Le Rassemblement national a présenté sa liste dans l’Oise pour les élections régionales. Dans le sillage de Sébastien Chenu, venu de l’UMP il y a six ans, des militantes de droite s’engagent au côté du parti de Marine Le Pen.
De la difficulté de faire campagne en pleine pandémie. En ce 27 avril, la presse est conviée à rencontrer les candidats du Rassemblement national aux élections régionales dans l’Oise. Ils sont 25 sur la liste. Rendez-vous est donné dans un hôtel compiégnois. Mais la police municipale s’invite et vient aux renseignements. Attroupement interdit et retraite prudente d’une majorité de participants. Finalement, ils seront 9 à se présenter aux journalistes, autour de leur chef de file, Sébastien Chenu.
Sébastien Chenu est un ancien de l’UMP. Il a siégé pendant treize ans au conseil municipal de sa ville natale, Beauvais, adjoint de la maire Caroline Cayeux. Rallié à Marine Le Pen en 2014, il a aujourd’hui charge de lui succéder et tente de conquérir l’exécutif régional. À ses côtés, des historiques comme Michel Guiniot, et de nouvelles venues. Tout d’abord, la numéro un dans le département, Audrey Havez. Suppléante du député du Pas-de-Calais Bruno Bilde, elle vit dans l’Oise depuis trois ans et siège déjà au conseil régional. Militante de longue date, c’est la commission nationale d’investiture qui l’a désignée pour mener la liste dans l’Oise.
De nouvelles recrues déçues de la droite
Autres profils qui attirent l’œil : Joëlle Garrault et Myriam Lamzoudi. Elles viennent de la droite, et franchissent le Rubicon, sollicitées par Sébastien Chenu. Constat partagé : "La différence est très ténue entre ce que proposent les Républicains et ce que propose le Rassemblement national, aujourd’hui".
Il fut une époque où le Front national peinait à recruter. Le rejet de son discours, la peur du qu’en dira-t-on : le parti d’extrême-droite ne parvenait pas toujours à présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, et en aparté, les cadres se plaignaient du niveau de certains d’entre eux. Les temps changent. Joëlle Garrault et Myriam Lamzoudi, 5e et 7e sur la liste de l’Oise, se montrent prolixes quand il s’agit d’expliquer leur engagement.
Désormais retraitée, la première enseignait l’anglais à l’IUT de Beauvais, et est intarissable quand elle évoque ses élèves et son goût de la chose publique. Conseillère municipale de Crèvecoeur-le-Grand, elle a fait campagne lors des dernières sénatoriales sur la liste du Républicain Alain Vasselle. Interrogée sur l’évolution du Front national, elle confirme qu’il a changé du "tout au tout". Elle veut défendre la Picardie et sa riche histoire.
Myriam Lamzoudi a participé à la précédente campagne régionale... sur la liste de Xavier Bertrand. En vingtième position dans l’Oise et donc non élue, elle dit avoir été déçue par le président de Région. Membre des Républicains pendant sept ans, elle s’était lancée dans une candidature dissidente aux dernières législatives. Profondément de Droite, elle dénonce le parti au pouvoir : "La République en marche a mis la France et l’esprit français à genoux". La nouvelle convertie clame sa fierté : "Le Rassemblement national défend une valeur fondamentale, le peuple au centre de tout".
Quand il a rejoint Marine Le Pen, Sébastien Chenu dit avoir perdu 75% de ses amis. Interrogées sur les réactions de leur entourage, les deux nouvelles venues réagissent avec sérénité. Aucun impact, aucune hostilité, assurent-elles. Commentaires de proches : "On votait déjà Marine, on continuera".