"Les travaux de restauration sont urgents" : le délabrement du pavillon de l'impératrice en forêt de Compiègne inquiète le centre des monuments historiques

Géré par l'ONF et à l'abandon depuis des années, le chalet de l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, vient de passer sous l'égide du ministère de la Culture. Mais il n'y a pas d'argent pour restaurer cet ancien pavillon de chasse, classé monument historique depuis 1994 et qui a pourtant accueilli bon nombre de têtes couronnées européennes sous le Second Empire.

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La forêt domaniale de Compiègne recèle, en plus de sa faune et sa flore, une dizaine de trésors architecturaux remarquables. C'est le cas du pavillon Eugénie, une maison de garde transformée en 1861 en chalet de chasse par l'architecte Victor Grisard, prix de Rome, à l'initiative de l'Empereur Napoléon III. Situé sur la commune de Vieux-Moulin, il est niché au cœur de la forêt de Compiègne, sur la route Eugénie qui va vers Pierrefonds à proximité des étangs de Saint-Pierre.

Mais ce bel édifice coquet, au style dit éclectique typique de la deuxième moitié du 19e siècle, est à l'abandon depuis près de 20 ans. Aujourd'hui, la maire de Vieux-Moulin le visite avec amertume. Il ne reste plus grand-chose de la splendeur passée du chalet de l'impératrice. Si ce n'est un magnifique parquet à chevrons et deux cheminées au chiffre de Napoléon III. Les splendides intérieurs ont été complètement vidés. La tapisserie qui ornait l'un des murs principaux a, quant à elle, été volée.

"C'est un gros regret parce que c'est joli. La dernière fois que j'ai vu le pavillon vivre, c'était pour le festival des forêts : il y avait une chanteuse et un piano et c’était très beau, se souvient Béatrice Martin. Il y avait encore la tapisserie qui a été volée ensuite. Il y a eu des vols et des dégradations. Il était meublé avant, ce pavillon. Et je ne sais pas où tout ça est passé, à part la tapisserie qui a été volée, c'est sûr. Il n'est pas en si mauvais état que ça. À part la balustrade de l'escalier. Il faut qu'il y ait un projet rapidement parce qu'il y a péril. Si j'étais seule, je le mettrais en péril imminent. C'est à ce point. Donc j'ai hâte que le Centre des monuments nationaux prenne les choses en main et qu'on trouve des gens et de l'argent. J'ai hâte qu'on se mette au travail."

Des lieux très dégradés

Car depuis peu, le Centre des monuments historiques a récupéré la gestion du pavillon de l'impératrice, jusqu'alors assurée par l'Office national des forêts. Classé monument historique depuis 1994, il a vécu les grandes heures du Second Empire. Le couple impérial y a reçu des invités de marque qui y faisaient halte pendant les parties de chasse. Situé sur la route Eugénie qui relie Compiègne à Pierrefonds, le chalet servait aussi de lieu de convivialité durant les longues promenades de Napoléon III, de son épouse et de leurs hôtes prestigieux.

Après la chute de l'Empire, le chalet passe sous l'administration des Eaux et Forêts qui en fait un logement de fonction pour ses agents. Pendant la Première guerre mondiale, il sert de lieu de repli aux officiers de l'armée française, qui y fêtent le Nouvel An en 1916. Le pavillon redevient ensuite une maison forestière. Jusqu'au début des années 2 000 où son manque de confort oblige l'Office national des forêts à ne plus y loger personne. Les projets se succèdent : salon de thé, lieu événementiel pour le joaillier de luxe Chaumet... Mais aucun n'aboutit. Les lieux se dégradent petit à petit. "L'urgence est là : en tant qu'administrateur des monuments nationaux, je prends les clés d'un bâtiment en très mauvais état, déplore Xavier Bailly. Nous allons faire ce que l'on peut. Déjà dégager la végétation et éviter qu'il ne se dégrade davantage. Et peut-être au fur et à mesure faire quelques travaux de sauvegarde. Qu'est-ce qu’on va en faire ? L'avenir nous le dira. Beaucoup de projets pourraient être mis en place aujourd'hui, ne serait-ce que l’ouvrir lors des journées du patrimoine par exemple. C'est toujours la question de l'usage d'un bâtiment qui peut justifier de le sauver. En d'autres termes : restaurer un monument, mais pour en faire quoi ? Ici, le chalet de l'impératrice, c'est un trésor. Il fait partie de cet ensemble que forment le château de Compiègne et le château de Pierrefonds, de cette route Eugénie. Il est donc un élément de mémoire qu'il s'agit de restaurer. Particulièrement ici, à Vieux-Moulin, avec les étangs Saint-Pierre, endroit touristique s'il en est, qui constituent un point d'attractivité pour le public."

Restaurer en pavillon, mais pour en faire quoi ?

Mais pour cela, il faut de l'argent. Et le pavillon de l'impératrice n'est pas le seul monument dans la forêt de Compiègne à présenter un intérêt historique. De belles demeures comme le pavillon Eugénie, l'ONF en gère encore une petite dizaine sur les 14 000 hectares de la forêt de Compiègne. À l'image de la chapelle de Saint-Corneille-aux-Bois. Ou du prieuré de Saint-Pierre-en-Chastres, récemment racheté par l'Agglomération de la Région de Compiègne avec un cofinancement européen.

"Ces maisons, on essaie de les valoriser quand elles ne sont pas destinées à la vente. Donc on cherche, avec les collectivités locales, à y développer des projets de valorisation, souvent touristiques, explique Jérôme Jaminon, directeur de l'ONF Compiègne. Quand ces biens qui ne sont plus utiles à notre gestion, nous, ONF, on est là pour essayer de favoriser l’émergence de nouveaux projets. Mais on ne peut pas les réaliser par nous-mêmes. Il nous faut trouver des structures, soit publiques, soit privées, pour continuer, faire vivre ce patrimoine. Ce n’est pas simple et ça prend du temps. Tout ça fait vraiment partie de l’histoire de ces massifs de la forêt de Compiègne. C'est une richesse architecturale assez exceptionnelle. Et ce sont de vrais atouts pour le territoire. Donc ce sont des points d’appui sur lesquels il peut se faire autre chose pour valoriser ces forêts et le territoire."

En 1952, le chalet de l'impératrice servait de décor au film Violettes impériales avec Luis Mariano. Désormais, pour le sauver de l'oubli, le Centre des Monuments Nationaux espère des subventions publiques ou du mécénat.

Avec Marie Roussel / FTV

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