" ces jeunes
Sur les photos, "on a essayé de leur faire évoquer cette idée de déracinement et cette idée de difficulté d'être éloigné de sa famille", souligne Juliette De Cuzey, la photographe. Beaucoup de ces jeunes n'ont pas de contact avec leurs proches, car ils viennent de villages où il n'y a pas de moyens de communication. "Donc c'est compliqué d'appeler sa mère, son père, d'avoir des nouvelles de sa sœur", ajoute-t-elle.
En général, les jeunes sont venus avec un membre de leur famille et l'ont perdu en cours de route. "Ça, on ne peut pas le représenter : qu'est-ce que ça fait d'arriver en Grèce et de devoir choisir une voiture, et ta mère part dans une autre voiture, mais tu n'as plus de nouvelles d'elle car elle ne sait pas se servir des nouvelles technologies, n'a pas forcément Facebook, de téléphone".
L'objectif de Juliette de Cuzey n'est pas "nécessairement" de traduire les difficultés par la photo. "Quand je réalise un portrait, je veux vraiment mettre en valeur les gens, me focaliser sur la beauté de la personne, pas au sens esthétique, mais de la mettre en lumière", détaille la photographe.
Elle et Natacha Bozilovic ont mobilisé plusieurs disciplines pour qu'il n'y ait pas de frictions entre ceux qui maîtrisent le français et ceux qui sont encore débutants. "Il n'y a pas d'obstacles à cette mise en valeur dans le cadre d'un portrait parce que c'est simplement le langage corporel. Pour ceux qui rencontrent des difficultés à écrire, mais qui sauraient parler français, il y a des interviews vidéos". Et pour les personnes qui arrivent à "mobiliser l'écriture, il y a les textes".
On a utilisé ces trois disciplines pour essayer d’engager les jeunes, peu importe leur niveau et de chercher différents angles pour les mettre en valeur et les faire se sentir bien et fiers. L’idée, c’est de changer la perspective, le regard des gens sur les migrants.
Juliette De Cuzey, photographe
"Je vois le parcours que j'ai effectué jusqu'à aujourd'hui"
Arrivé dans l’Oise il y a 3 ans, Ali Elsheikh, originaire d’Egypte a posé pour la première fois devant l'objectif. "Quand je vois ma photo dans une exposition comme celle-ci, ça me fait réfléchir et je vois le parcours que j'ai effectué jusqu'à aujourd'hui", observe-t-il.
"C'était compliqué au début étant donné qu'en arrivant en France, je ne savais pas parler un mot de français", raconte le jeune homme qui a intégré le lycée Jean-Baptiste Corot en 2021. Désormais, il s'apprête à passer son bac professionnel commerce.
Mamadou Dabo a quitté le Mali il y a presque un an. Comme ses camarades, il sera pris en photo à la fin de son cursus. Être scolarisé en FLS, "ça me donne du courage, c'est quelque chose qui me motive dans mes études. Ensuite, je veux réfléchir à ce que je veux faire comme métier, trouver un bon emploi", soulève-t-il.
L’exposition est à découvrir en mairie de Beauvais jusqu’au 30 novembre.
Avec Léna Malval / FTV