Depuis 2015, le Secours populaire de Le Meux dans l'Oise est exclusivement géré et animé par des jeunes âgés de 12 à 25 ans. Une expérience qui a rapidement fait des émules.
À l'arrière de la camionnette, Tom prépare des colis : du sucre, de la semoule, du café... "De quoi aider une famille pour plusieurs jours", explique-t-il, entre les portes ouvertes du véhicule. Sous le soleil qui tape, le jeune homme de 17 ans et d'autres bénévoles distribuent de l'aide alimentaire dans différents quartiers de Le Meux et de Compiègne dans l'Oise. Et même si en temps normal, les distributions ne se font pas en "mission mobile", Tom connaît bien son sujet. Depuis trois ans, il est bénévole à l'antenne du Secours populaire à Le Meux.
Une antenne entièrement animée par une trentaine de jeunes, âgés de 12 à 25 ans. Et l'engagement de Tom est venu d'une rencontre : "je faisais de la boxe avec Jean-Pierre, le responsable. Et il m'a dit "rejoins-nous un samedi au Secours populaire pour voir ce que ça donne". Et maintenant, ça fait trois ans que j'en fais partie. Je fais partie de la deuxième génération parce qu'avant nous, il y a une première génération qui aujourd'hui a un travail. Donc, on prend un peu la relève."
Une relève assurée
Et parmi cette première génération, Louise, 26 ans. La jeune femme fait partie de ceux qui ont crée cette antenne en 2015. "Il y a 5 ans, j'étais au centre de loisirs de Le Meux. Et Jean-Pierre a proposé qu'on crée une antenne du Secours populaire parce qu'il y avait de plus en plus de besoins dans notre secteur, explique-t-elle, gilet bleu au logo du Secours populaire sur le dos. Et du coup, tous ensemble, entre jeunes, on était une dizaine, on a préparé ce projet. Ça a été assez long mais finalement, il y a eu assez vite pas mal de bénéficiaires. Même au niveau des bénévoles, on se relaye. On a commencé à créer ce projet et finalement, ça perdure. Ça ne se perd pas. On avait un peu peur qu'avec notre départ, le projet s'épuise. Et en fait, pas du tout. Ma petite soeur par exemple participe beaucoup !"Des jeunes déjà sensibilisés à la précarité
Jean-Pierre, c'est Jean-Pierre Brillant, le seul à avoir plus de 30 ans dans l'équipe. À l'origine de la création cette antenne, une action solidaire menée par les adolescents dans les centres de loisirs de la commune : "pendant trois ans, ils ont collecté des textiles, de l'alimentaire, des produits d'hygiène. Et on remettait ces dons aux Restos du coeur, au Secours populaire et le Secours catholique, raconte le responsable de l'antenne. Un jour, le responsable du département de l'Oise du Secours populaire m'a proposé de monter un projet qu'il n'arrivait pas à mettre en place : une antenne qui serait unique en France parce qu'elle ne serait gérée que par des jeunes. J'en ai parlé aux jeunes. Ils sont partis en formation pendant deux mois avec le Secours populaire. Et en septembre 2015, on a commencé avec une vingtaine de jeunes. Il y avait 6 jeunes adultes et les autres étaient mineurs. Aujourd'hui, ils sont une trentaine.""Les jeunes, c'est l'avenir des associations. C'est la relève"
Collectes, prises en charge des populations précaires, distributions. Être bénévole au Secours populaire demande un engagement et un investissement appréciés par les bénéficiaires de Secours populaire de Le Meux. "Ils se rendent compte des problèmes que les gens peuvent rencontrer. Je dis que c'est très bien, ce qu'ils font, se réjouit Jean-Pascal, son colis à la main. C'est très courageux de leur part. Il y en a qui préféreraient aller jouer. Mais eux, ils sont toujours là et avec la bonne humeur en plus !"
Une autre antenne de jeunes à Compiègne
Sur le parking des immeubles, une bénéficiaire pas comme les autres regarde Tom lui amener un colis de nourriture. Anne-Lorraine, la mère de l'adolescent, est dans une mauvaise passe. Séparée du père de ses deux enfants depuis 7 mois, professionnelle à son compte, elle a été financièrement malmenée par le confinement. Et voir son aîné s'investir de la sorte la touche énormément : "je suis super émue et très fière qu'il fasse ça. Il a évolué, grandi, mûri depuis qu'il a commencé au Secours populaire. Il avait 14 ans, constate-t-elle. Déjà moi, dans mon métier, j'adore aider les gens. Et je trouve ça formidable que mon fils aime ça aussi"Une expérience de vie qui a fait un petit, nous confie Jean-Pierre Brillant : "les jeunes de Le Meux ont aidé à installer une antenne à Compiègne qui a aujourd'hui deux ans d'existence. Ils sont allés former les jeunes de Compiègne. Et la particularité de l'antenne compiégnoise, c'est qu'elle n'est gérée que par des jeunes des quartiers sensibles de la commune."
Et la mère de Tom de conclure : "il veut être infirmier militaire. Et je le vois bien dans tout ça. Parce qu'il aime les gens."