Le meilleur ami de l'homme est aussi un allié précieux quand il s'agit de trouver des preuves lors de perquisitions ou de contrôles routiers. Entraînés et guidés par leurs maitres, les chiens gendarmes sont capables de retrouver drogues, armes et billets de banques grâce à leur odorat hors du commun. Rencontre avec Narco, 6 ans, en poste à Senlis.
Énergique, mais concentré, Narco promène sa truffe un peu partout. Les murs, le mobilier, les objets : il passe toute la pièce d'entrainement au crible. Lorsqu'il s'assoit et désigne un objet avec son museau en aboyant, c'est qu'il a trouvé quelque chose. Ici, un pistolet 9 millimètres dissimulé dans une gouttière. Là, des billets de banques cachés derrière une affiche. Et dans la salle d'à côté, un sachet de cocaïne coincé derrière un tuyau de plomberie. Chaque fois, le malinois est récompensé avec un jouet.
Une relation fusionnelle avec le maître
L'exercice est réussi haut la main : le chien a trouvé tout ce que son maître, l'adjudant Cyril, avait caché. Il faut dire qu'à six ans, Narco n'en est pas à son coup d'essai. Cyril l'a adopté lorsqu'il était bébé, dressé et présenté lui-même au concours de gendarmerie. Toutes ces années leur ont permis de lier une amitié très forte. "C'est une fusion, une équipe. Il faut toujours être deux pour accomplir la mission, il faut une réelle relation pour avoir des résultats concrets, explique-t-il. On partage des grands moments, dans le travail, dans le jeu, dans les caresses."
On fait attention à sa sécurité. Un chien blessé ne travaillera pas, ce sera comme un humain : il sera en arrêt maladie.
Adjudant Cyril, maitre de Narco
Cyril et Narco font partie des cinq binômes maîtres / chien du groupe d'investigation cynophile de Senlis dans l'Oise. Ils peuvent être amenés à travailler dans tous les Hauts-de-France, et parfois même au-delà. "On est de permanence : les collègues appellent le maître-chien le plus proche pour les aider. Tous les jours, on a au minimum une mission, souvent au bord de la route, ou sinon des perquisitions", précise l'adjudant.
Récemment, Narco a découvert 73 000 euros dans une télévision. Il peut intervenir aussi dans les trains, dans les opérations anti-délinquance sur la route ou encore dans les parloirs de prison. Au total, en 2023, avec plus de 200 opérations, il a trouvé 37 armes, plus de 3 kilos de drogue et près de 200 000 euros. Un travailleur précieux, dont il faut prendre soin, au même-titre qu'un salarié humain. "On fait vraiment très attention au chien, il ne faut pas qu'il se blesse. On fait attention à sa sécurité. Un chien blessé ne travaillera pas, ce sera comme un humain : il sera en arrêt maladie."
Des chiens triés sur le volet
D'autant que ce métier n'est pas donné à tous les chiens. "Sur dix chiens testés, en général, un seul est apte au travail, explique Cyril. Il faut des chiens qui soient bien dans leur tête, à l'aise dans les milieux, qui ne soit pas agressif, pas timide non plus." Il faut aussi qu'il soit joueur et en bonne santé physique. Les Malinois sont particulièrement appréciés par la gendarmerie, mais ce n'est pas la seule race utilisée.
En France, d'après le ministère de l'Intérieur, on compte 534 chiens gendarmes, répartis sur le territoire. Tous n'ont pas les mêmes missions que Narco : certains sont formés au pistage ou à la recherche d'explosifs. D'autres sont même employés par le GIGN et sont entraînés à l'assaut.
S'ils sont opérationnels vers l'âge de deux ans, il leur faut en moyenne deux années supplémentaires pour atteindre leurs pleines capacités. Ils sont généralement réformés vers l'âge de huit ans, quand leur odorat commence à décliner. Ils peuvent alors être placés en famille d'accueil ou profiter de leur retraite chez leur maître. Ce sera le cas de Narco : l'adjudant Cyril compte bien garder son ami Malinois à ses côtés, après l'avoir dressé nouveau pour l'adapter à la vie de famille.
Claire-Marine Selles / FTV