Des chercheuses françaises ont réalisé une première carte des zones les plus à risques de tiques sur le territoire français. Elle sera bientôt couplée à une carte météo, qui évaluera les risques selon le temps. L'Oise est l'un des départements les plus touchés des Hauts-de-France.
En été, on le sait, les promenades en forêt ne sont pas sans risques, surtout dans l'Oise et le sud de l'Aisne. Les tiques prolifèrent dans ces départements.
Or, on sait qu'une piqûre des tiques Ixodes ricinus peut transmettre une bactérie appelée Borrelia burgdorferi, à l'origine de la maladie de Lyme. Plus de 60 000 cas ont été recensés par le programme participatif Citique, coordonné par l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), sur tout le territoire en 2020. Un chiffre en hausse depuis une dizaine d'années.
Une carte des "zones à tiques"
Pour aider à protéger la population, une équipe de scientifiques de l'Inrae, a mis au point une carte de France, appelée "les zones à tiques".
Afin d'élaborer cette carte, les chercheuses Isabelle Lebert, Magalie René-Martellet et Karine Chalvet-Monfray, se sont basées sur quatre critères : le climat, la nature du sol, l'abondance d'hôtes nourriciers et l'altitude. Ces petites bêtes noires supportent mal les environnements secs. Elles se développent plus facilement dans les milieux forestiers ou autres environnements humides et supportent mal l'altitude. Elles se nourrissent sur une grande diversité d'animaux, le repas de sang étant indispensable à leur cycle de vie.
L'Oise et le sud de l'Aisne concernés
Ainsi, la carte montre que les zones les plus favorables à la présence des tiques se situent dans le Centre, le Nord-Est, et le Sud-Ouest de la France. Elle colore aussi en rouge l'Oise (les secteurs du Noyonnais, du Clermontois et Creillois) et le sud de l'Aisne.
"C'est connu que les gens qui se baladent là sont exposés aux tiques, mais exposés aux tiques ne veut pas dire exposés à la maladie de Lyme, rassure Jean-Philippe Lanoix, infectiologue au CHU d'Amiens. Nos tiques en Picardie, il n'y a pas très longtemps, étaient très peu infectées à la maladie de Lyme. Alors que dans des régions comme l'Est de la France, il y a beaucoup plus de tiques infectés à la Borrelia burgdorferi."
Il ajoute que "ce n'est pas du tout la même chose d'être exposés aux tiques en Alsace qu'être exposés aux tiques en Picardie. Et non seulement, toutes les tiques ne sont pas infectées à Lyme, mais toutes les piqûres de tiques ne sont pas contaminantes".
Vers une carte météo des tiques
D'après les données de Santé publique France, 20% des tiques portent la bactérie Borrélia. Elles ne représentent un risque qu'en période d'activité, c'est-à-dire d'avril à novembre.
C'est en prenant en compte tous ces paramètres que les chercheurs ont établi un modèle de prévision. Bientôt, un "bulletin météo du risque tiques" permettra de prédire l'activité des tiques en fonction des conditions météorologiques, et pourra prévenir à l'avance si telle ou telle commune sera ou non envahie par les tiques.
Pour éviter de se faire piquer
Si toutes les piqûres de tiques ne sont pas infectées par la bactérie Borrelia, mieux vaut s'en protéger avant d'aller se promener. "C'est comme pour les moustiques, précise Jean-Philippe Lanoix. Il y a des gens qui attirent les tiques. C'est un effet d'odeur de la sueur. On n'y peut rien. Quand on le sait, il faut être plus vigilant. Il y a des répulsifs pour les vêtements et des répulsifs pour la peau. Ils sont disponibles en pharmacie. Ce ne sont pas les mêmes. Il ne faut pas mettre le répulsif des vêtements sur la peau, c'est toxique".
Autre recommandation, s'habiller en conséquences. Se couvrir les bras et les jambes. "On conseille de mettre le pantalon dans la chaussette pour éviter que ça passe sous le pantalon". Et quand on rentre de promenade, il faut vérifier soigneusement l'ensemble du corps, en insistant sur les plis de la peau. "il faut s'inspecter, insiste l'infectiologue. Si on trouve une tique, la première chose à faire est de la retirer avec un tire-tique. On le trouve en pharmacie. La technique est simple, on tourne et on enlève. Ça, c'est vraiment important. Il faut que les baladeurs en forêt aient des tires-tiques".
Une rougeur apparue après une piqûre disparaît au bout de deux ou trois jours. La zone concernée doit être surveillée pendant un mois. "Pas besoin de surveiller toutes les heures. Une autre rougeur peut apparaître au bout d'une semaine qui va progressivement s'élargir, c'est ce qu'on appelle l'érythème chronique migrant et là, il faut consulter pour être traité. La plupart du temps, ça se règle très bien avec un antibiotique. Si on n'a rien, ça ne sert à rien de prendre ni un traitement, ni de faire une sérologie."
Et même si la tique transmet la Borrelia, "ça ne veut pas dire qu'on va développer la maladie", conclut Jean-Philippe Lanoix.