Restauré par un passionné, le château de Vez, situé dans l’Oise, au cœur de la vallée de l’Automne, accueille chaque été des expositions d’art contemporain. C’est une collection insolite de vieilles mobylettes qui est aujourd’hui mise à l’honneur.
Qu’elles soient jaunes, bleues ou couleur chaudron, les vieilles mobylettes ont trouvé leur place au donjon de Vez. Véritables objets symboliques d’insouciance et de liberté chez les adolescents, dans les années 60/70.
"Il ne faut pas oublier que quand vous êtes ado, vous avez envie d’une chose, c’est de devenir un homme, confie Francis Briest, commissaire de l’exposition, et vous devenez un homme à travers ces mobylettes parce que vous draguez les jeunes filles, parce que vous devenez le roi de votre quartier en faisant des pétarades dans tous les sens".
Pourquoi la "mobylette" ?
La mobylette doit son nom à la contraction de "mobile" et "bicyclette". C’est une invention française de Motobécane, qui lance la mobylette AV88, surnommée "la bleue", puis la "Chaudron", de couleur cuivre.
Populaire et infatigable, la "Bleue" est un objet culte incarnant la France des « Trente Glorieuses ».
"On est passé du vélo à la voiture mais il fallait une mobylette pour ceux qui n’avaient pas les moyens d’acheter une voiture. Les bleues ont servi pour aller travailler lorsque les ouvriers se levaient à 5h du matin pour aller à l’usine".
Du scooter de Schumacher, en passant par les Dax, Monkey, Caddy, Manhurin, Vespa, Zoomer, au total, une trentaine d’engins font revivre les souvenirs des visiteurs.
La Vespa, la sœur italienne de la mobylette
Née après la seconde guerre mondiale, la Vespa connaît un succès fulgurant. Elle incarne la douceur de vivre à l’italienne.
L’exposition montre aussi les cyclos sport. Ceux qui ont envahi les paddocks et qui permettent aux pilotes et aux mécaniciens de se déplacer d’un bout à l’autre d’un circuit. Le « Scooter Gilera » au couleurs de la Scuderia Ferrari est présentée ici.
Aussi célèbre que la mob, le Vélosolex
L’exposition ne serait pas complète sans la présence du Vélosolex, autre objet culte. Près de 7 millions d’exemplaires ont été produits entre 1946 et 1988. Le Solex est reconnaissable par son célèbre bidon de Solexine, un mélange prêt à l’emploi qui la fait avancer.
Source d’inspiration
Tous ces engins issus du patrimoine industriel s’exposent dans le donjon de Vez, comme autant de pièces de design et de sources d’inspiration pour les artistes.
Le 8 mai 1960, scandale à l’inauguration du XVIIe Salon de Mai. César y présente ses nouvelles sculptures, des carrosseries d’automobiles compressées, une technique qu’il développera pour en faire sa forme d’expression fétiche. En 1970, l’artiste trouve son bonheur chez un ferrailleur niçois en découvrant un stock de motocyclettes. Contrairement aux automobiles, elles seront compressées dans leur version intégrale. L’une d’elles trône au donjon de Vez.
"La mobylette est un engin utilitaire qui sert, alors que l’œuvre d’art ne sert à rien, dit Francis Briest. Elle sert simplement à l’esprit, à se poser des questions. Mais aujourd’hui, on peut dire que les deux se rapprochent. Cette œuvre de César est une compression de mobylette bleue. Elle est signée et a été réalisée en 1970. On est dans l’âge de la récupération mais pour lui, cette mobylette était tellement symbolique qu’il a voulu la mettre sur un piédestal".
Haut-lieu de l’histoire du Valois et berceau originaire des rois de France, le donjon de Vez présente son exposition estivale tous les jours jusqu’au 30 septembre.