À Beauvais, le CSE de GIMA (Groupement International de Mécanique Agricole) sera consulté le 25 novembre sur un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) visant 30 salariés en contrat de week-end. Alors que les syndicats dénoncent une concertation réduite et des propositions jugées insuffisantes, la mobilisation des salariés se poursuit, avec un piquet de grève organisé ce lundi 18 novembre matin devant l’usine.
Le 25 novembre 2024, une réunion du Comité social et économique (CSE) de GIMA (Groupement International de Mécanique Agricole), située à Beauvais, sera consacrée au Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) proposé par la direction. Ce PSE qui prévoit le licenciement de 30 salariés en contrat de week-end, suscite une vive opposition chez les syndicats et les salariés, qui dénoncent un manque de concertation et des propositions jugées insuffisantes.
GIMA, créée en 1994, est une co-entreprise (joint-venture en anglais) formée par Massey Ferguson (intégré au groupe AGCO la même année) et Renault Agriculture (racheté par CLAAS en 2003). Détenue à parts égales par AGCO et CLAAS, elle fabrique des transmissions de tracteurs (boîtes de vitesse et ponts arrière), pour réduire les coûts tout en permettant à chaque groupe de préserver son identité.
Une colère nourrie par le contexte social
Le message d'un syndicaliste, transmis le 18 novembre, met en lumière les inquiétudes et frustrations des salariés. "La direction refuse de négocier avec les organisations syndicales et passe directement par le CSE, dont l’avis n’est que consultatif. Cela revient à une application unilatérale du plan", dénonce-t-il.
Pour les salariés concernés, ce licenciement serait un coup dur, car "la majorité de ces personnes n’avaient que ce choix pour être embauchées au GIMA, en raison de leurs caractéristiques et compétences", souligne le syndicaliste. De plus, les primes de reclassement proposées par la direction sont jugées "au ras des pâquerettes".
La colère des employés s’exprime également contre le manque de soutien des élus locaux. "Quand on voit la position du maire de Beauvais et de la présidente de l’agglomération, on comprend que les salariés ne pourront pas compter sur un appui politique", déplore-t-il.
Une restructuration défendue par la direction
Un mois plus tôt, le 18 octobre, Thierry Lhotte, président d’AGCO France, s’était exprimé pour la première fois sur les restructurations en cours. S’il reconnaît "l’émotion légitime" provoquée par les suppressions d’emplois, il affirme que "rien n’est acté". "Nous sommes dans une phase de discussion constructive avec nos CCSE et CSE pour définir précisément ce projet", expliquait-il sur notre antenne.
Pour justifier ces décisions, Thierry Lhotte évoque des causes structurelles. "AGCO est un regroupement de compagnies par acquisition, et nous avons des duplications dans beaucoup de fonctions support. Ces doublons, combinés à l’effondrement de l’industrie du machinisme agricole ces dix dernières années, rendent ce projet nécessaire."
Concernant les craintes de délocalisation exprimées par les salariés, le président d’AGCO assure qu’il n’en est rien. "Nous investissons 5,4 millions d’euros au GIMA pour fournir des pièces à notre usine allemande. Il s’agit d’optimisation, pas de délocalisation."
Une réunion sous tension
La réunion du CSE du 25 novembre s’annonce cruciale pour l’avenir des salariés concernés. Mais pour les syndicats, les conditions actuelles de négociation, combinées à l’absence de soutien politique, ne laissent que peu d’espoir.
Entre une direction qui défend une restructuration "nécessaire" et des employés déterminés à protéger leurs emplois, le bras de fer social au sein de GIMA est loin d’être terminé.