Depuis trois ans, les accords de libre-échange et le statut des citoyens britanniques en Europe sont au coeur des discussions. Certains de ces expatriés craignent de perdre leur emploi, d'autres de rentrer au Royaume-Uni et de voir leur vie bouleversée.
Leave est un verbe anglais qui signifie "quitter, sortir, se retirer de quelque chose". La définition est simple en apparence, mais lourde de conséquences.Le 23 juin 2016, les citoyens britanniques se prononcent à 51,9 % pour la sortie de l'Union européenne. Un accord doit être trouvé d'ici le 29 mars 2019.
Depuis trois ans, des négociations sont en cours entre l'Europe et le Royaume-Uni. Au coeur des discussions, les accords de libre-échange et le statut des citoyens britanniques. Certains de ces derniers, installés en France depuis de nombreuses années, craignent de voir leur vie bouleversée et demandent la naturalisation. Ils sont 150 000 résidents britanniques à vivre dans l'Hexagone.
Trudi, naturalisée française en 2017
Arrivée en Picardie dans les années 80 comme jeune fille au pair, Trudi Westbrook-Bouquet rencontre son mari dans l'Oise, où elle fonde une famille. Elle enseigne depuis la langue de Shakespeare aux jeunes français.
À l'annonce du Brexit, Trudi craint de perdre son statut de fonctionnaire, et entame en septembre 2016 des démarches pour demander la double nationalité. Huit mois plus tard, elle obtient sa carte d'identité française.
"Le fait d'aller à la préfecture pour la cérémonie devant monsieur le préfet, chanter la Marseillaise que je chante d'ailleurs depuis longtemps, là, il y avait une petite sensation de fierté et d'appartenance, confie-t-elle à la journaliste qui lui demande ce que représente encore aujourd'hui le Royaume-Uni. "C'est quand même mes racines. J'ai encore ma maman, un peu de famille là-bas, des amis et on ne peut pas renoncer à ses racines. Le Royaume-Uni, c'est mon enfance, mon adolescence, et la France, c'est ma vie d'adulte".
Sarah, en cours de naturalisation
À l'approche du Brexit, Sarah Sansbury emboîte le pas de Trudi. Cette mère de famille habite en France avec son mari depuis 20 ans. "On voulait vraiment tenter l'aventure d'habiter en France (...) Vu que la date du Brexit approche à grands pas, il vaut mieux y aller assez vite. Je pense vraiment être dans les temps. Je me sens prête à devenir française".
Devenir français n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser. Fiona Sansbury, la fille de Sarah, arrivée en France à 18 mois, décrit ce chemin semé d'embûches. "Une fois qu’on a envoyé le dossier pour la naturalisation, on est convié à un entretien, à la préfecture pour juger de notre capacité à intégrer la société française, nos connaissances culturelles. Il y a un livret du citoyen, dont il faut prendre connaissance qui fait 27 pages, avec les principes de la République, et aussi des dates clés dans l’histoire de la France".
Trudi, Sarah, Fiona, sont loin d'être des cas isolés. Plus de 1500 citoyens britanniques ont obtenu la nationalité française depuis 2017. C'est 4 fois plus qu'en 2015.