La présence du loup dans le Pays de Bray inquiète les éleveurs de l'Oise : "demain, notre société devra choisir entre le loup et l'agneau"

La multiplication des attaques de loup en Seine-Maritime inquiète les éleveurs de l'ouest de l'Oise. Ils craignent que l'animal sauvage franchisse la frontière et s'attaque à leur troupeau.

C'est un problème récurrent dans le sud-est de la France, auquel on n'a pas l'habitude de faire face dans l'Oise... pour le moment. Mais depuis le début de l'année, dans le département voisin de Seine-Maritime, il y aurait déjà eu une vingtaine d'attaques de loups sur des troupeaux d'élevage.

"Tous les jours, on a peur"

Maryline Caron, éleveuse à Hécourt, commune isarienne située à la frontière avec la Seine-Maritime, est inquiète pour ses bêtes. Elle se souvient du 17 décembre 2020, quand elle a retrouvé trois brebis et un bélier tués. "Je les ai retrouvés morts en pâture, avec des morsures à la cuisse arrière et des marques de crocs à la gorge. Au début, on a pensé à un chien, parce qu'on ne voit quand même pas des loups tous les jours." Après avoir appelé des spécialistes, elle comprend qu'il s'agit pourtant bel et bien d'une attaque de loup. "Les morsures du chien sont plus petites, là, c'était vraiment la longueur de croc d'un loup."

À la perte financière, estimée à 1 200 euros, s'est ajoutée la crainte de voir ses autres bêtes attaquées. "Il y avait 200 bêtes en pâture, on ne pouvait pas les rentrer, donc le lendemain, on s'est demandé si on n'allait pas retrouver la même chose." Une inquiétude qui a fini par s'estomper, mais qui revient depuis quelques mois avec la recrudescence des attaques. "Tous les jours, on a peur."

Pas de présence permanente dans l'Oise

La préfecture de l'Oise reste donc vigilante quant à la potentielle présence du loup dans le département. "À ce stade, nous n'avons pas d'éléments qui indiqueraient une présence permanente du loup dans l'Oise, d'une colonisation de l'Oise par le loup, rassure Faustin Gaden, le directeur de cabinet. Nous avons en revanche des indices de passages, des loups qui peuvent traverser le département. (...) Il peut y avoir de manière toute à fait ponctuelle des attaques de ces loups errants."

Il indique par ailleurs qu'un réseau de surveillance du loup est déployé dans le département depuis 2017. "Il a pour but de renseigner, d'analyser toutes les traces, tous les indices qu'on pourrait avoir dans le département et qui pourrait indiquer la présence du loup, précise-t-il. Depuis la mise en place du réseau, nous avons constaté deux attaques sur des proies domestiques, qui ont eu lieu en 2020."

Une espèce protégée

Une vigilance d'autant plus importante aujourd'hui qu'à l'échelle nationale, la population de loup augmente. 624 individus ont été recensés en France en 2021, et 921 cette année. Face à cette hausse, Luc Smessaert, vice-président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, estime qu'il faut "vraiment soutenir les éleveurs". Installé lui aussi près de la frontière normande, il n'a pas subi d'attaques, mais s'inquiète.

"On est en train de vivre ce que les départements du sud et de massifs vivent depuis 20 ans. Il faut au moins que les éleveurs puissent avoir la possibilité de se défendre, c'est-à-dire d'abattre un loup s'il le faut. (...) On ne peut pas mettre un chien de surveillance derrière chaque herbage !"

Il faut savoir que le loup est une espèce protégée, et leur élimination n'est possible que sur autorisation de la préfecture et sous des conditions strictes. Tuer un loup en dehors de ces règles est puni par la loi, par des peines pouvant aller jusqu'à deux ans de prison et 150 000 euros d'amende. Les associations de protection animale veillent par ailleurs au grain et milite contre ces abattages.

Mais pour Luc Smessaert, la question se pose en d'autres termes : "demain, notre société devra choisir entre le loup et l'agneau, et derrière l'agneau, il y a l'élever. Le loup n'a pas sa place dans les plaines. (...) Qu'on ait des sangliers, des chevreuils, des renards, pas de problème, mais le loup n'a pas sa place dans nos départements."

Des indemnisations possibles en cas d'attaque

Impossible de savoir pour le moment de quoi sera fait l'avenir. Mais la préfecture précise : "si les agriculteurs ont un doute, une suspicion de présence du loup, il faut qu'ils saisissent tout de suite les services de la préfecture qui pourront mettre en place toutes les analyses nécessaires, et en cas de présence avérée, indemniser les agriculteurs qui seraient touchés."

Il existe en effet un dispositif mis en place par le ministère de la Transition écologique pour indemniser sous certaines conditions les pertes de bêtes, qu'elles soient tuées ou disparues à la suite d'une attaque, mais aussi les pertes financières consécutives au stress de l'attaque sur les animaux d'élevage. 

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