"On est obligés d'aller pleurer à la banque, c'est la honte" : 450 salariés d'une association d'aide à domicile n'ont pas été payés en janvier

Les 450 salariés de l'Asdapa, une association d'aide à domicile pour personnes âgées placée en redressement judiciaire, n'ont pas été payées au mois de janvier. Les aides à domicile, déjà précaires, sont très inquiètes pour l'avenir.

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"On est obligés d'aller pleurer à la banque, c'est la honte. On ne sait même pas comment on va faire nos courses. Le loyer, on ne sait pas si ça va passer..., se désole Isabelle Hanon, assistante de vie aux familles. Je me lève le matin, j'ai envie de pleurer. Je n'ai même plus envie d'y aller." Son employeur, l'Association de services pour l'aide à domicile et aux personnes âgées (Asdapa) n'a pas versé les salaires du mois de janvier. Aucun des quelque 450 salariés, répartis sur les sites de Beauvais, Compiègne et Monchy Saint-Elois, n'a été payé.

Incertitude et inquiétude

L'association ayant été placée en redressement judiciaire le 9 février, c'est l'AGS, le régime de garantie des salaires, qui devra prendre en charge les versements du mois de janvier. Mais quand ? C'est la question à laquelle personne ne semble pouvoir répondre précisément. "Ça fait déjà deux fois que je vais la banque !, s'agace Isabelle Hanon, émue aux larmes. Quand on vit seule, c'est vraiment très compliqué, c'est catastrophique. Je ne sais même pas comment je vais faire pour me relever, j'ai l'impression que je vais droit dans le mur."

Les salariées se retrouvent seules, avec des dettes bancaires, sans pouvoir payer le loyer, sans pouvoir nourrir les enfants ni mettre de l'essence pour aller travailler

Yvette Dubos, déléguée CFDT à l'Asdapa

Ce mardi 13 février, dans un échange que la déléguée CDFT Yvette Dubos a qualifié de "très tendu, très houleux", la direction a assuré qu'un acompte de 60 % du salaire de février serait versé rapidement. De quoi recouvrir le découvert qui commence à se creuser pour certaines salariées. Pour la représentante syndicale, les dirigeants ont manqué de transparence et d'anticipation. "On voulait des réponses plus franches, parce que les salariées ne sont pas toutes au courant de la situation. (...) Les salariées se retrouvent seules, avec des dettes bancaires, sans pouvoir payer le loyer, sans pouvoir nourrir les enfants ni mettre de l'essence pour aller travailler, déplore Yvette Dubos. (...) C'était couru d'avance qu'on allait être en redressement, pourquoi n'ont-ils pas anticipé ?"

"Les bénéficiaires, on ne les lâchera pas"

En attendant, les aides à domicile continuent de travailler. Courses, ménage, entretien, toilette : 2 000 personnes âgées dépendent de leurs services. "On travaille six jours sur sept, on travaille un week-end sur deux, franchement, c'est épuisant. Mais même si on en a marre, qu'on est fatiguées, on a un cœur, on ne va pas les laisser comme ça", explique Anaïs Renard, salariée depuis 17 ans à l'Asdapa.

Elle note tout de même que les bénéficiaires sont solidaires avec elles. Pour Yvette Dubos, le manque de transparence les concerne également. "Ils ont des bribes d'information, dans la presse entre autres, ils se montent la tête. Ils pensent que ça va s'arrêter, qu'ils n'auront plus d'aide du jour au lendemain, ce qui n'est pas le cas. Nous, on pense d'abord à eux. De toute façon, on ne les lâchera pas, en aucun cas", assure-t-elle.

La direction assure toutefois que la continuité de service auprès des personnes âgées serait assurée, ce qu'a confirmé le Conseil départemental, qui finance l'association. 

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