L'intimité de Louise d'Orléans, première reine des Belges, au cœur d'une exposition au musée Condé de Chantilly

Des objets inédits ayant appartenu à la princesse Louise d’Orléans, sont exposés pour la première fois au public. L’occasion de découvrir des fragments de la vie personnelle de la sœur du duc d’Aumale, héritier du château de Chantilly. L’exposition est à découvrir au musée Condé au château de Chantilly, jusqu’au 16 février 2025.

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On connait l’histoire des rois et des reines à travers leurs portraits officiels, mais qu’en est-il de leur quotidien, de leurs relations intimes et des objets qui ont traversé leur vie ? L’exposition consacrée à Louise d’Orléans au musée Condé, offre un regard inédit sur cette figure royale méconnue, en mettant en lumière des objets personnels jamais exposés au grand public.

La jeunesse en aquarelles

Parmi les pièces les plus touchantes de l’exposition, on retrouve une série d’aquarelles représentant la jeune Louise dans sa jeunesse. Ces aquarelles témoignent d’une éducation traditionnelle pour elle, comme pour ses sœurs.

Timide et réservée, elle n’en est pas moins une élève appliquée et studieuse qui apprécie particulièrement la lecture et les langues étrangères. "Je comprends parfaitement l’anglais, écrit-elle, c’est la langue qui me plaît le plus. Je ne sais si c’est parce que c’est celle que je sais le mieux ou parce que c’est celle où j’ai lu Byron, Shakespeare et Walter Scott."

Aucun temps mort n’est ménagé dans sa formation. Sorties familiales, excursions et voyages se succèdent. Un journal de voyage montre notamment son intérêt pour l’histoire et l’architecture.

L’éducation artistique tient également une place de choix. Elle suit les enseignements du peintre Ary Scheffer dont elle copie des œuvres et de Pierre-Joseph Redouté.

Des lettres pleines de tendresse

Ces dessins font écho à la correspondance intime que Louise a toujours entretenue avec sa famille. Après son mariage avec Léopold 1er en 1832, elle vit comme un déchirement son départ pour la Belgique et sa séparation avec ses proches, en particulier sa sœur Marie.

Pour se consoler, elle s’adonne à une correspondance quotidienne. Désormais, leur bonheur est de se retrouver à Bruxelles ou à Paris. C’est à l’occasion d’un de ces séjours que Marie fait le portrait de Louise.

Des bracelets offerts par la reine Victoria

En plus de ces courriers, Louise cultive aussi son goût pour les bijoux de sentiment. Parmi ces trésors, une toute nouvelle acquisition du musée Condé, une paire de bracelets offerts par la reine Victoria. "C’est un cadeau de la reine d’Angleterre à Louise d’Orléans pour son anniversaire en 1844", précise Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée Condé au château de Chantilly. "Celui-ci est incroyable, reprend-il. Vous avez des petits médaillons en forme de cœur, parfois dotés de pierres précieuses, qu’on appelle des acrostiches. À l’intérieur, vous avez des mèches de cheveux qui sont enfermés dans des compartiments en verre, des proches de la reine des Belges, ses sœurs, ses frères, ses parents. Et très subtilement, vous avez les initiales gravées. Notamment HO, Henri d’Orléans. Et l’autre est encore plus incroyable. L’initiale de chaque pierre compose un prénom. C’est celui de la personne qui est représentée à l’intérieur. C’est très romantique, vraiment typique de la première moitié du XIXe siècle."

Comme les autres membres de sa famille, la reine des Belges appréciait particulièrement les médaillons à l’œil : partie la plus évocatrice du visage, l’œil était considéré comme "la voix de l’âme".

Chaussons de bal : éclats d’une vie mondaine

Posée avec grâce, une paire de chaussons de bal en satin témoigne des fastes d’un autre temps. Ces souliers fins rappellent les soirées mondaines où Louise apparaissait, élégante et discrète. "Dans toute sa correspondance, elle parle des bals et on voit que parfois, elle a du mal en public, mais elle s’y amuse, raconte Julien De Vos, directeur du service des musées et du patrimoine culturel de la province de Namur. Il y a quelque chose d’émouvant parce que c’est rare d’avoir quelque chose d’aussi fragile et conservé pour une personne historique. Elle avait énormément de choses dans sa garde-robe comme toutes les reines et les grandes dames de l’époque. Donc c’est un privilège d’avoir ce genre d’objets qui a réussi à tenir pratiquement deux siècles."

Un mobilier plein de symboles

Au-delà des objets, on découvre sur le parcours de l’exposition, un ensemble mobilier en bois sculpté et doré : "c’est du mobilier français qui a été commandé par Napoléon pour les palais français, et qui a été offert par la reine Marie-Amélie et le roi Louis-Philippe, comme cadeau de mariage."

Plus qu’un simple ornement, ce mobilier symbolise l’espoir et l’amour que les parents portaient à leur fille à l’aube de son union avec Léopold Ier. La nouvelle monarchie belge ne devait pas seulement s’installer sur les terrains de la diplomatie et de la politique, elle devait surtout asseoir son fragile statut. Louise et ses attaches françaises ont joué un rôle de premier plan dans cette perspective.

Une fin prématurée, un héritage vivant

L’exil de son père après la Révolution française de 1848 et sa mort deux ans plus tard, altèrent la santé déclinante de la reine. Louise meurt aux premières lueurs du 11 octobre 1850 à Ostende à l’âge de 38 ans, entourée des siens. Elle laisse derrière elle trois enfants au destin parfois plus tragique.

L’historiographie retient d’elle le surnom de "Reine bien-aimée".

Loin de refermer son histoire, cette exposition invite à explorer davantage la vie de cette reine dont le parcours, bien que trop court, continue de révéler de nouveaux secrets.

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