Un millier de géocacheurs étaient réunis en ce premier week-end de juin à Vimy, dans le Pas-de-Calais, pour participer à un méga-event, c'est-à-dire un rassemblement de plus de 300 personnes, toutes férues de géocaching. Cette activité, à mi-chemin entre randonnée et chasse au trésor, mêle convivialité et découverte du patrimoine.
Si en vous promenant aux abords de la commune de Vimy, dans le Pas-de-Calais, vous avez aperçu des randonneurs accroupis, fouillant dans des plantes ou retournant des cailloux, pas d'inquiétude. Il s'agit d'un comportement tout à fait normal pour des géocacheurs, ces personnes qui pratiquent une activité encore méconnue, le géocaching.
À mi-chemin entre la randonnée, la course d'orientation et la chasse au trésor, ce hobby consiste à retrouver des "caches", des boîtes plus ou moins grandes dispersées dans la nature, à partir de simples coordonnées GPS retrouvées sur le site Géocaching.com. À l'intérieur des plus grosses caches, des objets à troquer peuvent avoir été déposés : en prendre un signifie en laisser autre pour les suivants. Là est tout l'esprit de cette chasse au trésor participative, qui ne nécessite pas de carte, mais d'un simple smartphone.
1000 personnes venues de toute l'Europe
Ce loisir peut se pratiquer seul, en groupe ou en famille, et permet souvent de faire des rencontres. Les géocacheurs réellement impliqués finissent généralement par se connaître, se rencontrant au fil de leurs promenades ou lors "d'events", des rassemblements où ils peuvent se retrouver et partager leurs aventures.
Ce week-end, un "mega-event" - une réunion qui rassemble au moins 300 personnes - était organisé à Vimy, sur le thème de la Première Guerre mondiale. Pendant 72 heures, du vendredi 31 mai au dimanche 2 juin 2024, plus d'un millier de personnes se sont retrouvées pour chercher les 500 caches que les organisateurs ont dispersées sur le site spécialement pour l'évènement.
Parce que oui, ces rassemblements de géocaching servent surtout à assouvir sa soif de chasse au trésor. Certains sont venus de loin pour découvrir ces boîtes : des représentants de Marseille, de Bordeaux, de Bretagne, de Belgique, d'Angleterre ou même des Pays-Bas ont fait le déplacement en caravane, ou en réservant des hôtels et campings à proximité pour passer la nuit.
Passer du temps entre amis
Les quatre organisateurs ne s'attendaient pas à recevoir autant de monde, mais en huit mois d'organisation, elles et ils avaient heureusement prévu le coup. "On est des habitués de méga-events, en tant que participants mais aussi comme organisateurs. L'année dernière, on en avait organisé un à Oignies sur le thème du charbon et déjà plusieurs centaines de personnes étaient venues." Anthony est l'une des têtes pensantes du "méga". Professeur d'histoire, passé 17 heures, le jeune papa revêt ses chaussures de marche pour devenir géocacheur.
On boit un coup, on goûte des spécialités que chacun a ramené de sa région. Ce week-end des gens n'ont même pas cherché de cache et ont passé leur temps à manger du fromage par exemple.
Anthony, géocacheur
Il fait partie d'un des groupes de géocacheurs qui organise le plus de grands events dans la région. Grâce aux bénéfices collectés lors des rencontres précédentes, en vendant des boissons, de la petite restauration ou des goodies, les organisateurs peuvent créer les futurs events. Évidemment, pas question de profit ici, tout l'argent récolté est réinjecté dans les prochains projets, sur un modèle économique associatif.
C'est donc en fin connaisseur que "Tony" explique l'engouement autour des events. Pour lui, il y a deux grandes raisons, tout d'abord "beaucoup de nouvelles caches sortent, donc les participants en profitent pour faire des grands circuits", c'est l'occasion pour les compétiteurs d'améliorer leur score en découvrant de nouvelles caches.
Et puis ce type de rendez-vous crée des rapprochements : "On boit un coup, on goûte des spécialités que chacun a ramenées de sa région. Ce week-end, des gens n'ont même pas cherché de cache et ont passé leur temps à manger du fromage par exemple", plaisante Anthony. "Et puis à force on se reconnaît. On croise des têtes qu'on a déjà vues à d'autres events, les gens s’entraident sur des énigmes ; des activités et des amitiés se lient."
Le Pas-de-Calais différemment
Au-delà du géocaching pur et dur, le méga organisé par Anthony et ses camarades visait également à découvrir l'histoire de la commune de Vimy, haut lieu de la Première Guerre mondiale dans le Pas-de-Calais.
Avec ces ateliers thématiques, ces découvertes sur notre patrimoine, on sort du cliché des alcooliques, des chômeurs, de cette image noire accolée à notre territoire, qui peut être magnifique et surprenant.
Anthony, géocacheur
Avec l'office de tourisme de Lens, les géocacheurs ont pu visiter la Nécropole de Notre Dame de Lorette, découvrir la vie des poilus dans les tranchées, se rendre à l'Anneau de la mémoire, visiter des cimetières anglais... Bref, faire un grand tour d'horizon des sites historiques à ne pas manquer lors d'un passage dans le département.
"En général, les participants aiment bien tout ce qui est patrimoine, ça donne de l’intérêt aux visites. Surtout pour ceux d'autres régions ou d'autres pays, qui découvrent totalement notre passé, souligne Anthony. Nous, on ne fait plus attention aux cimetières britanniques par exemple, eux sont vraiment étonnés par l’ampleur des destructions et des traces qu'il y a encore 100 ans après."
Nous, on ne fait plus attention aux cimetières britanniques par exemple, eux sont vraiment étonnés par l’ampleur des destructions et des traces qu'il y a encore 100 ans après.
Anthony
Car ce professeur d'histoire a un objectif secret : participer à changer le regard porté sur la région Hauts-de-France et en particulier sur le Bassin minier. "Avec ces ateliers thématiques, ces découvertes sur notre patrimoine, on sort du cliché des alcooliques, des chômeurs, de cette image noire accolée à notre territoire, qui peut être magnifique et surprenant."