TÉMOIGNAGE - Depuis le début de la guerre en Ukraine, Inna est sans nouvelles de ses fils : "S'ils se battent, je me dis qu'ils se battent pour la liberté"

Inna vit à Morienval dans l'Oise. Originaire d'Ukraine, elle n'a pas réussi à joindre ses deux fils qui vivent en Ukraine. Tous deux sont en âge d'être mobilisés pour prendre les armes contre l'armée russe.

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Au téléphone, Inna prévient qu'elle ne parle pas bien le français. Mais ce n'est pas vrai. Je comprends très vite que, si elle hésite et cherche ses mots, c'est parce qu'elle est submergée par l'émotion. Une émotion dont elle garde cependant le contrôle. Ce qu'elle raconte est souvent entrecoupé de silences. Des silences qui laissent entendre sa peur. Même si elle ne veut pas le dire.Inna vient à Morienval dans l'Oise. Arrivée en France en 2015, elle est originaire d'Ivano-Frankivsk en Ukraine où vivent encore ses deux fils, sa sœur et les deux enfants de celle-ci. 

Les fils d'Inna ont aujourd'hui 20 et 24 ans. Avant la guerre lancée par la Russie, ils étaient livreurs pour des restaurants. Aujourd'hui, Inna ne sait pas : elle n'a de nouvelles d'aucun d'eux depuis le début du conflit. "Au début des combats, j'ai eu mon plus grand fils au téléphone. La première chose qu'il m'a dite, c'est que l'aéroport de la ville avait été bombardé et qu'il était à 500 mètres quand c'est arrivé, raconte-t-elle. Le soir, quand je lui ai parlé une deuxième fois, il m'a dit qu'il réfléchissait avec son frère pour savoir ce qu'ils allaient faire. Qu'est-ce qu'ils ont décidé ? Je ne sais pas. Mes amis là-bas ne le savent pas. Ma sœur ne sait pas. Je n'ai plus de nouvelles."

En âge d'être mobilisés 

Car les fils d'Inna sont en âge d'être mobilisés et de devoir prendre les armes. Et si elle est parvenue à avoir des nouvelles de sa sœur, Inna n'arrive pas à les joindre : plus de réseau internet et pas de réponses à ses messages téléphoniques. Quand je lui demande si elle a peur pour ses fils, elle hésite, répond oui du bout des lèvres mais minimise tout de suite : "Je m'inquiète qu'ils soient blessés ou autre chose. Mais en même temps, je comprends qu'ils doivent se battre. Je m'inquiète parce que ce sont mes enfants. Mais je vois que l’armée ukrainienne se bat très fort. Tout le monde est avec nous. Et si mes fils se battent, je me dis qu'ils se battent pour la liberté de l'Ukraine et de l'Europe. (...) Ce qui me calme, c'est que Ivano-Frankivsk est dans une région où il n'y a pas beaucoup de bombardements. Je ne vais pas imaginer le pire. Qu'est-ce que ça m’apporterait ?", essaye-t-elle de se rassurer. 

Alors Inna se concentre sur l'aide qu'elle peut apporter à Ukrainiens depuis la France. Elle réfléchit. Passe des coups de fil. Essaye de récupérer des vêtements, de couvertures. Loin de son pays, elle se sent impuissante : "Je me renseigne pour savoir comment je peux aider mon peuple : envoyer de l'argent, des vêtements. Je ne sais pas comment je peux aider mais j'essaye".

"J'ai dit que je n'ai pas peur. Mais ce n'est pas vrai."

Je lui donne un numéro de téléphone pour qu'elle ait des renseignements. Je lui promets de lui envoyer les informations que la rédaction pourra glaner sur les initiatives mises en place. Je le fais. Je demande à Inna de me tenir au courant, dès qu'elle a des nouvelles de ses fils, parce que moi aussi, je suis une maman. On se dit au revoir. On raccroche.

Plusieurs minutes plus tard, je reçois un texto. C'est Inna : "J'ai dit que je n'ai pas peur. Mais ce n'est pas vrai. J'ai peur très très fort mais je ne voulais pas montrer que je ne suis pas forte. Je cache ma peur parce que ce n'est pas facile de garder le moral. Oui, j'ai peur de perdre mes fils, j'ai peur qu'ils puissent être blessés, j'ai peur que Poutine gagne et qu'il impose en Ukraine son régime de dictature. Oui, c'est horrible. Mais je vois que l'armée ukrainienne est forte, que tout le monde, même des civils, se bat. Je crois que la liberté va être en Ukraine et ça me donne la motivation pour être positive et faire ce que je peux de mon côté".

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