Un conseil communautaire explosif prive la présidente de l'agglomération du pays Noyonnais de ses délégations de signature

Il y avait de l'électricité dans l'air au conseil communautaire du pays Noyonnais, vendredi 8 septembre. Pendant quatre heures, Sandrine Dauchelle, actuelle présidente et maire de Noyon, s'est vu retirer une à une ses quarante délégations de signature. Un nouvel épisode de l'impitoyable feuilleton politique en cours depuis des mois.

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Ce conseil communautaire extraordinaire portait bien son nom. L'objectif à l'ordre du jour : la suppression des délégations de signature de sa présidente depuis 2020, Sandrine Dauchelle, également maire (LR) de Noyon. Mais celle-ci n'a pas facilité la tâche des élus de la communauté de commune ligués contre elle. 

En tout, le conseil devait se prononcer sur le retrait de quarante délégations de signature. "Madame Dauchelle nous les fait voter de façon séparée, une par une, on y passe six à sept minutes, j'ai calculé, on y passera quatre ou cinq heures" s'agace Patrick Deguise, ancien maire de Noyon (entre 2008 et 2020) et conseiller d’opposition du pays Noyonnais.

Effectivement, il aura fallu quatre heures, où les échanges tendus alternaient avec les douloureux détails de tous les services mis à mal par ces retraits de délégations, pour que finalement, la collectivité se retrouve présidée par une personne privée du droit de signer au nom de son conseil communautaire. 

"On fait ça pour me faire taire"

À l'issue de ces longs échanges, toujours conclus par des votes défavorables à son égard, Sandrine Dauchelle affiche tout de même un sourire. "Ce qui est important, c'est que je reste présidente des finances, des ressources humaines et de l'administration, souligne l'élue LR. Le retrait de ces délégations alourdit le fonctionnement de la collectivité, de l'administration. C'est la raison pour laquelle ce soir, on a essayé d'expliquer les conséquences de cet acte."

Cette longue soirée était donc nécessaire, d'après la présidente de la collectivité. Elle se dit victime d'une cabale de la part de l'ancienne majorité locale. "Quand on est arrivés dans cette collectivité, on avait des millions de dettes, des affaires judiciaires, c'est régulièrement que nous rencontrons des irrégularités. J'ai tendance à penser que l'on fait ça pour me faire taire. Toutes les délégations en lien avec les actions en justice, ils sont bien contents d'avoir la main dessus, ça veut bien dire qu'ils ont des choses à se reprocher, des choses à cacher" affirme Sandrine Dauchelle. 

Les accusations sont graves. Ce qui est certain, c'est que l'élue a hérité d'une situation financière déplorable, pointée du doigt par un rapport de la Cour des comptes des Hauts-de-France en 2018, du temps de son prédécesseur Patrick Deguise. La collectivité a par ailleurs fait l'objet de plusieurs avis de contrôles budgétaires de la part de la Cour des comptes ces derniers mois. Sandrine Dauchelle s'est aussi mis à dos une part non négligeable des élus de sa collectivité. Le 14 octobre dernier, six vice-présidents de l'agglomération ont ainsi démissionné du conseil communautaire

Guerre des clans 

Pour comprendre l'envenimement de la situation, il faut connaître le contexte politique du pays Noyonnais. La communauté de communes a été dirigée pendant douze ans (de 2008 à 2020) par Patrick Deguise, maire PS de Noyon ayant ensuite rejoint le parti présidentiel LREM. Sandrine Dauchelle accuse les anciens vice-présidents de Patrich Deguise de mener la fronde contre elle.

"On en est là car Mr Delavenne, ancien vice-président de "l'ère Deguise", comme on dit, veut revenir sur le devant de la scène et a fait tout ceci" déplore Sandrine Dauchelle. Pour elle, sa mise en difficulté est directement causée par l'approche des élections municipales de 2026 et donc, la course à la mairie de Noyon. 

"Elle dit à tout le monde que je menace les maires, que je fais du chantage, mais même à bulletin secret, les votes montrent qu'il n'y a plus que trois maires qui la soutiennent, se défend Thibault Delavenne, maire (SE) de Guiscard et conseiller départemental de l'Oise. On voulait le faire pour qu'elle comprenne que l'on souhaitait son départ, mais elle a dit qu'elle conservait ses présidences. Je vais lui envoyer une nouvelle lettre pour transférer ses compétences au conseil communautaire."

Cela priverait définitivement la présidente de l'agglomération de son pouvoir d'agir. En effet, ce qu'implique pour l'instant le retrait des délégations de signature, c'est que le conseil communautaire devra se réunir pour voter sur toutes les décisions pour lesquelles la présidente signe normalement en son nom, même les plus minimes. Une situation intenable, c'est peut-être le seul point sur lequel tous les partis s'accordent.

Patrick Deguise confirme donc la menace qui pèse sur Sandrine Dauchelle et l'orientation des prochaines actions de l'opposition : "Il va falloir reconvoquer une séance extraordinaire où Mme Dauchelle devra passer l'intégralité de l'ordre du jour et là, il faudra transférer ses délégations au bureau communautaire et pourquoi pas, lui retirer ses indemnités."

Ce long conseil du 8 novembre n'est donc pas le dernier épisode de l'incroyable feuilleton politique qui se déroule à la mairie de Noyon et à la communauté de commune du pays Noyonnais depuis l'élection de Sandrine Dauchelle en 2021. Une enquête sur de possibles détournements de fonds et usages de faux à la mairie de Noyon est en cours, concernant l'actuelle mandature. Les politiques se déchirent et se trahissent, les administrés, eux, voient se paralyser lentement leurs institutions locales. 

Avec Dounia Sirri-Ourad / FTV

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