Cela fait près de deux ans que les habitants de la résidence Porte des Flandres, située au nord d’Amiens, subissent des coupures d’eau chaude et de chauffage. Six mois après notre premier reportage, la situation n’a pas évolué. Le bailleur social, de son côté, apporte des explications, mais pas de solution.
Mimouna vit dans un appartement d’une tour Balzac, située dans le quartier du Pigeonnier, au nord d’Amiens. Depuis deux ans, le chauffage et l’eau chaude sont régulièrement coupés. Au mois d’avril dernier, elle avait déjà alerté les médias sur sa situation, qui concerne plusieurs locataires de la résidence.
Des chauffages d'appoint comme alternative
Six mois plus tard, ce lundi 21 octobre, elle nous convie, à nouveau, chez elle pour constater les défaillances. "Depuis deux ans que ça dure et rien n’a changé. On est gelés, on a très froid. Ils [Le bailleur social, Amsom Habitat] nous disent, depuis l’année dernière, que c’est bientôt réglé, mais rien ne bouge", explique cette locataire, qui doit mettre en place elle-même des solutions.
On est tous obligés de porter de grosses polaires à la maison, de dormir en pantalon et chaussettes. C’est invivable !
Mimouna, locataire d'une tour Balzac
Elle nous montre le radiateur électrique qu’elle a posé et branché dans son couloir. "Je le mets à l’entrée des chambres des enfants le soir pour qu’ils n’aient pas trop froid. On est tous obligés de porter de grosses polaires à la maison, de dormir en pantalon et chaussettes. C’est invivable !", témoigne cette mère de famille. Ce chauffage d’appoint, indispensable, selon elle, pour continuer à vivre dans son appartement, entraîne un surcoût de consommation. Ses factures sont passées de 45 € par mois à 66 €.
Même constat chez Mélodie, une voisine. "Là, le chauffage est froid. Un coup ça vient, un coup ça part," observe-t-elle. Elle aussi, doit s’organiser, depuis de longs mois, avec ses quatre enfants. Elle nous emmène dans la salle de bain et lorsqu’elle ouvre le robinet, seul un filet d’eau coule. "Pour se laver, on fait chauffer la bouilloire à chaque bain et je gère avec l’eau courante. C’est épuisant à la longue. Mes enfants tombent malades à la maison. Ce n’est pas normal de vivre comme ça. Ça fait bientôt deux ans que ça dure", insiste Mélodie, qui déplore le manque d’information du bailleur social. "On est averti au dernier moment ou pas du tout. Pour le chauffage, ils ne nous donnent aucune explication. On s’en rend compte nous-même. C’est la moindre des choses de nous prévenir. On paie les charges qui ont augmenté et notre loyer."
Des informations au compte-goutte
Dans le hall d’entrée, une affiche indique qu’un "nouveau système de producteur d’eau chaude sanitaire" est en cours d’installation et qu’"une coupure temporaire d’eau chaude aura lieu lundi 21 et mardi 22 octobre." D’après Mimouna, cette information vient d’être affichée de manière opportuniste par le bailleur social. "Ils savaient que vous, les journalistes, vous viendriez ce matin, alors ils ont donné l’information aux habitants. Mais nous ne sommes jamais prévenus des coupures. Il faut que nous appelions pour obtenir des infos quand la coupure est en cours. Ils se foutent de nous. Quand j’ai appelé la secrétaire l’année dernière pour signaler une coupure et me plaindre, elle m’a répondu : 'C’est pas mal déjà, vous avez un toit sur la tête'. Mais on n’est pas des animaux", s’agace Mimouna.
Une réponse incomplète
Afin de comprendre le problème, nous avons envoyé plusieurs questions par mail à Amsom Habitat. Pourquoi ces coupures persistent-elles depuis deux ans ? Une compensation des charges sur l’eau chaude et le chauffage est-elle prévue ? Et quelle est la raison de cette panne ?
Le bailleur nous a répondu par un communiqué, mais n’a retenu que la dernière question. Il évoque une fuite d’eau constatée en juin 2024, qui a nécessité des travaux et divers problèmes et insuffisances, à la suite des réparations effectuées l’hiver dernier. "Nous avons donc fait le choix de remplacer intégralement les canalisations d’eau chaude sanitaires des tours 2 et 4 Balzac […] Des complications supplémentaires ont néanmoins surgi en raison d’un délai d’approvisionnement", précise le communiqué, qui ajoute : "À chaque étape, nos locataires ont été informés des coupures à venir."
Ce sont des promesses en l’air. Cela fait près de deux ans que le problème doit être réglé.
Mimouna, locataire de la tour Balzac
Joint par téléphone, Amsom Habitat nous assure d’un retour à la normale au cours de la semaine.
Les habitants, toujours concernés par ces coupures d’énergie, sont, eux, sceptiques. "Ce sont des promesses en l’air. Cela fait près de deux ans que le problème doit être réglé", se désespère Mimouna qui refuse de baisser les bras. "Je ne laisserai pas tomber. On va se renseigner auprès d’un huissier pour geler nos loyers. Il n’est pas normal de continuer à payer des charges pour un service que l’on n’a pas."