Affaire Emilie : ce qu'il faut savoir du procès en appel d'un père pour tentative d'assassinat sur sa fille

En janvier 2020, Jean-Philippe Caux avait placé deux bidons d'essence dans sa voiture, avant de foncer dans un pylône à 95 km/h, accompagné de sa fille Emilie, 8 ans. La fillette s'en est sortie de justesse, avec de très lourdes séquelles. Condamné à 30 ans de prison pour tentative d'assassinat en octobre 2022, Jean-Philippe Caux avait fait appel. Son nouveau procès s'ouvre ce 21 mai 2024 à Douai.

Plus de quatre ans après les faits, le procès en appel de Jean-Philippe Caux a débuté ce 21 mai 2024 à la Cour d'appel de Douai. Cet habitant du Pas-de-Calais est accusé de tentative d'assassinat sur sa fille Emilie, 8 ans au moment de l'accident.

Pendant quatre jours, la cour va tâcher de démêler la vérité dans cette sombre affaire, pour laquelle le père a été condamné à 30 ans de prison en première instance. Stéphanie, la mère d'Emilie, est présente à Douai ce mardi, accompagnée de son fils Kentin et de son compagnon. Sa fille ne se rendra pas à ce nouveau volet du procès. "Elle est en fauteuil et incontinente donc je ne peux pas la laisser comme ça dans une Cour d'assises. Je préfère aussi la protéger de ce spectacle", livre la maman.

"Je veux fermer cette page judiciaire"

Avant d'entrer dans la salle d'audience, Stéphanie est très tendue. Forcément ses pensées vont vers sa fille, consciente de l'enjeu qui se trame aujourd'hui. "C'est une journée très difficile pour moi, mais pour Emilie c'est aussi très dur. Aujourd'hui ça ne va pas. Je l'ai eue au téléphone et elle pleure beaucoup parce qu'elle sait où je suis."

De ce nouveau procès, Stéphanie n'attend pas grand-chose. Elle a appris que son ex-conjoint nie de nouveau la culpabilité. Selon Me Alexandre Braud, avocat de Jean-Philippe Caux, son client espère que sa culpabilité "soit lavée" et que son honneur "soit rétabli", "puisqu'il a toujours crié son innocence". "Il explique avoir déjà pris perpétuité dans son cœur (...). La peine il s'en fiche un peu, ce qui compte c'est que la vérité soit établie sur l'accident, qui est un accident et pas autre chose."

Il explique avoir déjà pris perpétuité dans son cœur (...). La peine il s'en fiche un peu, ce qui compte c'est que la vérité soit établie sur l'accident, qui est un accident et pas autre chose.

Alexandre Braud, avocat de Jean-Philippe Caux

Stéphanie le mentionne elle-même : "Il n'avouera pas, ou alors ce sera un coup de théâtre". D'ailleurs, ce que la Nordiste - désormais installée en Corse - attend par-dessus tout, ce ne sont finalement pas les peines. Mais de pouvoir quitter la Cour d'appel vendredi, pour ne plus jamais remettre les pieds dans un tribunal.

"Je ne pourrai pas oublier les évènements. Mais j'espère que cette fois-ci ce soit terminé, je veux fermer cette page judiciaire, me concentrer intégralement à Emilie et ne plus revivre les détails."

Je ne pourrai pas oublier les évènements. Mais j'espère que cette fois-ci ce soit terminé, je veux fermer cette page judiciaire et me concentrer intégralement à Emilie et ne plus revivre les détails.

Stéphanie, mère d'Emilie

Deux bidons d'essence placés dans la voiture

Les faits remontent au 19 janvier 2020. Jean-Philippe Caux rentre chez lui en voiture, accompagné de sa fille. Sur une petite route entre Mazingarbe et Grenay, le Nordiste appuie sur l'accélérateur et fonce dans un pylône à 95 km/h. Selon les experts, cette route était pourtant limitée à 30 km/h.

Avant de prendre la route, le père d'Emilie avait préalablement placé deux bidons d'essence dans l'habitacle du véhicule, qui s'est alors embrasé immédiatement après l'impact. Sorti de justesse de véhicule, Jean-Philippe Caux s'en est sorti avec quelques brûlures. Mais ce n'est pas le cas de sa fille de 8 ans, sauvée des flammes par un passant et grièvement brûlée.

Placée en coma artificiel au centre hospitalier de Lille, la fillette a survécu au terrible accident, visiblement prémédité, mais pas sans séquelles. Malgré plusieurs greffes de peau, Emilie souffre toujours de larges brûlures sur l'ensemble de son corps et, à 14 ans, demeure entièrement dépendante de sa mère.

► À lire aussi : Assises de Saint-Omer : 30 ans de réclusion pour le père de la petite Emilie, qu'il avait voulu assassiner

La perpétuité en 2022

Le premier volet de cette affaire s'était déroulé à Saint Omer en octobre 2022. La cour d'assises avait alors suivi la demande de perpétuité requise par l'avocat général, en condamnant Jean-Philippe Caux à 30 ans de prison avec une peine de sûreté de 20 ans et retrait de l'autorité parentale.

La Cour l'avait donc reconnu coupable de la tentative de meurtre sur sa fille, estimant qu'il avait sciemment foncé à 95km/h dans ce pylône. La présence des deux bidons d'essence attestant une préméditation. Selon l'avocat général, l'acte de Jean-Philippe Caux était porté par un désir de vengeance à l'égard de son ex-femme, mère d'Emilie, dont l'accusé était en train de se séparer.

Un verdict que Stéphanie, fébrile après plusieurs jours de procès, avait salué : "La justice lui a enfin été rendue après trois ans de combats, trois ans de souffrance...  La perpétuité c'est ce que je voulais parce qu'Emilie a pris la perpétuité jusqu'à la fin de sa vie."

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