Après le meurtre d'une conseillère Pôle Emploi dans la Drôme jeudi 28 janvier, la parole des agents se libère sur la hausse des incivilités et agressions dans les agences. Véronique Bleuse, conseillère et déléguée CGT des Hauts-de-France, raconte la crainte de ses collègues de reprendre le travail.
Fermées vendredi après le meurtre d'une conseillère Pôle Emploi dans la Drôme, les 900 agences françaises rouvrent lundi 1er février. Mais pour certains salariés encore sous le choc, le retour en agence "va être compliqué", estime Véronique Bleuse, déléguée CGT des Hauts-de-France et conseillère à Margny-les-Compiègne dans l'Oise.
"Une collègue était en pleurs parce qu'elle ne se sentait pas de retourner seule à l'accueil lundi", confie-t-elle. On ne pensait pas faire un boulot qui pouvait tuer."
Des agressions quotidiennes
La fermeture vendredi 29 janvier a permis un temps d'échange entre les agents, "comme on n'en avait pas eu depuis longtemps", souffle Véronique Bleuse. Chacun a pu exprimer son chagrin, sa colère, mais aussi revenir sur des situations d'agressions qu'ils rencontrent au quotidien.
On s’est rendu compte que chacun d’entre nous avait vécu des situations, pas aussi graves bien sûr, mais qui les avaient mis en détresse. Ça a fait remonter plein de souvenirs : des incivilités voire des agressions plus importantes, orales ou physiques.
"On s’est rendu compte que chacun d’entre nous avait vécu des situations, pas aussi graves bien sûr, mais qui les avaient mis en détresse. Ça a fait remonter plein de souvenirs : des incivilités voire des agressions plus importantes, orales ou physiques, raconte la déléguée syndicale. Elles existent depuis un moment et elles se sont renforcées."
Un phénomène en augmentation et pourtant presque tu. "On n'en parle pas forcément d'habitude, on prend sur soi, poursuit la conseillère, elle-même régulièrement insultée. Ce drame nous a fait prendre conscience qu'il faut que tout soit signalé. Tout."
Des vigiles ? Une fausse bonne idée
Certaines agences réclament la mise en place de vigiles aux entrées. Mais l'idée est loin d'être une réponse au problème, estime Véronique Bleuse. "C'est toujours temporaire. Après quand ils s'en vont, comment on fait ?"
Il faut arriver à traiter ces situations avant qu’elles ne soient désespérées.
Pour elle, la solution se trouve bien en amont. "On a besoin de plus d'effectifs à l'accueil et pour traiter les dossiers d'indemnisations. C’est sur cet aspect-là qu’il y a le plus d’instatisfaction et ça peut se comprendre. C’est angoissant pour quelqu'un de ne pas savoir si il va être payé ou pas. Et ensuite s'il va pouvoir payer son loyer, nourrir les enfants... Il faut arriver à traiter ces situations avant qu’elles ne soient désespérées", développe Véronique Bleuse.
La déléguée syndicale espère que la direction leur octroiera rapidement ces moyens supplémentaires. Les agents Pôle Emploi craignent que ces tensions ne s'accentuent au regard de la crise actuelle.