La ferme des Tuileries et ses dirigeants, qui élevaient 200 000 poules pondeuses à Chambly, ont été condamnés à 40 000 euros d'amende par le tribunal de Senlis pour mauvais traitements de leurs animaux. Une vidéo de l'association L214 avait précipité la fermeture de l'entreprise à l'été 2021.
Le jugement rendu ce 28 juin par le tribunal judiciaire de Senlis signe sans doute l'épilogue de "la ferme des 200 000 poules". La SCEA de la ferme des Tuileries, basée à Chambly dans l'Oise, a été condamnée à 20 000 euros d'amende, ainsi qu'à 2 000 euros pour chacune des contraventions relevées par le tribunal.
Ses deux dirigeants, reconnus coupables de mauvais traitements envers les poules pondeuses qu'il élevaient, ont écopé d'amendes de 5 000 et 3 000 euros, de 500 euros pour chacune des quatre contraventions, ainsi qu'une interdiction de détenir des animaux pendant trois ans. Le poulailler industriel comptait jusqu'à 200 000 poules.
Une affaire débutée par une vidéo
L'association de défense animale L214, partie civile lors du procès, a partagé sa satisfaction à l'annonce du jugement. Elle considère que le tribunal de Senlis a envoyé "un signal fort à la filière" grâce aux peines prononcées.
Les militants de L214 avaient pointé du doigt cet élevage en s'y infiltrant clandestinement en octobre 2020. Suite à la publication de cette vidéo choc, la préfecture de l'Oise avait constaté les mauvaises pratiques de la ferme des Tuileries fin 2020 et prononcé sa fermeture temporaire puis définitive à l'été 2021.
Vers l'interdiction de la poule en cage ?
La Commission européenne semble aller dans le sens des militants de L214. Poussé à l'été 2021 par "End The Cage Age", une initiative citoyenne européenne (ICE) forte de plus d'un million de signatures, Bruxelles a promis de construire un projet de loi d'ici fin 2023 visant à interdire progressivement l'élevage d'animaux en cage.
Méthode ancienne aujourd'hui poussée à l'échelle industrielle, l'élevage en cage permet d'amortir le coût de production d'un œuf. "C'est sûr qu'il revient moins cher à produire qu'un œuf de plein air ou un bio, acquiesce Pierrick*, à la tête d'un cheptel de près de 40 000 poules de plein air dans la région d'Amiens.
Lui a la chance de disposer d'une parcelle extérieure : ses poules y évoluent en journée et rentrent se percher dans la volière à la tombée du soir. Les 35 000 œufs que Pierrick produit par jour sont principalement destinés à la grande distribution. "Il y a une volonté d'arrêter l'élevage en cage, mais il faut des œufs pour tous les budgets. Les consommateurs ne peuvent pas se permettre d'acheter du bio. D'ailleurs, la goût et la qualité sont similaires," conclut Pierrick, qui a choisi le plein air "par amour des poules".
*Le prénom a été changé