Face à une forte abstention qui ne cesse d'augmenter, le maire de Rieux, dans l'Oise, multiplie les initiatives pour que ses administrés retrouvent le chemin des isoloirs.
Elu à 26 ans en 2020, Marc Mouilleseaux est le plus jeune maire de l'Oise. Convaincu de l'importance du droit de vote dans une démocratie, le premier magistrat de Rieux, 1554 habitants dont 1124 sont inscrits sur les listes électorales, tente de mobiliser ses administrés. Avant le premier tour, il a organisé une projection des clips de campagne de tous les candidats.
"On a pris cette initiative parce qu'on a vu que ça s'érodait. On était à 35% de la participation lors des dernières élections régionales 2021 et à 64% d'abstentions. Il y avait eu, en plus, un dysfonctionnement dans l'envoi des professions de foi. Personne ne les avait reçues".
Au final, seule une quinzaine de personnes se sont déplacées à la salle des fêtes. Pour autant, au premier tour de cette élection présidentielle, le taux de participation à Rieux a été de 76%, soit 8 points de moins qu'en 2017. "Pour une présidentielle, c'est déjà ça, note Marc Mouilleseaux. On a essayé de faire passer le message. En face du bureau de vote, on voyait des gens qui jouaient à la pétanque. Une conseillère municipale les a interpellés. l'un d'eux a fini par venir à 18h30, soit une demi-heure avant la fermeture du bureau".
Sur 1124 personnes inscrites sur les listes électorales, 855 ont glissé leur bulletin dans l'urne.
"Ils sont en haut et ne s'occupent pas de nous"
"Nos doyens, une femme de 99 ans et un homme de 92 ans, sont venus voter. La plus jeune, qui vient d'avoir 18 ans, est venue aussi. Notre doyenne est une des premières femmes à avoir eu le droit de vote. Une autre dame de 92 ans a dit au dernier scrutin, je vais me déplacer parce que les femmes ont eu le droit de vote", sourit le maire.
Comme sur le plan national, à Rieux, ce sont les 25-40 ans qui s'abstiennent.
"Beaucoup de gens me disent qu'ils sont déçus et ne croient plus en la politique, surtout au niveau national. 'Ils sont en haut et ne s'occupent pas de nous, notre voix ne compte pour rien'. Ils ont l'impression que le boulot n'est pas fait. C'est surtout ce sentiment de déconnection qui ressort".
Pour le second tour, Marc Mouilleseaux ne renonce pas. Il a repris son bâton de pèlerin. "J'ai proposé aux représentants locaux des deux partis qualifiés de venir répondre aux questions des habitants, mais le RN m'a répondu que la cadre ne connaissait "pas le programme à 100%" et craignait "une prise à partie de l'extrême gauche". LREM a été plus sobre en trouvant l'initiative très heureuse, mais a déploré n'avoir personne de disponible à cause de la maximisation des forces sur la campagne".
"Les élections législatives sont les plus importantes"
Pour l'heure, cette déception ne l'empêche pas de penser aux prochains votes. Les élections législatives auront lieu les 12 et 19 juin. Un scrutin encore plus boudé. "J'ai essayé de persuader les gens que les élections législatives sont les plus importantes. On a eu que 55% de participation aux dernières élections. Là, on pourrait être en-dessous. Ce qui me semble plus compliqué, c'est de les faire se déplacer. Elire le Président, on sait. C'est concret. Le député, lui, a une circonscription mais c'est tout. Le nôtre vient le vendredi matin sur un créneau d'1h. Le rapport de personne à personne n'existe pas aussi directement" constate l'élu.