La prison de Liancourt bloquée après l'agression d'un gardien : "Ce n'est plus vivable, il nous manque 50 surveillants"

Le centre pénitentiaire de Liancourt, dans l'Oise, est bloqué depuis 6h du matin ce mercredi 26 juillet. Les surveillants pénitentiaires protestent contre l'insécurité et le manque de personnels après l'agression d'un de leurs collègues quelques jours plus tôt.

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Ils se sont réunis dès 6h du matin devant la prison de Liancourt, dans l'Oise, mercredi 26 juillet. Les surveillants de ce centre pénitentiaire exigent des moyens humains supplémentaires, sans quoi ils reconduiront leur mouvement de grève. 

Si les problèmes de sous-effectifs ne sont pas nouveaux ici, les évènements des dernières semaines ont été la goutte de trop pour ces gardiens de prison. Vendredi 21 juillet, un surveillant a subi "une violente agression [...], il s'est fait poignarder lâchement au niveau de la cuisse arrière", explique Sébastien Cammerman, délégué UFAP du personnel pénitentiaire de Liancourt. "Le collègue, heureusement, s'en sort bien, mais ça aurait pu être bien plus grave", souligne-t-il. Quinze jours plus tôt, "un collègue a failli se faire crever les yeux et perdre la vue", ajoute le délégué syndical.

"On n'est plus capables d'assurer le service minimum"

Des faits que les syndicats imputent à un problème de sous-effectif. "Sur la direction interrégionale de Lille, Liancourt est l'établissement le moins armé en termes de personnel. C'est dû à la situation géographique de l'établissement parce qu'on a énormément de surveillants mutés qui ne sont pas remplacés et il y a également un problème national de recrutement", appuie Vincent Sporakowski, délégué CGT du personnel pénitentiaire de Liancourt.

Résultat, "il nous manque 50 surveillants sur la structure. Et on réclame 25 personnels d'urgence dès la prochaine sortie d'école", expose le délégué syndical. Actuellement, les prises de service "s'effectuent à moins de dix agents alors que nous sommes déjà en mode dégradé", pointe-t-il. "On n'est plus capables d'assurer le service minimum, la journée type en détention, et la continuité du service public tout simplement."

"On dépasse les 70 heures supplémentaires par mois"

Les surveillants sont arrivés à un point de saturation. Les arrêts maladie se multiplient. "On fait des heures à profusion. On dépasse les 70 heures supplémentaires par mois, les rappels sur repos se font ressentir, et la vie de famille en pâtit", énumère Sébastien Cammerman. "Ce n'est plus vivable pour les personnels", résume le délégué CGT.

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Sébastien Cammerman, délégué UFAP du personnel pénitentiaire de Liancourt. ©FTV

Contactée, la direction interrégionale de Lille indique qu'elle ne fera pas de commentaires sur le sujet. À noter que le centre pénitentiaire de Liancourt ne connaît pas de problème de surpopulation selon l'observatoire international des prisons (OIP).

Une réforme pour rendre le métier de surveillant plus "attractif"

Mardi, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a dévoilé les détails de sa réforme du statut des agents pénitentiaires annoncée en février et qui entrera en vigueur début 2024. Alors que 15 000 nouvelles places de prison doivent être créées d'ici à 2027, cette réforme vise à rendre plus "attractifs" les métiers de la pénitentiaire, précise l'AFP. 

Parmi les mesures annoncées, le ministère prévoit notamment un changement de statut des surveillants pénitentiaires qui passeront de la catégorie A à la catégorie B (un recrutement niveau bac). Ce changement de statut implique une grille de salaire revalorisée ainsi qu'un avancement de carrière dû à l'ancienneté plus rapide.

Permettre le recrutement d'agents contractuels

Les surveillants du premier grade verront également leur salaire augmenté de 216 euros par mois en moyenne par rapport au 1er janvier 2022. La réforme prévoit par ailleurs de doubler la prime d'indemnisation pour charges pénitentiaires. 

La loi pour la réforme de la Justice votée le 18 juillet dernier va par ailleurs autoriser le recrutement d'agents contractuels de catégorie C pour "seconder" les titulaires et pallier un éventuel manque de personnel pénitentiaire dû au changement statutaire. Après un an, ces contractuels pourront passer un concours spécifique pour devenir agents pénitentiaires titulaires.

Avec Laurent Pénichou

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