La députée LREM de l'Oise Carole Bureau-Bonnard a reçu une lettre de menaces et vu sa permanence taguée. Elle a porté plainte, comme son homologue de l'Aisne Jacques Krabal, menacé de mort la semaine dernière, sur fond de pass sanitaire ou vaccinal.
"Votez non". "Dictature stop". Des références probables au projet de pass vaccinal ont été taguées, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur la permanence de la députée de la majorité Carole Bureau-Bonnard, à Noyon dans l'Oise.
L'élue a porté plainte dès ce matin, auditionnée rapidement par les gendarmes, qu'elle remercie, autant que les techniciens de la ville qui ont d'ores et déjà nettoyé les inscriptions.
Alors qu'elle déposait sa plainte, la députée LREM a appris qu'une lettre avait aussi été déposée à sa permanence, manuscrite, en majuscules : "RÉFLÉCHISSEZ BIEN À VOTRE VOTE... OU LA PROCHAINE FOIS, C'EST CHEZ VOUS QU'ON SE DÉPLACE."
Je remercie les agents mobilisés. Heureusement qu'il y a du soutien autour de moi, ça fait chaud au coeur, car au bout d'un moment... c'est un peu pesant. C'est le 24 décembre, on s'échappe et on profite un peu comme tout le monde, et puis voilà, vous avez ça.
Carole Bureau-Bonnard, députée LREM de l'Oise
Des dégradations avaient déjà été commises il y a trois semaines, sans qu'aucune avancée n'ait été communiquée depuis dans cette première enquête. La députée garde espoir, des caméras de vidéo-surveillance de la ville étant installées sur les boulevards.
Dénoncer et continuer la pédagogie
Carole Bureau-Bonnard a fait le choix de publier l'information, avec des photos, sur son compte Facebook. "On n'a pas envie de faire de la publicité à ce genre d'actes incorrects et pas démocratiques, mais je veux les dénoncer, ce n'est pas à nous de nous cacher", explique la députée.
La marcheuse assure rester dans le dialogue et la pédagogie, avec les citoyens qu'elle croise ou qui l'interpellent sur les réseaux sociaux : "Quand c'est trop virulent, je laisse, mais quand quelqu'un essaie de discuter, je discute."
Tout en préparant une tarte au chocolat pour le réveillon de Noël, l'élue de l'Oise rappelle, "comme avec les enfants", qu'"entre ce qu'on veut et ce qui est possible, il y a des différences". Elle espère que la troisième "ou la quatrième" dose de vaccin permettra de revenir à une vie normale, sans pass de quelque sorte, mais en attendant, "on fait avec les moyens à notre disposition et on adapte". D'autres pays ont décidé de reconfiner.
Jacques Krabal menacé de mort
Cette actualité rappelle un autre acte d'intimidation, visant cette fois le député axonais de la majorité, Jacques Krabal. Au début du mois, il a reçu un mail de menaces, au vocabulaire glaçant : "suicide-toi", "décapitation", "bain de sang".
Lui aussi avait le choix de publier l'information : "Personne n'arrivera à me faire taire ou arrêter de défendre des idées que je pense justes et progressistes", écrivait-il dans un communiqué.
Faisant aujourd'hui la tournée des commissariats et gendarmeries de sa circonscription pour les fêtes, le député en profitera pour tenter de savoir si l'enquête avance. Une enquête nationale, des menaces similaires ayant visé plusieurs élus de la majorité à travers la France.
La violence est en train de gagner du terrain. Cette année dans le monde, 12 pompiers sont morts, des policiers, des gendarmes, une centaine de journalistes et un député décapité en Angleterre. Ce n'est pas bon signe pour la démocratie.
Jacques Krabal, député LREM de l'Aisne
Dans la crise sanitaire et à l'approche de l'élection présidentielle, la crainte d'une violence prenant le pas sur le débat se renforce. "Nous avons une société plus individualiste, les gens pensent à leur manière et pour eux, mais ce n'est pas ça la vie en société", analyse, tristement, la députée Carole Bureau-Bonnard.