Constatant une explosion du nombre d'instructions disciplinaires, le district de football de la Somme a annoncé mercredi 6 novembre qu'aucun des entraînements et des rencontres prévus les 9, 10 et 11 novembre 2024 n'auraient lieu. Une décision qui a suscité beaucoup de critiques sur les réseaux sociaux.
La plupart des terrains de football seront silencieux ce week-end dans la Somme. Le Disctrict a annulé tous les matchs et les entraînements sous son autorité prévus du 9 au 11 novembre pour alerter sur les nombreux incidents constatés depuis le début de la saison le 6 septembre dernier.
Colère sur les réseaux sociaux
Sur la page Facebook du District de la Somme, les avis sont partagés. Une internaute salue une "bonne décision, la pratique du football en D5 Somme est très difficile, entre brimade, propos racistes des joueurs, des entraîneurs, dirigeants. La violence physique et verbale n’a rien à faire dans les stades".
Mais beaucoup expriment leur colère contre le caractère général de l'annulation : "Super la punition collective ! (...) Merci de punir nos enfants ce week-end en les privant de leur passion", dénonce l'auteur d'un commentaire sous le post Facebook du District de la Somme, quand un autre préfèrerait qu'il s'attaque "avec des sanctions fermes sur les personnes concernées".
Des incidents dans toutes les catégories
"Ça m'embête de prendre cette décision. Mais on veut une prise de conscience. S'il faut attendre un mort ou des voitures brûlées comme en Occitanie, ce sera trop tard", assume Pascal Tranquille, président du District de football de la Somme.
Par ailleurs pilote "incivilités" à la Ligue des Hauts-de-France, Pascal Tranquille appuie son inquiétude sur les chiffres de la commission de discipline : dix-sept dossiers ont été instruits en deux mois contre seulement huit la saison passée. Plus effrayant encore, le District de la Somme révèle que toutes les catégories, des U9 aux vétérans, "sont impactés par des comportements déviants". Le week-end du 1er novembre, quarante-trois exclusions et 437 avertissements ont été comptabilisés.
Et la situation pourrait être sous-évaluée. "On a des remontées chaque week-end, plus ou moins directes. [Vendredi] matin, j'ai reçu une lettre d'une maman qui a déposé plainte, car son fils en U13 a été giflée par un dirigeant de club qui officiait comme arbitre assistant. Ce fait n'avait pas été signalé sur la feuille de match informatisée", affirme Pascal Tranquille.
Des parents "plus compliqués qu'avant"
Jean-Louis Cherifi, président de l'US Flesselles, soutient l'annulation : "C'est justifié, il y a beaucoup de problèmes. Je fais partie de la commission d'appel de discipline et on voit des cas concernant des joueurs de plus en plus jeunes, c'est alarmant. Avant c'étaient des adolescents de 17 ou 18 ans, maintenant, il y en a des catégories U7 à U11. Même si dans ces cas-là, ce sont souvent des parents qui posent problème".
En effet, les incivilités n'ont pas uniquement lieu sur le terrain. "Les parents sont plus compliqués qu'avant (...), ils contestent les décisions de l'arbitre ou de l'entraineur", constate Thomas Bertin, ancien président du R.C. Doullens, qui s'inquiète du nombre grandissant de "projets M'Bappé", ces enfants vus comme des poules aux œufs d'or et conditionnés à devenir des champions par leurs parents.
1 000 euros d'amende en cas de match joué
Cette violence physique ou verbale ne serait, selon tous ces dirigeants, que l'extension des dérives de la société. "Aujourd'hui, les gens viennent dans une enceinte sportive pour régler d'autres problèmes. S'ils ne veulent pas jouer au football, qu'ils ne viennent pas jouer !", s'agace Pascal Tranquille.
Ce week-end, des contrôles auront lieu pour s'assurer de la bonne application de la décision du District. Les clubs qui organiseraient des matchs ou des entraînements s'exposent à une amende de 1 000 euros.
Puisque rien ne remplace la pédagogie, Pascal Tranquille a prévu de prendre "un quart d'heure mercredi prochain à la fin de l'entraînement" de ses U7 du SC Abbeville pour leur expliquer pourquoi ils ont dû subir un week-end sans foot.