"Les élèves ont peur d'être dans le groupe des nuls" : une journée "collège désert" pour protester contre les groupes de niveau à Méru

Le personnel du collège Pierre Mendes France à Méru (Oise) s'est mobilisé ce jeudi 11 avril contre l'arrivée des groupes de niveau en mathématiques et en français à la rentrée 2024. Ils redoutent une stigmatisation des élèves et une absence de progression pour les groupes les plus faibles.

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Le personnel du collège Pierre Mendes France de Méru, dans l'Oise, continue de tirer la sonnette d'alarme. Depuis l'annonce de la réforme "Choc des savoirs" par le Premier ministre Gabriel Attal en décembre dernier, l'établissement est mobilisé avec, à leurs côtés, de nombreux parents d'élèves.

Dans le viseur, la mise en place de groupes de niveaux en classe de sixième et de cinquième pour les disciplines de français et de mathématiques à la rentrée 2024 qu'ils considèrent comme "un tri de leurs élèves, de leurs enfants".

"Quand il est dans un groupe hétérogène, l'élève progresse"

Ce jeudi 11 avril, la journée "collège désert" a été largement suivie, puisque seulement 18 élèves sur les 456 se sont présentés en cours. "On est content, ça prouve bien que les profs ne sont pas les seuls opposés à ce qu'on trie les élèves par groupes de niveau, les parents comprennent bien ce qui va arriver si ça se met en place et y sont opposés", explique Bénédicte Viguier, enseignante.

"On pense, et la recherche le dit aussi, que quand il est en groupe hétérogène, l'élève progresse", affirme l'enseignante. Parents et enseignants craignent aussi que les groupes les plus faibles soient considérés comme ceux "des nuls" par les autres élèves, "entraînant un risque de stigmatisation de harcèlement". Des écoliers de CM2 "ont peur d'être dans ce qu'ils qualifient de groupe des nuls, ils nous l'ont dit".

Une autre chose qui nous inquiète énormément : des collègues malades en arrêt maladie qui ne sont pas remplacés. Il y a plusieurs classes sans cours de français. Il faudra créer des postes de français et de maths l’an prochain si la réforme aboutit, sauf que ces gens-là n’existent pas.

Bénédicte Viguier, enseignante

Autre inquiétude : les élèves en situation de handicap et les élèves allophones. "Ils vont être parqués, ils ne pourront jamais changer de groupe comme ils cumulent les difficultés. On va leur enseigner de petits savoirs, ils n'auront pas de chance pour progresser et changer de groupe", déplore Bénédicte Viguier. 

Des groupes de niveau existent tout de même au sein du collège Pierre Mendes France, mais ce n'est l'affaire que de quelques heures par semaine, en dehors des cours, pour combler les lacunes des élèves qui en ont besoin : "de temps en temps, c'est intéressant, pas tout le temps !"

"Un collège à deux vitesses"

Les enseignants n'acceptent pas non plus "de laisser des tests stéréotypes définir le parcours scolaire de chaque élève dès la sixième". Car les élèves "les plus en difficulté pourraient à terme se voir retirer des heures de certaines disciplines comme la deuxième langue vivante, ce qui les conduirait automatiquement vers une orientation précoce", notamment vers l'apprentissage, "hors statut scolaire".

Ce serait créer, avec le temps, "un collège à deux vitesses" avec une augmentation probable du taux d'échec au brevet, "alors même que la réforme prévoit de ne pas laisser les élèves n'ayant pas eu leur brevet accéder à la seconde", qu'elle soit générale, professionnelle ou technologique. 

En somme, les enseignants mobilisés défendent "un autre collègue" qui aurait "les moyens de faire réussir toutes et tous les élèves, étudiant ensemble pour apprendre à faire société afin de réduire les déterminismes sociaux et scolaires". 

Dans le département de l'Oise, des journées "collège désert" se tiendront dans les semaines à venir.

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