La plus grande usine de réservoirs d'hydrogène d'Europe verra le jour en 2025 à Lachelle, en banlieue de Compiègne dans l'Oise. Avec cette unité de production de l'équipementier automobile français Plastic Omnium, les Hauts-de-France espèrent devenir leader sur le marché de la décarbonisation industrielle.
C'est encore une immense surface de terre battue sur laquelle tournent déjà quelques machines de chantier. D'ici au deuxième semestre 2024, Lachelle, une commune voisine de Compiègne dans l'Oise, accueillera la plus grande unité de production de réservoirs à hydrogène d'Europe.
La plus importante également pour l'équipementier automobile français, Plastic Omium. Elle produira jusqu'à 80 000 réservoirs par an, destinés aux bus et aux poids lourds. Et fournira Stellantis et une filiale de Renault.
150 millions d'euros d'investissement
"Cette usine produira des réservoirs à haute pression (...) à 700 bars. C'est de la très très haute pression, explique le directeur général du groupe, Laurent Favre. Ce sont des réservoirs en plastique avec de la fibre de carbone qui permettent à la mobilité d'être décarbonée demain. Donc de rouler à l'hydrogène et non plus à l'essence ou au diesel."
L'usine emploiera à terme entre 200 et 150 personnes. Des postes essentiellement transférés depuis une usine voisine qui fabrique actuellement des réservoirs thermiques. Un investissement de 150 millions d'euros pour le numéro un mondial des réservoirs de carburant, subventionné à hauteur de 74 millions.
Si avec l'usine de Lachelle, Plastic Omnium cherche à faire face au déclin annoncé de son activité historique, inhérente à l'obligation du secteur des transports de réduire ses émissions de CO2, les Hauts-de-France espèrent devenir la région pionnière en termes d'énergie décarbonée.
Les Hauts-de-France misent sur l'hydrogène vert
La région est en effet la première émettrice de CO2 en France : 28 % des émissions industrielles sur le territoire viennent des Hauts-de-France. L'industrie, les transports et la logistique représentent les 2/3 des émissions de gaz à effet de serre.
Pour leur transition énergétique, les Hauts-de-France misent beaucoup sur l’hydrogène vert. Un gaz que l'on retrouve en abondance dans la nature. Mais que l'on peut également produire à partir d'hydrocarbures ou d'électricité renouvelable. Avec toutes les éoliennes installées sur notre territoire, la centrale nucléaire de Gravelines ou encore les méthaniseurs, la région a très largement la capacité de produire ce gaz propre et bas-carbone.
Un gaz stockable
Une transition énergétique également nécessaire pour l'économie régionale : les grosses industries de la région, comme la sidérurgie, la verrerie ou la construction automobile, ont besoin d'énergies décarbonées pour rester compétitives.
L'hydrogène semble donc avoir toutes les qualités pour les Hauts-de-France. Et cela d'autant plus que ce gaz peut être facilement stocké. Ce qui permet de réguler sa consommation en période de demande moindre. La transition énergétique de la région ne se fera pas sans investissements importants et surtout sans une coordination entre secteurs publics et privés. Et c'est peut-être là le vrai défi pour les années à venir.
Avec Gabin Cransac et Narjis El Asraoui / FTV