Une mairie et une pharmacie victimes de malfaçons : "les toilettes n'étaient même pas reliées au tout-à-l'égout"

Un immeuble de Laigneville, livré neuf il y a dix ans, constate de plus en plus de malfaçons. Une mairie, une pharmacie et des logements sont hébergés dans le même bâtiment humide et défectueux. Excédés par ces conditions de vie, les occupants exigent du changement.

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À Laigneville, dans l'Oise, la mairie et la pharmacie auront bientôt les pieds dans l'eau. Leur bâtiment édifié en 2015 laisse passer la pluie et ne cesse de se détériorer depuis dix ans. Il est aujourd'hui tapissé de moisissures, les faux plafonds s'effondrent. Ses occupants sont excédés.

"Conserver des médicaments dans un local humide, ce n’est pas optimal", euphémise Julien Girault, le pharmacien. "Heureusement que j’arrive à trouver des solutions pour ne pas créer de problèmes au niveau des médicaments, mais s'il y a un gros orage et une coupure d’électricité, tout est noyé. Il suffit d'un petit souci et tout mon stock est foutu en l’air".

Trouver des solutions temporaires

Parmi les solutions qu'il a trouvées : la protection des murs, l'installation de pompes à eau et de récupérateurs d'humidité. Ces derniers sont au nombre de cinq. Le pharmacien doit changer ces grands bacs tous les quinze jours. L'humidité laisse carrément place à des ruissellements d'eau les jours de mauvais temps. Malgré toutes ces précautions, la moisissure gagne du terrain dans la pharmacie comme dans la mairie.

Christophe Dietrich, le maire de Laigneville, lui, mise sur une autre stratégie. Il pense déjà à l'après : "La salle de repos du personnel est complètement inutilisable. Les faux plafonds ont commencé à tomber et puis il y a des champignons partout. Et regardez l’état de la chaudière. C’est un miracle que ça fonctionne encore. On a laissé les choses telles quelles pour que les assurances puissent se rendre compte de la vitesse à laquelle le désordre s’accentue".

Les assurances sont déjà passées plusieurs fois selon lui, mais rien ne change. Plusieurs acteurs se rejettent la responsabilité : "Ça fait dix ans que je me bats avec les différents locataires et la pharmacie à côté pour faire reconnaître le désordre. Tout le monde nous dit qu’il y a un désordre inacceptable, mais personne ne bouge. Pour faire bouger les choses, il fait porter des accusations franches et directes, alors je le fais sans aucun problème parce que nous avons les preuves.", assure l'édile.

Promoteur et syndic se renvoient la balle

Le maire attaque d'abord le promoteur immobilier : "Pour vous dire à quel point les choses n’avaient pas été faites, même les toilettes de la mairie n’étaient pas reliées au tout-à-l'égout. Ça dépassait largement le cadre de la garantie décennale, on était dans la malfaçon, voire dans l’escroquerie. Monsieur Edouard Denis est un piètre promoteur, par contre, c’est un très bon pisciniste. Si vous avez une piscine, appelez-le. Il n’y a pas de problème." Le promoteur n'a pas répondu à nos sollicitations.

Le syndic, lui aussi mis en cause, se dit "pleinement mobilisé". Il a déclaré dans un communiqué : "Foncia a assigné en justice l’assureur, le 16 juin 2023 afin de mandater un expert judiciaire, pour constater les malfaçons, mais aussi en déterminer les causes et les responsabilités afin de pouvoir mettre en œuvre les moyens nécessaires pour y remédier. (...) À ce stade, Foncia est dans l’attente du rapport de l’expert judiciaire mandaté. C’est celui-ci qui permettra de déterminer le montant de prise en charge des travaux et ainsi en informer les copropriétaires."

Déménager : l'ultime recours ?

Excédé par les lenteurs de la procédure, Christophe Dietrich s'agace : "Je suis fatigué parce qu’une fois sur deux quand on fait un mariage ou un conseil, on est d’abord obligé d’éponger pendant une heure à l’aspirateur à eau. Et puis, il y a une nonchalance générale qui me fatigue."

Ce qui l'inquiète par-dessus tout, c'est la santé de ses salariés : "J’ai du personnel fragile. Les deux personnes qui travaillent à l’accueil ont des incapacités pulmonaires, et si je continue, soit je vais les perdre, soit je serai en incapacité d’ouvrir l’accueil de la mairie".

En attendant d'éventuels dédommagements ainsi que des travaux de réhabilitation, dix logements de l'immeuble ne sont pas reloués. Face à ces difficultés, le maire évoque même la possibilité de déménager.

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